Les délégués à l'assemblée de la Corporation ecclésiastique fribourgeoise (CEC), le 4 octobre 2025, ont scruté le passé et le futur de l'institution | © Véronique Benz
Suisse

Pour sa 100e assemblée, la CEC de Fribourg se positionne entre passé et futur

«Nous sommes Église», tels ont été les mots d’ouverture du président Bernhard Altermatt lors de la 100e Assemblée de la Corporation ecclésiastique catholique (CEC) du canton de Fribourg, le 4 octobre 2025. Les deux représentantes de l’évêque, Isabella Senghor et Aurelia Dénervaud-Pellizzari ont présenté aux délégués la vision pastorale que l’évêque entend concrétiser ces prochaines années dans les régions diocésaines fribourgeoises.

Véronique Benz, Service de communication de l’Église catholique Fribourg

Le jubilé fut l’occasion de jeter un regard sur le passé récent pour se mettre en position d’affronter les défis du présent et de l’avenir. Le président de l’Assemblée, Bernhard Altermatt, a retracé, au début de cette 100e séance, les jalons qui ont amené la CEC où elle se trouve actuellement (cf. le discours commémoratif en annexe au communiqué).

«L’Assemblée de la CEC est l’organe parlementaire de l’Église catholique romaine fribourgeoise. Elle incarne l’instance délibérative et décisionnelle du pilier de notre Église cantonale régi par le droit constitutionnel ecclésiastique. Elle est l’émanation du droit en vigueur, lui- même né de l’histoire des relations étroites entre l’État et l’Église dans notre pays.» Historien de formation et de profession, Bernhard Altermatt a rappelé la structure particulière de l’Église catholique romaine de Suisse, avec un premier pilier ecclésial dirigé par les évêques, à savoir les diocèses qui ont une existence pluriséculaire et qui tirent leur légitimité du droit canonique. Ensemble avec les paroisses et unités pastorales, la CEC forme le deuxième pilier démocratiquement constitué et reconnu publiquement.

La nécessité de renforcer la collaboration et la coordination

À Fribourg, le pilier démocratique de l’Église est financé par l’impôt ecclésiastique, ce qui nécessite selon le président de l’Assemblée un effort particulier dans la transparence et la bonne gouvernance eu égard aux principes de droit public. La coexistence et la codépendance des deux piliers conditionnent fortement la gestion des affaires ecclésiastiques. «Cela nécessite un effort durable de compréhension, de collaboration et de coopération, une recherche permanente d’une entente au bénéfice de l’Église catholique fribourgeoise, suisse et universelle.»

Après avoir retracé les origines de la création de la CEC durant les années 1990, Bernhard Altermatt a conclu en formulant des vœux pour l’avenir. «Puissent les idéaux du partage et du dialogue, de la fraternité et de l’amitié qui ont guidé la mise en place de la CEC accompagner les travaux actuels et futurs de l’Assemblée, tout comme l’action et l’engagement du Conseil exécutif ainsi que de la direction de nos deux régions diocésaines et de l’évêché de Lausanne, Genève et Fribourg.»

Une nouvelle stratégie pastorale globale qui naît

Les deux représentantes de l’évêque, Isabella Senghor pour la partie germanophone et Aurelia Dénervaud-Pellizzari pour la partie francophone, ont ensuite présenté à l’assemblée la vision pastorale de Monseigneur Charles Morerod. Depuis plusieurs années, l’évêque constate que l’évangélisation ne se fait plus principalement dans les paroisses. Ainsi, les catéchumènes nouveaux qui demandent le baptême et la confirmation ne mentionnent pas leur paroisse comme lieu de conversion. Un constat similaire concerne les vocations des futurs séminaristes qui sont, pour l’essentiel, générées en dehors du cadre paroissial traditionnel. Pourtant, nous affectons encore la quasi- totalité des recettes de l’Église fribourgeoise aux paroisses.

