Soleure: Mgr Felix Gmür, nommé nouvel évêque de Bâle

Pour une Eglise proche des gens

Soleure, 23 novembre 2010 (Apic) L’abbé Felix Gmür, 44 ans, actuel secrétaire général de la Conférence des évêques suisses (CES), est le nouvel évêque de Bâle. Son élection, le 8 septembre dernier par les 18 chanoines du chapitre cathédral du diocèse de Bâle, en vertu de dispositions concordataires remontant à 1828, a été confirmée par le pape Benoît XVI, qui l’a nommé évêque de Bâle le 23 novembre 2010.

Mgr Felix Gmür sera ordonné le dimanche 16 janvier 2011 en la cathédrale des Saints-Ours-et-Victor à Soleure par son prédécesseur sur le siège de Bâle, le cardinal Kurt Koch, depuis le 30 juin dernier président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Mgr Gmür, qui n’a pas encore eu le loisir de se choisir une devise épiscopale, se veut d’emblée à l’écoute des gens de la base. Le jeune évêque, qui jouit d’un grand capital de confiance dans son diocèse, est connu bien au-delà des frontières suisses, notamment en raison des relations qu’il a pu créer à son poste de secrétaire général de la Conférence des évêques suisses, qu’il occupe depuis 2006.

C’est le Jurassien Denis Theurillat, évêque auxiliaire du diocèse, qui a présenté avec beaucoup d’émotion le nouvel évêque, né le 7 juin 1966 à Lucerne. Après des études de philosophie, de théologie et d’histoire de l’art à Munich, Paris et Fribourg, couronnées par un doctorat en 1997, Felix Gmür a été ordonné prêtre en 1999 à Lucerne. Après des études bibliques à l’Université grégorienne de Rome, de 2001 à 2004, il a eu la charge du séminaire St-Beat à Lucerne en tant que vice-supérieur de 2004 – 2006, tout en étant prêtre auxiliaire dans les paroisses de Menzingen et de Neuheim.

Mgr Theurillat s’est vivement réjoui du choix des chanoines du chapitre, en lançant «Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie, alléluia!», tout en soulignant qu’il s’agissait d’un «jour historique pour le diocèse de Bâle», «un jour rempli d’émotion, de satisfaction et de reconnaissance». L’évêque auxiliaire a également relevé que la Conférence diocésaine, qui rassemble des représentants des dix cantons constituant le diocèse (Argovie, Berne, Bâle-Campagne, Bâle-Ville, Jura, Lucerne, Schaffhouse, Soleure, Thurgovie et Zoug) n’avait biffé le nom d’aucun des 6 candidats que lui avaient transmis les chanoines. Pour lui, c’est là aussi un signe de bon augure!

La question de l’accès des femmes au sacerdoce n’est pas à l’ordre du jour

Interrogé par les journalistes, qui se pressaient nombreux mardi à l’ordinariat du diocèse à Soleure, le nouvel évêque de Bâle – un diocèse réputé «parmi les plus difficiles» – s’est montré confiant, déclarant prendre les choses comme elles viennent. Il s’est dit agréablement surpris de la confiance que lui ont accordée les chanoines en l’élisant, promettant d’en être digne. Questionné sur le modèle d’évêque qui l’inspire, Mgr Gmür a mentionné d’emblée saint Charles Borromée, archevêque de Milan, «un évêque proche des gens», dont on fête cette année les 400 ans de sa canonisation. Le nouvel évêque a précisé vouloir aller lui-même à la rencontre des fidèles, des paroissiens, partager avec eux leurs joies et leurs soucis, rencontrant les gens à l’instar de Jésus cheminant de la Galilée à Jérusalem. «Rester proche des gens est un des plus grands défis de l’Eglise», a-t-il lancé.

Pour le nouvel évêque de Bâle, la question de l’accès des femmes au sacerdoce n’est pas à l’ordre du jour. Le mois dernier, il était en Afrique, et il a pu constater que les évêques sur place ont d’autres priorités, qui sont aussi les préoccupations des chrétiens, comme l’accès de la population à la nourriture en suffisance, à l’éducation et à la santé pour tous. Par contre, Mgr Gmür plaide pour un plus grand accès des femmes à des postes stratégiques dans l’Eglise, là où c’est possible. Et de relever que dans ce domaine, le diocèse de Bâle est exemplaire, en notant par exemple la forte présence de femmes professeurs à la Faculté de théologie de l’Université de Lucerne.

Célibat sacerdotal et «viri probati»

Quant au célibat des prêtres, il a assuré bien le vivre personnellement, même si beaucoup de contemporains ont de la difficulté à comprendre ce choix de vie. Comme beaucoup d’évêques dans le monde, il ne pense pas que la vocation sacerdotale doit être intrinsèquement liée au célibat, mais estime que ce thème doit être discuté au plan de l’Eglise universelle. Concernant l’ordination sacerdotale de «viri probati» – des hommes mariés «éprouvés» – que réclament par la voie d’une pétition des catholiques du Jura, il comprend certes l’impatience des fidèles. Mais il estime que là également, on ne peut résoudre le problème au niveau de l’Eglise locale, et que cela doit également être discuté au plan de l’Eglise universelle. Il ne faut pas créer de faux espoirs, car il faut également à ce sujet une unité entre les évêques, qui n’existe même pas en Europe.

L’Eglise, en tant que «global player» devrait aussi avoir des règles «globales», afin que tout ne parte pas dans tous les sens, estime-t-il. Tout en reconnaissant qu’à notre époque, l’Eglise catholique vit à des vitesses différentes au niveau mondial, il note cependant qu’à l’époque de la mondialisation, le monde a tendance à s’homogénéiser.

Interrogé sur la question des abus sexuels dans l’Eglise, Mgr Gmür a affirmé sans ambages que «tout abus sexuel est un scandale et est pour nous insupportable», et que tout doit être mis en œuvre pour que de tels actes ne se reproduisent plus. «Pour nous, c’est tolérance zéro et transparence totale!», qualifiant cette attitude de pas important pour regagner la confiance dans l’Eglise. Finalement, à propos du champ de tensions entre Eglise locale et Eglise universelle, le nouvel évêque a demandé aux Suisses d’apprendre à être plus solidaires avec les autres. «On n’est pas le nombril du monde, on peut aussi apprendre des autres Eglises». Dans son souci de maintenir l’unité au sein de l’Eglise, son maître mot est de toujours se respecter et de «dialoguer!» (apic/be)

23 novembre 2010 | 16:55
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 4 min.
Partagez!