Pologne: Les Polonais adoptent la nouvelle Constitution combattue par la droite catholique
Un résultat «tragique» pour l’ex-président Lech Walesa
Varsovie, 26 mai 1997 (APIC) Les citoyens polonais ont accepté dimanche à une claire majorité la nouvelle Constitution proposée par le gouvernement dominé par les ex-communistes. D’après des estimations non encore officielles, les Polonais ont approuvé, dans une proportion de 56,8% contre 43,2%, le projet déjà accepté par l’Assemblée nationale le 2 avril dernier. La participation n’a été que de 39,8%, mais la majorité simple suffisait.
L’ex-président polonais Lech Walesa combattait la nouvelle magna charta, en compagnie des milieux conservateurs catholiques. Des tracts distribués devant les églises accusaient la Constitution de «bannir Dieu de son préambule» et d’autoriser les «meurtres d’innocents» avant leur naissance en ne protégeant pas la vie dès la conception. La hiérarchie catholique avait, elle aussi, émis des doutes sur la qualité morale de la Constitution, notamment parce qu’elle ne mentionne pas la protection de la vie dès la conception.
Les évêques avaient encore émis des réserves concernant la sauvegarde de la tradition et de l’identité nationale. Les évêques n’avaient cependant pas donné de consigne de vote explicite, renvoyant les électeurs à leur conscience. L’épiscopat s’est engagé en vain pour que la loi fondamentale polonaise fasse davantage référence à Dieu et qu’elle interdise l’avortement. Mentionnant le faible taux de participation, Walesa a qualifié le résultat de «tragique», tout en estimant que c’était un revers pour la coalition de gauche au pouvoir.
Malgré la virulence des attaques et les moyens déployés par la droite catholique et l’alliance électorale de Solidarité (AWS) groupée autour du syndicat «Solidarnosc», le président Aleksander Kwasniewski, qui s’est beaucoup engagé pour faire passer cette loi «moderne», a gagné son pari.
Ce texte, qui se veut un «compromis sage et raisonnable de la majorité des Polonais», avait reçu pour sa rédaction le concours de l’ancien Premier ministre Tadeusz Mazowiecki, un catholique libéral membre de l’Union pour la liberté. L’opposition extra-parlementaire aurait voulu que le référendum sur la Constitution permette de choisir entre le projet gouvernemental et un projet dit «civique», ce que le gouvernement a refusé.
En compagnie de son Premier ministre Wlodzimierz Cimoszewicz, le président polonais a salué le résultat, le considérant comme un «signe de stabilité». L’opposition lui reproche d’avoir réalisé à l’occasion de ce référendum une opération électorale en faveur de l’Alliance de la gauche démocratique (SLD), dont il est issu, en vue des législatives de septembre prochain.
L’alliance électorale de Solidarité AWS, pour sa part, fait également feu de tout bois. A quelques jours de la visite du pape Jean Paul II, attendu ce samedi dans sa patrie, l’AWS a placardé dans les rues l’image du pape bénissant une foule de pèlerins tenant une pancarte où l’on lit «Solidarité» et «Nous t’aimons». Le SLD a accusé l’AWS, qui regroupe une cinquantaine de formations conservatrices et catholiques, de «s’approprier le pape à des fins politiques». Interpellée, la Conférence épiscopale n’a pas estimé qu’il s’agissait de propagande électorale, mais tout simplement l’expression d’une salutation adressée au Saint-Père. (apic/kna/cx/be)