Guinée: Des affrontements violents ont fait près de 80 morts et 200 blessés graves

Plusieurs lieux de cultes et écoles ont été détruits, témoigne une religieuse

Conakry, 24 juillet 2013 (Apic) Le gouvernement guinéen a annoncé le 23 juillet l’ouverture officielle d’une information judiciaire à propos des affrontements qui ont ensanglanté la région de N’Zérékoré. Des actes de violence ont fait près de 80 morts et environ 200 blessés graves, selon le ministère de la Justice. La supérieure générale des Sœurs servantes de Marie Vierge Mère en Guinée raconte la «violence terrible» dont ont été surtout victimes les chrétiens de la région.

Le ministère de la Justice, indique son chargé d’information Mohamed Béavogui, attribue ces événements à «deux ethnies» de N’Zérékoré. Plusieurs personnes ont été arrêtées et font actuellement l’objet d’enquête préliminaire par les services de la polices judicaire de la région.

Le dernier bilan a été estimé à près de 80 morts et plus de 200 blessés, avec la destruction des édifices privées et des lieux de culte (mosquées et églises), selon les témoignages des responsables d’ONG opérant dans la région, indique «Le Jour Guinée» sur son site internet www.lejourguinee.com. Il attribue l’origine des affrontements, du 15 au 17 juillet, aux Guerzés (chrétiens ou animistes) et aux Koniankés (musulmans).

«Tout est arrivé très vite, à partir d’un incident à Koulé», explique une travailleuse humanitaire. Un gardien guerzé de la station-service a tué deux Koniankés soupçonnés de tentative de vol. S’en est suivie une série de représailles sanglantes, d’abord dans le village, mais presque immédiatement à N’Zérékoré. «Il y a eu une mobilisation via le téléphone portable, colportant souvent des fausses rumeurs, d’incendies de mosquées ou d’église, ou d’assassinats de chefs traditionnels», ajoute la travailleuse humanitaire.

Eglises et écoles détruites

Une version confirmée par Sœur Jeanne Guivalogui, dans un message envoyé à l’Abbaye de Saint-Maurice, en Suisse, et transmis à l’Apic par le Père Abbé Joseph Roduit. «De fil en aiguille, cette violence s’est transformée en carnage, à Koulé et surtout à N’Zerekore, entre le peuple autochtone Guerzé et les musulmans. Finalement elle s’est dressée contre les Eglises», indique la religieuse. C’est ainsi que deux églises protestantes de N’Zerekore ont été incendiées. «Le comble était dans la petite ville de Beyla, où les musulmans ont brûlé l’église, la maison des religieuses et la seule école des sœurs Servantes de Marie Vierge Mère», poursuit Sœur Jeanne Guivalogui. Heureusement, les religieuses avaient quitté leur maison pour participer à une retraite à N’Zérékoré. L’école entièrement équipée, détruite par les émeutiers, abritait 190 élèves, de la 1ère année à la 3ème année, en majorité des musulmans. Les sœurs y accueillaient aussi des orphelins et enfants abandonnés.

La ville de Gouécké, où 35 jeunes filles participaient à un camp vocation, a été gagnée par la violence le 16 juillet. Les filles du noviciat, les orphelins de moins de 3 ans et les accompagnatrices – soit près de 60 personnes en tout – ont été emmenées d’urgence dans un village voisin, raconte Sœur Jeanne Guivalogui. Ce n’est que le 22 juillet qu’elles ont pu retourner le noviciat et l’orphelinat. (apic/ag/com/bb)

24 juillet 2013 | 10:58
par webmaster@kath.ch
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