Dans le fief des musulmans séparatistes
Philippines: Un missionnaire belge enlevé dans l’île de Mindanao
Bruxelles, 18 novembre 1997 (APIC) Le Père Bernard Maes, un scheutiste belge de 53 ans, a été enlevé mardi matin dans l’île de Mindanao aux Philippines. Le religieux rentrait d’une rencontre où des missionnaires de l’île avaient entendu le témoignage d’un prêtre irlandais enlevé le 2 novembre et récemment libéré.
Le Père Bernard Maes est aux Philippines depuis 1970. Depuis une dizaine d’années, il travaillait en milieu musulman au Mindanao, dans le sud du pays. Le religieux belge rentrait d’Iligan où, avec d’autres missionnaires, il avait fêté les retrouvailles et entendu le témoignage du P. Desmond Hartford (Irlande), administrateur apostolique de la prélature territotiale de Marawi, récemment libéré par ses ravisseurs. Le P. Maes, qui travaille dans ce diocèse, a été enlevé à son retour à Marawi mardi à 8 h (heure locale).
Si on ignore l’identité des ravisseurs du P. Maes et les motifs de leur geste, on sait que les archipels des Sulu et de Mindanao sont sous la coupe de «rebelles musulmans» en lutte contre les autorités «catholiques» de Manille. En février dernier, Mgr Benjamin D. de Jesus, un oblat de 56 ans, qui était depuis 1991 évêque de Jolo (Sulu), était abattu en pleine rue. A Jolo, l’assassinat fut mis sur le compte du groupe musulman dissident d’Abu Sayyaf, bien implanté dans la province de Sulu, une région située au sud de Mindanao, fief de la rébellion séparatiste musulmane du Front Moro de libération nationale (FMLN).
25 ans de conflits, 50’000 morts
Les musulmans séparatistes du sud luttent depuis 25 ans pour leur indépendance et plus de 50.000 personnes ont déjà perdu la vie dans ce conflit. En août 1996, le Front Moro de libération nationale a signé un accord de paix avec les autorités philippines. Un groupe dissident, le Front Moro islamique de libération (FMNL), a fait de même fin janvier dernier. En revanche, le groupe extrémiste d’Abu Sayyaf (qui n’est pas membre du FMLN) est resté très actif. Il s’est livré ces dernières années à de nombreux assassinats, enlèvements et attentats contre des lieux de culte chrétiens. Le P. Hartford avait été enlevé par les rebelles musulmans du Front de libération moro, qui ont justifié leur action en réponse aux promesses non tenues du gouvernement philippin.
Ces dernières années, Bernard Maes s’est mis au service de la prélature de Marawi, d’abord seul, puis avec un confrère scheutiste indonésien. Il est curé de la paroisse de San Isidoro à Cotabato. S’il était conscient de se trouver dans une zone à hauts risques, le religieux était bien décidé à rester sur place. Il avait d’ailleurs d’excellentes relations avec les musulmans – ce qui en faisait sans doute une cible pour les rebelles.
En visite à Rome en septembre 1996, 22 évêques des îles de Mindanao et de Luzon avaient évoqué devant le pape la situation dans le sud des Philippines. Ils lui avaient expliqué que l’accord conclu entre le gouvernement de Manille et les musulmans du Front Moro de libération nationale était loin de satisfaire la population catholique et avait «provoqué des réactions de haine, le ressentiment et l’hostilité de la part de la population chrétienne de cette région», avait déclaré l’archevêque de Zamboanga, Mgr Morelos. (apic/cip/mp)