Etats-Unis: L'archidiocèse de Milwaukee publie 7'000 pages documentant les abus sexuels
Photos et dossiers des prêtres abuseurs accessibles sur internet
Milwaukee, 2 juillet 2013 (Apic) L’archidiocèse catholique de Milwaukee, dans l’Etat américain du Wisconsin, publie depuis le 1er juillet sur son site internet (www.archmil.org) entre 6’000 et 7’000 pages de documentation concernant les abus sexuels commis par des membres du clergé dans cet archidiocèse du Midwest. Son évêque, Mgr Jerome E. Listecki, espère qu’un chapitre dans l’histoire de l’Eglise pourra ainsi se fermer et que le processus de guérison pour les survivants d’abus sexuels, leurs familles et l’Eglise pourra se poursuivre.
En rendant ces documents publics, a déclaré l’archevêque de Milwaukee dans un courriel envoyé au préalable aux agents pastoraux du diocèse, «mon espoir (…) est qu’ils aideront les victimes d’abus, leurs familles et les autres à comprendre le passé, examiner le présent, permettant à l’Eglise dans le sud-est du Wisconsin de continuer d’aller de l’avant».
550 victimes d’abus sexuels ont porté plainte
L’archidiocèse publie ainsi une liste d’une bonne quarantaine de prêtres abuseurs, dont certains ont été réduits à l’état laïc ou sont décédés, avec photos et détails de leur dossier et les charges pesant sur eux. Prenant véritablement conscience de la problématique des abus sexuels affectant les mineurs à la fin des années 1980, l’archidiocèse de Milwaukee a développé des procédures pour répondre aux cas d’abus sexuels sur des mineurs commis par des membres du clergé. Il a affecté un membre du personnel pour diriger ce processus.
Comparant l’attitude générale dans le passé envers de tels cas d’abus, non seulement de prêtres ou d’évêques, mais également de médecins et de thérapeutes, Mgr Jerome E. Listecki admet que des erreurs ont été commises. Ainsi dans les années 1970 et 1980, des prêtres abuseurs ont été souvent simplement déplacés de leur paroisse «pour des raisons médicales», envoyés pour consultation et, sur la base d’une recommandation de leur thérapeute ou professionnel de la santé, réaffecté à une autre paroisse.
L’archevêque remarque que jusque dans les années 1970s, on se préoccupait davantage des problèmes du «Père» que de ceux de l’enfant abusé, les professionnels pensant que de tels actes n’auraient pas d’impact sur un jeune enfant.
Mise sur pied du «Project Benjamin»
La connaissance a entre-temps beaucoup évolué et l’Eglise a désormais pris les mesures adéquates. «Aujourd’hui, je suis convaincu qu’aucune organisation dans le monde en fait plus pour lutter contre les abus sexuels sur des mineurs que l’Eglise catholique aux Etats-Unis», assure Mgr Jerome E. Listecki.
En 1989, l’archidiocèse a mis sur pied le «Project Benjamin», une initiative qui réunit avocats des victimes, professionnels de la santé, représentants des organes judiciaires et policiers, travailleurs sociaux et thérapeutes. Ces spécialistes participent à la réponse de l’Eglise aux victimes d’abus. Ils donnent des recommandations sur les procédures appropriées et les politiques à adopter.
Les victimes réclament plus de 100 millions de dollars de dédommagements
Au début avril dernier, l’archevêque de Milwaukee avait annoncé qu’il rendrait public le 1er juillet près de 3’000 documents concernant les fichiers de prêtres, d’évêques et d’autres sources provenant de l’archidiocèse. Il a qualifié cette démarche d’effort dans le sens de son «engagement pour la transparence».
Ces dernières années, quelque 550 victimes d’abus sexuels ont porté plainte contre l’archidiocèse de Milwaukee. EIles réclament des dédommagements de plus de 100 millions de dollars. En janvier 2011, l’archidiocèse du Midwest américain s’est placé sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites après l’échec d’accords financiers avec des familles de victimes. Cette disposition légale permet à une entreprise en difficultés financières de continuer à fonctionner normalement en lui laissant le temps de chercher un accord avec ses créanciers. L’archidiocèse a été contraint de faire appel à cette procédure après avoir dû verser ces dernières années plus de 30 millions de dollars dans des procès pour abus sexuels. (apic/cns/archmil/be)