“Si vous ne communiquez pas, vous devenez automatiquement complices de ceux qui commettent des abus”, a prévenu la journaliste Valentina Alazraki | Antoine Mekary | ALETEIA | I.Media
Vatican

«Plus vous couvrirez, plus le scandale sera grand»

«Si vous ne communiquez pas, vous devenez automatiquement complices de ceux qui commettent des abus», a prévenu la journaliste Valentina Alazraki le 23 février 2019 devant les participants du sommet sur la protection des mineurs.

Pour la dernière allocution devant l’assemblée du sommet, le comité organisateur avait demandé à Valentina Alazraki d’intervenir. Cette journaliste mexicaine couvre l’actualité du Saint-Siège depuis plus de 40 ans et est intervenue sur la nécessité de communication de la part de l’Eglise face aux abus sexuels.

Les journalistes, a assuré Valentina Alazraki, savent bien que les abus sexuels ne se limitent pas au clergé. Mais «en raison de votre rôle moral, nous devons être plus rigoureux avec vous qu’avec les autres». Les professionnels des médias, a-t-elle poursuivi, agissent pour le droit à une information vraie afin que justice puisse se faire.

Peur des journalistes

«Nous avons choisi de quel côté être. Vous, l’avez-vous vraiment fait, ou seulement en paroles?», a-t-elle sévèrement interrogé. Avant d’asséner: «Si vous ne vous décidez as de manière radicale à être du côté des enfants (…) vous avez raison d’avoir peur de nous, car nous, les journalistes, serons vos pires ennemis». «Plus vous couvrirez, (…) plus le scandale sera grand», a prévenu la Mexicaine. Ainsi , «si vous ne communiquez pas, vous devenez automatiquement complices de ceux qui commettent des abus».

Pour Valentina Alazraki, «les fidèles ne pardonnent pas le manque de transparence». Elle a ainsi pressé les prélats à «investir» dans la communication, une opération «très rentable» selon elle. «Racontez les choses quand vous les savez», «informez sur les procès en cours» et sur leur issue, a-t-elle pressé. Pour elle, les structures ecclésiales devraient d’elles-mêmes informer sur les affaires et non attendre qu’elles soient révélées par la presse.

Une information «explicite»

La vaticaniste a notamment dénoncé le manque d’information auprès des fidèles lorsqu’un prêtre est démis de ses fonctions, lui laissant l’occasion de fournir une autre explication. Cela devrait être dit «avec clarté, de façon explicite», a-t-elle tonné critiquant également le bolletino du Saint-Siège qui n’explique pas les raisons de la renonciation d’un évêque.

Les évêques, a recommandé Valentina Alazraki, doivent se laisser conseiller par des experts en communication. Le porte-parole d’un diocèse, a-t-elle en particulier cité, doit avoir la «pleine confiance» de l’évêque et pouvoir le joindre «directement» à tout moment. A tous les niveaux de l’Eglise, a-t-elle encore conseillé, doivent exister des structures d’information rapides et précises.

Valentina Alazraki a conclu son intervention en évoquant les religieuses victimes d’abus sexuels de la part de prêtres. Ce drame, a-t-elle considéré, peut être une «grande opportunité pour que l’Eglise prenne l’initiative et soit en première ligne». Et non pas qu’elle «joue en défense» comme c’est le cas pour les abus sur mineurs. (cath.ch/imedia/xln/pp)

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24 février 2019 | 08:33
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture: env. 2 min.
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