Pour Netanyahou, Israël est un Etat seulement pour les juifs

Poursuivant dans sa rhétorique anti-arabe, espérant engranger les voix des électeurs les plus extrémistes en vue des élections du 9 avril 2019, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré dimanche 10 mars 2019 qu’Israël est «l’Etat-nation, non de tous ses citoyens, mais du peuple juif seulement».

Les non-juifs ont une «représentation nationale» dans d’autres Etats, a-t-il déclaré à cette occasion, suscitant la colère des défenseurs de l’égalité entre tous les citoyens israéliens. Netanyahou a récidivé lundi 11 mars sur les ondes de Likud TV, la chaîne de son parti, en affirmant que «les citoyens arabes [d’Israël] ont 22 Etats-nations autour d’eux et un 23e ne leur est pas nécessaire». Il était interrogé sur l’impact de la législation controversée sur les citoyens arabes et israéliens, après avoir affirmé qu’Israël est un pays qui n’appartenait pas vraiment à tous ses citoyens.

La vision de la droite nationaliste

«L’affirmation qu’il existe 22 autres Etats arabes est souvent utilisée par les Israéliens de droite comme argument contre un Etat palestinien, mais il n’est généralement pas exploité contre les citoyens arabes du pays qui forment presque un quart de la population», note le 12 mars The Times of Israël.

Dans sa confrontation avec l’actrice et mannequin israélienne Rotem Sela, qui estimait «qu’il y a aussi des citoyens arabes dans ce pays», Netanyahou a souligné qu’Israël n’est «pas l’Etat-nation de tous ses citoyens», mais «l’Etat-nation du peuple juif». Le Premier ministre, fragilisé par de graves accusations de corruption, fraude et abus de confiance, devrait être entendu par le procureur général israélien au plus tard le 10 juillet 2019, afin de décider ou non de l’inculper, rapporte le journal The Times of Israël.

La loi controversée «Israël, Etat-nation du peuple juif»

«Bon sang, il y a aussi des citoyens arabes dans ce pays. Quand donc quelqu’un dans ce gouvernement passera le message au public qu’Israël est l’Etat de tous ses citoyens et que tous les gens ont été créés égaux, et que même les Arabes, les Druzes, les LGBT et – grand choc – les gauchistes sont humains», a-t-elle déclaré.

Netanyahou a répliqué sur les réseaux sociaux: «Chère Rotem, une correction importante: Israël n’est pas un Etat de tous ses citoyens. Selon la loi sur l’Etat-nation que nous avons adoptée, Israël est l’Etat-nation du peuple juif – et personne d’autre».

Lundi 11 mars, le président israélien Reuven Rivlin a condamné les «remarques parfaitement inacceptables au sujet des citoyens arabes d’Israël», rappelant que tous les citoyens de l’Etat hébreu jouissent d’une stricte égalité devant la loi.

L’arabe relégué

Dans un discours prononcé lors d’une conférence sur la paix israélo-égyptienne à Jérusalem, il a déclaré sous les applaudissements du public: «Ceux qui croient que l’Etat d’Israël doit être juif et démocratique au sens strict du terme doivent se rappeler que l’Etat d’Israël a une égalité de droits complète pour tous ses citoyens». Et d’asséner qu’il n’y a pas «et il n’y aura pas de citoyens de première classe, et il n’y a pas d’électeurs de seconde classe».

En juillet 2018, la majorité du Parlement israélien a adopté la loi controversée «Israël, Etat-nation du peuple juif», qui assure le caractère juif de l’Etat d’Israël et fait de l’hébreu la seule langue officielle, reléguant l’arabe, qui est la langue de près d’un quart de la population israélienne, à un simple «statut spécial». (cath.ch/toi/be)

Le Premier ministre Netanyahou dirige le gouvernement le plus à droite de l'histoire de l'Etat d'Israël
12 mars 2019 | 17:01
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
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