Aurelia Dénervaud-Pellizzari (à g.) et Isabella Senghor sont respectivement représentantes de l’évêque pour la région diocésaine Fribourg francophone et germanophone | © Véronique Benz

On pourrait même dire que la pastorale paroissiale telle qu’on la connaît ne fonctionne plus! Face à ce tableau qui peut paraître sombre, l’évêque veut renforcer les pôles pastoraux. Mgr Charles Morerod entend mettre davantage l’accent sur la pastorale transversale (par exemple les hôpitaux, les EMS, la diaconie, la jeunesse) au niveau des unités pastorales, des décanats, des structures cantonales et diocésaines. «Lors de plusieurs sessions de formation qui avaient pour titre ›Osons le changement’ tous les agents pastoraux ont entendu que nous devons changer notre manière de faire.» Les deux représentantes de l’évêque ont partagé avec les délégués les ébauches d’une nouvelle vision.

«Actuellement seulement un tiers de l’impôt sert à la pastorale. C’est pourtant 100% de notre mission!», constatent- elles. Limiter les dépenses pastorales, c’est faire fausse route. Les deux régions diocésaines souhaitent progressivement augmenter les dépenses pastorales, tant pour la pastorale transversale que pour la pastorale territoriale, et diminuer les dépenses strictement paroissiales.

Le Conseil exécutif prêt à relever le défi

«Le Conseil exécutif se réjouit de la clarté du message de Mgr Charles Morerod», a relevé son président Bruno Boschung. Il a souligné que les structures et les méthodes de travail actuelles tant sur le plan pastoral que sur le plan administratif doivent évoluer avec notre temps et être tournées vers l’avenir.

Le Conseil exécutif de la CEC a d’ores et déjà identifié quatre stratégies qu’il traite d’entente avec l’évêché et les régions diocésaines: premièrement, identifier des pôles forts et les développer , deuxièmement encourager les fusions de paroisses, troisièmement renforcer les moyens financiers pour la pastorale transversale et enfin optimiser l’utilisation des ressources. Des efforts seront nécessaires à tous les échelons et devront être consentis par tous les acteurs ecclésiastiques. «Un axe très important constitue également la communication , une communication claire, transparente, régulière et franche», conclut Bruno Boschung.

Révision du Statut et de règlements

Les délégués ont définitivement approuvé en deuxième lecture la révision du frein aux contributions paroissiales. Cette réforme implique une modification du Statut ecclésiastique qui doit, à son tour, être mise en œuvre par un nouveau règlement. «Ce règlement s’avère nécessaire, car la mise en œuvre du frein aux contributions soulève un certain nombre de questions pratiques qu’il est souhaitable de régler si l’on veut que le système fonctionne», souligne le vice- président de l’Assemblée Matthieu Canevascini. Après l’adoption finale de la révision du Statut, les délégués ont procédé à la première lecture du nouveau Règlement sur le frein aux contributions qui s’applique au financement des tâches institutionnelles et supra-paroissiales de la CEC. Il institutionnalise l’élaboration d’un plan financier tel qu’on le connaît dans toutes les collectivités financées par l’argent public. C’est un instrument de prévision, élaboré en début de législature et contenant les grandes lignes des recettes et des dépenses pour les années à venir.

Les délégués ont également approuvé une révision partielle du Règlement concernant la procédure et la juridiction administratives ecclésiastiques. La modification effectuée était nécessaire pour garantir une protection effective des droits des paroissiens et pour assurer la cohérence de notre système juridictionnel.

En outre, Valentin Rudaz, représentant des agents pastoraux laïcs, a été assermenté par le Président et accueilli au sein de l’Assemblée. (cath.ch/com/vb/rz)

Les délégués à l'assemblée de la Corporation ecclésiastique fribourgeoise (CEC), le 4 octobre 2025, ont scruté le passé et le futur de l'institution | © Véronique Benz
6 octobre 2025 | 11:54
par Rédaction
Temps de lecture : env. 5  min.
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