Plainte de l’Association des Dévots contre le cardinal Luis Aponte
Porto Rico: Le Saint-Siège dément les soi-disant apparitions mariales de Sabana Grande
Rome/Porto Rico, 25 septembre (APIC) Le Saint-Siège a démenti l’existence d’apparitions mariales à Sabana Grande, à Porto Rico. La Congrégation pour la doctrine de la foi a confirmé dans une lettre envoyée à la Conférence épiscopale de Porto Rico que ces soi-disant apparitions n’ont jamais été valides. De puissants intérêts économiques se cachent derrière les pèlerinages à la Vierge du Puits à Sabana Grande, relève l’agence de presse catholique latino-américaine ACI-Prensa.
Lors d’une récente conférence de presse, le cardinal Luis Aponte Martinez, archevêque émérite de Porto Rico, avait avisé la population que les apparitions de Sabana Grande n’étaient pas reconnues par l’Eglise catholique.
Un complexe touristico-religieux de 30 millions de dollars
A la suite de cette mise en garde, les responsables du groupe appelé «Association des Dévots» qui fait la propagande pour le pèlerinage à la Vierge du Puits ont menacé de porter plainte contre le prélat. Ce dernier s’oppose à la construction d’une «Cité Mystique», qui comprend un super complexe d’hôtels et de centres commerciaux et un sanctuaire dont les coûts sont estimés à 30 millions de dollars.
Le directeur de «Ciudad Mistica» a accusé l’Eglise de «répression contre les sympathisants du mouvement du Puits». Il a déclaré que son mouvement étudie des mesures légales contre le cardinal et qu’il va demander la protection du Vatican afin que l’Eglise avalise la dévotion populaire à la Vierge du Puits. Les promoteurs du projet de Cité Mystique – déjà en cours de réalisation – ont refusé que Juan Angel Collado, l’un des «voyants» de Sabana Grande, soit soumis à un examen scientifique – utilisé habituellement dans les procédures judiciaires – pour déterminer la véracité de ses dires.
Rome met un point final à une longue controverse
Le Saint-Siège déclare dans sa lettre ne pas reconnaître les apparitions de la Vierge du Puits, mettant ainsi un point final à la longue controverse à ce sujet, souligne Mgr Ulises Casiano, évêque de Mayagüez et président de la Conférence épiscopale de Porto Rico (CEP). «La lettre confirme ce que la CEP a dit il y a longtemps déjà», a déclaré Mgr Casiano. La même année qu’eurent lieu les apparitions supposées dans le barrio Rincon, à Sabana Grande, l’évêque du lieu James McManus affirmait déjà qu’il ne s’était rien passé de surnaturel. La Vierge avait soi-disant fait des révélations durant 33 jours consécutifs à trois enfants du barrio. De son côté, Mgr Roberto Gonzalez Nieves, archevêque de San Juan de Porto Rico, a indiqué que le document de Rome devait servir de «clarification» car, après étude des faits, l’Eglise a conclu qu’il n’y avait pas eu d’apparition mariale à Sabana Grande.
Multiplication des phénomènes d’apparitions mariales: un manque de maturité dans la foi
Lors du Congrès international de mariologie qui vient de s’achever à Rome, le Père Salvatore Perrella, un religieux servite qui enseigne à l’Institut Marianum à Rome, a rappelé que les affirmations d’apparitions mariales dans le monde entier sont le signe d’une soif spirituelle, mais aussi souvent le fruit d’un manque de maturité dans la foi. «Selon la saine dévotion encouragée par la doctrine de l’Eglise, on honore Marie et on adore son fils’’, a-t-il déclaré à l’agence de presse catholique américaine CNS. Le religieux servite constate que les affirmations sur les apparitions de la Vierge proviennent de gens simples qui ont laissé leurs sentiments prendre le dessus. «Ils croient sincèrement et agissent comme si Marie est omnipotente et ils vont vers elle pour obtenir toute chose, alors qu’il n’y a que Dieu qui soit omnipotent». Pour le Père Perrella, nombre de soi-disant visions, de statues qui pleurent et d’autres phénomènes de ce genre sont rapportés par des gens qui ne vont pas régulièrement à l’église, n’ont pas une foi adulte formée par l’enseignement de l’Eglise et l’Evangile, ni une dévotion adulte à la Mère de Dieu.
«Marie n’est pas une poupée Barbie»
«Nous n’entendrez jamais un prêtre ou un évêque dire qu’une apparition est plus importante que l’Evangile», a souligné le Père Perrella. Le spécialiste de mariologie regrette que trop souvent les catholiques ont fait de Marie une «chose». «Marie n’est pas une poupée Barbie que nous pouvons habiller comme nous voulons – une minute comme une reine, une minute comme quelque chose d’autre. C’était une femme de foi qui a vécu une période très difficile pour les femmes. Elle était faite de chair et d’os, d’action, de tendresse et de force’’, a encore insisté le Père Perrella. «C’est elle la Marie de la Bible et c’est la Marie de notre foi».
Pour sa part, Tina Beattie, membre du Centre pour les études mariales en Angleterre, estime que trop souvent les médias donnent l’impression que les gens modernes soit ignorent Marie ou soit sont alors considérés comme «fanatiques» dans leur dévotion à l’égard de la Vierge. Et Tina Beattie de relever qu’il y a une demande de la part de nombreuses femmes dans l’Eglise pour que l’on «réinvente» Marie, trop souvent présentée traditionnellement comme passive et obéissante – ce qui peut mener à des relations malsaines aux plans social et sexuel – alors que Marie est en réalité une femme de foi courageuse. (apic/aci/cns/be)