Rodrigo Duterte n'a jamais caché qu’il était prêt à s’opposer aux institutions établies aux Philippines, y compris l’Eglise. (photo: www.inusanews.com)
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Philippines: par ses insinuations, le président Duterte 'assassine' le Père Ventura une deuxième fois

Les évêques catholiques des Philippines ont condamné «les rumeurs infondées et les insinuations malveillantes» diffusées par le président Rodrigo Duterte sur le mobile de l’assassinat d’un prêtre dans le nord du pays le 29 avril 2018. Selon le président philippin, le prêtre était l’amant de pas moins de huit femmes mariées. Et un des maris pourrait être son assassin.

Le Père Mark Anthony Ventura, 37 ans, a été tué par balle le 29 avril dernier après avoir dit la messe dans la ville de Gattaran, au nord des Philippines, dans la province de Cagayan. La police a indiqué qu’un tireur solitaire avait tiré deux fois sur le prêtre.

Le 20 mai, lors d’un meeting politique dans la province de Cebu, le président Duterte a présenté une liste d’affaires dans laquelle le prêtre était censé être impliqué, rapporte l’agence catholique ucanews. Il a exhibé une photo du Père Ventura et de huit femmes en expliquant qu’elles étaient mariées notamment à un maire adjoint, à un policier, à un militaire et à un homme d’affaires. Il a ajouté que l’un des maris pourrait être à l’origine du meurtre.

Les ‘fake news’ dévorent l’âme du pays

Mgr Pablo Virgilio David, évêque de Kalookan, a vivement condamné les propos du président, affirmant que le Père Ventura avait été ‘assassiné une deuxième fois’ par les insinuations de Duterte. Le prélat a demandé au clergé de sonner les cloches des églises du 23 mai au 31 mai  pour «appeler les fidèles à la prière pour le second meurtre du Père Ventura».

De son côté, Mgr Socrates Villegas, archevêque de Lingayen-Dagupan, ancien président de la conférence épiscopale des Philippines, a mis en garde contre les «forces anti-chrétiennes» qui secouent les valeurs catholiques jusqu’à la base. Il a souligné que la diffusion de «fake news», les meurtres liés à la drogue et la vulgarité étaient des «maux sociaux qui dévorent lentement l’âme nationale». Selon lui, le langage vulgaire du président Duterte déshonore les femmes du pays.

Calomnier une personne disparue, qui ne peut plus se défendre, c’est ajouter une douleur inconsidérée à ceux qu’elle a laissés derrière elle. En outre, excuser un meurtre en raison de l’immoralité présumée de la victime est inacceptable, a-t-il conclu.(cath.ch/ucanews/mp)

Rodrigo Duterte n'a jamais caché qu’il était prêt à s’opposer aux institutions établies aux Philippines, y compris l’Eglise. (photo: www.inusanews.com)
24 mai 2018 | 12:24
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
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