Des membres de La Communauté romande de l’apostolat des laïcs (CRAL), ici  réunis pour les journées thématiques | © Jean-Claude Gadmer
Suisse

Pour une Eglise en sortie

«Eglise en sortie – laïcat en sortie»: c’est ce thème, cher à François, qui a guidé les délégués de la Communauté romande de l’apostolat des laïcs (CRAL) réunis en assemblée générale samedi 18 juin à Lausanne. L’occasion de faire le point sur l’élargissement de la CRAL à de nouveaux mouvements – le projet Vitalis – et de s’interroger sur le visage d’Eglise qu’elle désire proposer aujourd’hui.

La vingtaine de délégués, accompagnés par l’abbé Christophe Godel, vicaire épiscopal pour le canton de Vaud et délégué de la Commission des ordinaires romands (COR) à la CRAL, ont écouté le discours prononcé par le pape le 17 juin lors de la dernière assemblée plénière du Conseil pontifical pour les laïcs – qui sera englobé, dès le 1er septembre, dans un dicastère consacré aux laïcs, à la famille et à la protection de la vie. Adoptant l’horizon proposé, «Eglise en sortie – laïcat en sortie», et l’orientation tracée: être une «communauté évangélisatrice (…) qui sait prendre sans peur l’initiative, aller à la rencontre, chercher ceux qui sont loin et arriver aux carrefours des routes pour inviter les exclus» (Evangelii gaudium no 47).

Des laïcs qui osent rêver

Pour cela, les laïcs sont invités à emprunter «tous les champs d’apostolat encore inexplorés». «Nous avons besoin de laïcs bien formés, animés par une foi paisible et limpide, dont la vie a été touchée par la rencontre personnelle et miséricordieuse avec l’amour de Jésus-Christ, a affirmé François. Nous avons besoin de laïcs qui risquent, qui se salissent les mains, qui n’aient pas peur de se tromper, qui aillent de l’avant. Nous avons besoin de laïcs avec une vision d’avenir, qui ne soient pas enfermés dans les broutilles de la vie, qui osent rêver.»

Autre impulsion: la lettre adressée le 19 mars par le pape au cardinal Marc Ouellet, président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine et les Caraïbes, au terme d’une rencontre de cette commission consacrée à la participation publique des laïcs à la vie des peuples. François y rappelle l’importance du baptême: «Nous faisons tous notre entrée dans l’Eglise en tant que laïcs. (…) Personne n’a été baptisé prêtre ni évêque» et «l’Eglise n’est pas une élite de prêtres, de personnes consacrées, d’évêques, mais nous formons tous le saint peuple fidèle de Dieu», un peuple qui a reçu l’onction de l’Esprit Saint.

Le pape y met en garde les pasteurs contre le cléricalisme: «En traitant le laïc comme un mandataire, il limite les audaces nécessaires pour apporter la Bonne Nouvelle de l’Evangile dans tous les domaines de l’activité sociale et surtout politique», «éteint peu à peu le feu prophétique». Car «ce n’est jamais au pasteur de dire au laïc ce qu’il doit faire ou dire, il le sait bien mieux que nous. Ce n’est pas au pasteur de devoir établir ce que les fidèles doivent dire dans différents milieux».

Enfin, immergé dans le monde, le laïc «a besoin de nouvelles formes d’organisation et de célébration de la foi», car «les rythmes actuels sont si différents (je ne dis pas meilleurs ou pires) de ceux que l’on vivait il y a trente ans!». François appelle pasteurs et laïcs à imaginer des espaces de prière et de communion attirants et porteurs de sens. Car les pasteurs «n’ont pas le monopole des solutions aux défis multiples de la vie contemporaine».

Vitalis: élargir la communion

La CRAL ose rêver et elle imagine l’Eglise de demain: en témoigne le projet Vitalis, proposé l’an dernier par les mouvements d’Action catholique et que le Bureau de la CRAL (BRAL) a commencé à mettre en œuvre. Pour Lorenzo Lanni, son président, Vitalis veut «promouvoir une nouvelle CRAL» avec pour mission «un monde humain: une tâche pour les chrétiens». Pour cela, il importe de «développer le réseau ecclésial et la solidarité à travers des liens plus organiques entre les mouvements; présenter davantage ces derniers et mieux répercuter leurs actions; travailler à une communion de mouvements et de groupements plus large». Vitalis se propose de revitaliser les liens au sein de la CRAL, avec d’autres mouvements et avec l’Eglise locale.

La première étape a été amorcée par un questionnaire adressé aux vingt-trois mouvements membres de la CRAL et portant sur plusieurs aspects: identité, convictions, fonctionnement, orientation, mission, message. Le secrétaire, Melchior Kanyamibwa, a pris son bâton de pèlerin pour, muni de ce questionnaire, rencontrer les mouvements. Si chacun a sa couleur propre, sa spiritualité, des constantes se dégagent des premières rencontres: une référence commune, l’Evangile, la nécessité d’une meilleure visibilité et d’un soutien plus appuyé de l’Eglise locale, le désir d’un autre modèle de solidarité, la volonté d’être des acteurs de la société, la conviction qu’»ensemble nous pouvons changer les choses».

En parallèle le BRAL s’efforce de recenser, pour l’ensemble de la Suisse romande, les initiatives et les autres mouvements de laïcs pour les inviter, en 2018, à une fête sur la place de la Riponne à Lausanne suivie d’une messe à la cathédrale.

Dialoguer avec les paroisses

Les délégués se sont ensuite retrouvés en carrefours sur la base de deux questions: le projet Vitalis me parle-t-il? Quels défis pour mon mouvement dans les trois années à venir? La remontée a mis en lumière, à côté d’une volonté affirmée de communion et d’ouverture, des difficultés dans les rapports avec les paroisses: il faut mener un dialogue pour abattre les préjugés, profiter des apports des uns et des autres et transformer les peurs en espoirs; faire comprendre que tout ne passe pas par la paroisse et expliquer que la CRAL est un lieu de reconnaissance des mouvements par l’Eglise locale.

Rapports, comptes et budgets ont été adoptés. En 2015, les subsides de la COR se sont élevés à 60’000 francs dont 28’000 francs pour le MADEP, le Mouvement d’apostolat des enfants et préadolescents, et 32’000 francs répartis comme suit: 10’000 francs à l’Apostolat de la prière, 10’500 francs au Mouvement franciscain laïc, 4500 francs au Mouvement chrétien des retraités et 7’000 francs à Vie et foi. La CRAL a accordé une rallonge de 11’500 francs, puisée dans ses réserves en réponse à la demande de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ), aux mouvements suivants: 1’000 francs à l’Action chrétienne agricole romande, 2’000 francs aux Centres de préparation au mariage, 7’500 francs au Mouvement franciscain laïc et 1’000 francs au Mouvement chrétien des retraités.

Le BRAL a enregistré deux démissions: Isabelle Waeber, du Mouvement franciscain laïc, et Christine Pache, de Fontaine de la miséricorde, remplacée par Anne Collaud, du même mouvement. Dominique Schenker, de l’Apostolat de la prière, a été nommé vérificateur des comptes en remplacement de Jean-Claude Clerc. L’assemblée s’est terminée par une collation. (cath.ch-apic/gdsc)

Des membres de La Communauté romande de l’apostolat des laïcs (CRAL), ici réunis pour les journées thématiques | © Jean-Claude Gadmer
20 juin 2016 | 08:53
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 5 min.
cléricalisme (37), CRAL (22), Laïcs (41), Marc Ouellet (56)
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