Fribourg: Le conseiller fédéral Alain Berset ouvre la 26e édition du FIFF

Plaidoyer pour la diversité culturelle

Fribourg, 25 mars 2012 (Apic) En ouverture de la 26e édition du Festival International de Films de Fribourg (FIFF) samedi soir 24 mars à Cap’Ciné, le conseiller fédéral Alain Berset a salué la volonté du FIFF de promouvoir des films habituellement pas distribués dans les circuits commerciaux et qui contribuent pourtant à la diversité culturelle.

Du côté de la Confédération, a relevé le nouveau «ministre de la culture», tant l’Office fédéral de la culture que la Direction du développement et de la coopération (DDC) soutiennent la démarche du FIFF. Alain Berset est un habitué de l’événement, «mais pas de la première édition, car à l’époque j’étais trop jeune !» Il avait déjà ouvert le FIFF il y a trois ans alors qu’il était président du Conseil des Etats, la chambre haute du Parlement fédéral.

Alain Berset a une nouvelle fois souligné sa contribution à la diversité de l’offre cinématographique. «Seuls 3 à 4% des films exploités en Suisse ne viennent pas des Etats-Unis ou de l’Europe de l’Ouest…», a-t-il déploré. Et le chef du Département fédéral de l’intérieur (DFI) de citer le grand réalisateur argentin Fernando Solanas, agacé par l’attitude des Européens à l’égard des films du Sud.

Dans cette époque de la globalisation, a ajouté le conseiller fédéral, il faut avoir un ancrage et connaître ses propres racines, mais il est tout autant nécessaire de s’interroger sur ses propres capacités d’ouverture, de passer les frontières, de s’enrichir mutuellement de la diversité.

Une entreprise «un peu folle, voire inconsciente»

Président du Conseil d’Etat du canton de Fribourg, Georges Godel a admis samedi qu’il n’aurait jamais imaginé que ce Festival connaisse un tel succès. «Ce qui, lors de sa fondation en 1980, pouvait paraître comme une entreprise un peu folle, voire inconsciente, a fait, aux cours des ans, de la Ville de Fribourg, un passage obligé pour la présentation d’œuvres cinématographiques de haute tenue artistique», a-t-il précisé Ce qui devint rapidement le Festival de Films du Tiers-Monde (aujourd’hui le FIFF) avait en effet débuté avec peu de moyens par des projections dans les salles de paroisses.

Le conseiller d’Etat a également salué l’effort consenti par les organisateurs pour ouvrir les portes de ce festival à la jeune génération dans le cadre de l’offre «Planète cinéma». «A une époque où l’individualisme incite à chercher, seul le plus souvent, tout et n’importe quoi sur son ordinateur, son smartphone ou autre gadget électronique, le fait de se retrouver en équipe dans une salle devant un grand écran joue indiscutablement une carte importante de la socialisation».

Il a affirme que c’est avec plaisir que le Conseil d’Etat a augmenté les moyens pour cette opération. «C’est le Directeur des Finances qui vous le dit. Nous étions persuadés de l’importance de l’accès du plus grand nombre d’élèves possible à cet événement culturel».

Le merci des musulmans de Fribourg

«Je peux comprendre que tout le monde veut voir le film américain de science-fiction Avatar ou le dernier James Bond, mais la diversité est mal en point dans nos salles de cinéma ! «, insiste pour sa part Thierry Jobin, le nouveau directeur du Festival. Ces films occupent 90 cinémas sur 250 en Suisse, ce qui rend très difficile l’accès à des films qui n’ont pas un potentiel commercial évident. «Ces films n’arrivent pas à sortir… Ainsi la société s’appauvrit, elle développe des peurs et des préjugés», confie-t-il à l’Apic.

Au FIFF, on ne stigmatise jamais les religions, la couleur de la peau ou les origines, poursuit le nouveau directeur du FIFF, relevant la dimension humaniste de l’événement. Il dit avoir été très touché par les remerciements reçus des musulmans de Fribourg, insécurisés par la récente tuerie de Toulouse, pour avoir programmé une section intitulée «Décryptage: L’image de l’islam en Occident».

Un peu plus de deux ans après le vote des Suisses contre la construction de nouveaux minarets, les images de la réalité musulmane continuent d’être rares sur les grands écrans. Autour de huit films inédits sur le territoire helvétique, le FIFF invite à un débat de réflexion sur l’histoire et l’actualité de la représentation de l’islam dans le monde et le cinéma occidental.

30’000 spectateurs attendus à Fribourg

Les organisateurs attendent pour cette 26ème édition quelque 30’000 spectateurs. Le vainqueur de la Compétition Internationale remportera le «Regard d’Or» – la plus haute distinction du Festival – doté de CHF 30’000. Le film d’ouverture, SALT, a été projeté samedi soir devant une salle archicomble en présence du cinéaste chilien Diego Rougier et de la productrice et actrice Javiera Contador. Cette année plus de 120 films du monde entier ont vu leurs chemins converger vers Fribourg.

Le programme de la Compétition Internationale compte à lui seul 12 films, tous des premières suisses ou internationales. L’occasion de s’immerger une fois de plus dans des mondes inconnus, stimulants et parfois déroutants. L’un des points forts du Festival est le programme Cinéma de genre qui proposera cette année des westerns des quatre coins du monde, ou encore les Séances de Minuit, qui sauront attirer un public jeune et avide de sensations fortes. Le palmarès de cette 26ème édition sera dévoilé samedi 31 mars 2012 à 17h00 lors de la cérémonie de clôture au Cinéma Rex.

Historique du Festival

En 1980, les films issus d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine ne sont que très rarement distribués en Suisse. Pour fêter les 25 ans de l’oeuvre d’entraide Helvetas en Suisse romande, le secrétariat organise un programme de sept films du Sud, qui seront projetés dans plusieurs villes. L’idée fondatrice est simple: faire connaître les richesses culturelles des pays en développement. Le succès remporté par ces projections invite les organisateurs à poursuivre l’expérience. Le Festival des films du Tiers-monde est né. (apic/be)

25 mars 2012 | 13:26
par webmaster@kath.ch
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