Le régime communiste avait sous-estimé le pouvoir de Wojtyla

Pologne: L’ancien président Jaruzelski commente l’élection de Jean Paul II en 1978

Varsovie, 15 octobre 2003 (Apic) Le régime communiste en Pologne avait sous- estimé la force politique de Karol Wojtyla lors de sa nomination comme archevêque de Cracovie en 1964. Il est même tombé des nues lorsque le prélat a été élu sur le siège de Saint-Pierre 14 ans plus tard. C’est ce qu’a affirmé mardi Wojciech Jaruzelski, ancien chef d’Etat polonais, dans une interview diffusée sur la chaîne de télévision italienne Sat 2000.

Lors de sa nomination comme évêque en 1964, Karol Wojtyla figurait en 3e place sur la liste remise au gouvernement par le Primat de Pologne, le cardinal Stefan Wyszynski, se rappelle le général Jaruzelski. Il était reconnu comme une personnalité intellectuelle et spirituelle, mais pas en tant que force politique comme l’était le primat lui-même. L’élection de Wojtyla comme pape a ensuite constitué une double surprise, commente l’ancien chef d’Etat. D’abord, il n’était jamais venu à l’esprit du gouvernement qu’un non-Italien occupe le siège de Pierre, et encore moins un ressortissant du bloc soviétique. «Cela sortait de toute logique», soutient Jaruzelski. Et même si le pape devait être polonais, ce n’est pas Wojtyla mais Wyszynski qui serait entré en ligne de compte.

A l’époque, l’Union soviétique, l’Allemagne de l’Est et la Tchécoslovaquie avaient émis une théorie selon laquelle c’est le conseiller à la sécurité du président des Etats-Unis Jimmy Carter, le ressortissant polonais Zbigniew Brzezinski, qui avait tiré les ficelles du conclave. Selon Jaruzelski, Moscou avait reproché à la Pologne d’avoir rendue possible l’élection de Wojtyla comme pape en raison de son attitude trop libérale à l’égard de l’Eglise catholique.

Les années noires de la Pologne

L’attentat contre le pape du 13 mai 1981 est qualifié par l’ancien chef d’Etat de «grande tragédie pour la Pologne». Le pays entrait dans sa phase la plus difficile à partir du milieu de cette année. Alors que le pape devait soigner sa blessure, il manquait de force pour influencer son pays en vue d’un modus vivendi dans cette situation de crise ascendante. L’introduction de la loi martiale a été «un des moments les plus difficiles de notre relation», commente Jaruzelski. Le pape a été très profondément touché et l’a sommé dans une lettre de tout entreprendre pour annuler les effets de la loi martiale. Il a également appelé à la réconciliation et exigé la liberté d’activité pour le syndicat «Solidarnosc».

Wojciech Jaruzelski n’a jamais considéré Karol Wojtyla comme un ennemi, mais plutôt comme un adversaire. Toutes ces confrontations ont- elles débouché sur des vainqueurs, ou des vaincus? La Pologne et l’Europe ressortent vainqueurs, répond-il. Il admet cependant que le pape a vu plus loin et plus profondément que lui, et que tout le bloc auquel il appartenait. (apic/cic/wm/bb)

15 octobre 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
Partagez!