Pologne: L’ancien président Lech Walesa déclare la guerre à «Radio Maryja»

La radio polonaise divague entre ultranationalisme et antisémitisme

Varsovie, 16 février 2005 (Apic) L’ancien président polonais Lech Walesa déclare la guerre à «Radio Maryja», un puissant émetteur catholique fondamentaliste et très politisé. Dans une lettre ouverte, l’ex-leader du Syndicat Solidarité qualifie la radio controversée de «Club de non-croyants pratiquants» qui sème la haine et souille le nom de la Mère de Dieu.

«Radio Maryja» a lancé de sévères attaques contre Walesa le 12 février dernier, en l’accusant d’avoir négocié dans les années 80 la transition démocratique avec le gouvernement de l’époque, alors que les communistes auraient de toute façon disparu d’eux-mêmes.

Le fondateur de «Solidarnosc» a lancé un appel aux catholiques polonais afin qu’ils ne versent plus un sou au fondateur de «Radio Maryja», le Père rédemptoriste Tadeusz Rydzyk.

«Radio Maryja», la «voix catholique dans ta maison», est diffusée sur onde courte et par satellite et peut être captée par des millions d’auditeurs réguliers dans tout le pays depuis plus d’une décennie. Créée par le Père Rydzyk en 1991, indépendante de l’épiscopat, «Radio Maryja» regroupe autour d’elle un véritable réseau de presse et d’édition ainsi qu’un mouvement associatif très actif. Tout un empire financier et politique gravite autour de la radio, dirigé par Tadeusz Rydzyk.

La station radio ultrareligieuse, dont le quartier général se trouve dans la ville de Torun, au nord de la Pologne, offre à ses fidèles auditeurs un mélange de prières, cantiques et diatribes politiques vingt- quatre heures sur vingt-quatre. La radio «ultracatholique», qui a mené campagne contre l’adhésion de la Pologne à l’Union Européenne, est également accusée de xénophobie et d’antisémitisme.

Le Père Rydzyk accusé d’instrumentaliser la religion

Walesa a accusé le Père Rydzyk d’avoir succombé aux «susurrements du diable» pour détruire la Pologne et la foi. La radio a accusé Walesa, alors qu’il était président de l’Etat polonais, dans les années 1990, de n’avoir pas nettoyé l’élite politique communiste polonaise.

Pendant longtemps le vieux syndicaliste ne doutait pourtant pas des bonnes intentions de «Radio Maryja». Il avait salué le fait que des thèmes de la foi soient devenus grâce à elle accessibles à un large public. Raison pour laquelle Walesa estime qu’il est particulièrement tragique pour lui de devoir critiquer un émetteur catholique.

L’ancien leader de Solidarité s’en prend personnellement au Père Rydzyk. Il l’accuse de bâtir une maison sans fondations: «Vous instrumentalisez la religion et vous abusez de la bonne volonté de nombreuses personnes et de leur amour de Marie!». Walesa estime finalement qu’il faut mettre un terme à la récolte de fonds organisée au niveau mondial par «Radio Maryja». Il dénonce également son «interprétation insensée de l’histoire et de la politique». Et de lancer que «tout cela doit avoir une fin».

Lech Walesa a déclaré au quotidien «Gazeta Wyborcza» qu’il espérait que sa lettre de protestation serait également lue aux Etats-Unis et qu’elle fasse que les Polonais qui y vivent cessent d’envoyer des dons à «Radio Maryja». La radio ultracatholique a plusieurs fois été la cible de la Conférence épiscopale polonaise dans le passé, notamment en raison de ses partis pris politiques extrêmes et de ses dérapages antisémites. Le développement de ces tendances douteuses a également causé des soucis à la centrale mondiale de la famille de «Radio Maria», à Varese, en Italie. (apic/kpr/be)

16 février 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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