Philippines: Des dizaines de fidèles vivront les souffrances de la crucifixion
Porter la croix du Christ en signe de pénitence
Manille, 20 avril 2011 (Apic) Lors de la semaine sainte, les catholiques philippins célèbrent la passion du Christ. De nombreux fidèles cherchent à partager ses souffrances, en signe de pénitence ou de gratitude. Une pratique qui éclipse l’importance de la résurrection, regrette la Conférence des évêques philippins (CBCP).
Selon le journal en ligne «Inquirer.net» du 19 avril, trois jours avant le dimanche de Pâques, les fidèles philippins participent à différents pratiques et rituels pour commémorer la souffrance et la mort du Christ. Dans ce pays à majorité catholique, les croyants visitent différentes églises lors de la «Visita Iglesia» – correspondant aux quatorze stations du chemin de croix.
Il arrive également qu’hommes et femmes s’astreignent à revivre la passion du Christ. En portant des couronnes d’épines ou en se flagellant, mais parfois également, en se faisant crucifier. Un rituel douloureux, qui prend fin à 15h, heure à laquelle le Christ serait mort sur la croix, indique la chaîne d’information CNN.
Le gouvernement, peu enclin à réglementer la pratique, insiste cependant pour que tous les participants soient vaccinés contre le tétanos et que les clous soient stérilisés.
La passion éclipse la résurrection
«Pour les Philippins, les aspects les plus importants de la semaine sainte sont la passion du Christ, sa flagellation, sa crucifixion et sa mort, parce que nous sommes prédisposés à souffrir», a déclaré Mgr Oscar Cruz, archevêque émérite de Lingayen-Dagupan. Les situations de souffrance et de pauvreté dans lesquelles sont plongés la majorité des Philippins les empêchent de penser en terme de «happy end», estiment les évêques. «Mais si l’on regarde l’histoire du Christ, il ne s’agit pas que de souffrance. Notre dieu est un dieu du ’happy end’, alors si l’on est pas heureux maintenant, c’est que ce n’est pas terminé», annonce le Père Carmelo Arada, de la commission liturgique de l’archidiocèse de Manille.
La CBCP regrette qu’en se focalisant sur la passion, les Philippins aient omis la résurrection. «Beaucoup de catholiques philippins semblent mal à l’aise aujourd’hui lorsqu’on leur demande d’expliquer la signification et les implications de la résurrection du Christ» parce qu’elle ne rappelle rien de leur expérience quotidienne, affirment-ils dans le livre «Catéchisme pour les catholiques philippins».
Pour le Père Arada, «il est important de mettre l’accent sur la résurrection pour montrer qu’il y a plus que la souffrance dans la vie». C’est pourquoi l’Eglise catholique désapprouve les pratiques de flagellation et de crucifixion. Pour vivre la résurrection du Christ et célébrer Pâques de manière positive, ils proposent plutôt de «se libérer de ses pêchés et de vivre à nouveau dans un état de grâce». (apic/inquirer/cnn/amc)