Genève: Inauguration de la nouvelle synagogue de la Communauté israélite Libérale de Genève (GIL)

Première Maison Communautaire juive construite en Suisse depuis un demi-siècle

Genève, 15 mars 2010 (Apic) La Communauté israélite Libérale de Genève (GIL) – qui rassemble en son sein un tiers de la population juive du canton de Genève, estimée à quelque 4’000 personnes – dispose désormais d’une très belle synagogue, à la Maison Communautaire juive, sise au 43 de la Route de Chêne, à Genève. Ce lieu, baptisé «Beith-GIL», est inauguré lundi soir 15 mars 2010 en présence d’un millier d’invités, dont les représentants des autorités politiques genevoises, mais également des diverses communautés religieuses présentes dans la Cité de Calvin (*). Le «Beith-GIL» est la première Maison Communautaire juive construite en Suisse depuis près d’un demi-siècle.

Ce n’est pas tous les jours qu’un nouvel édifice religieux voit le jour à Genève. La synagogue accueille désormais la communauté israélite libérale de Genève, qui était depuis longtemps trop à l’étroit dans ses anciens locaux au quai du Seujet, qu’elle occupait depuis 1984.

La communauté israélite libérale est en pleine croissance

En près de 40 ans, le GIL a bien grandi: de la trentaine de personnes qui se réunissaient dans une pièce unique à Moillebeau dans les années 70, la Communauté israélite libérale de Genève est passée à plus de 300 membres en une quinzaine d’années, alors que plus de 1’500 personnes y adhèrent aujourd’hui, notamment des anglophones travaillant pour des entreprises multinationales ou des organisations internationales.

La nouvelle synagogue, de conception moderne, la seule actuellement au monde bâtie en forme de «chofar» – une corne de bélier utilisée par le rabbin lors des grandes fêtes juives – s’ajoute aux 3 autres synagogues en site propre qui relèvent, elles, de communautés juives traditionalistes. Quelques autres lieux de prières juives existent dans des locaux installés dans des bâtiments privés.

Au 43 de la Route de Chêne, contrairement aux milieux juifs traditionalistes, les femmes et les hommes sont parfaitement égaux, confie à l’Apic le rabbin François Garaï. «Ici, quand on entre dans la synagogue, il n’y a plus de différence…» «Elles peuvent comme eux lire la Torah devant les fidèles, elles ne sont pas séparées», confirme Karin Rivollet, membre de la communauté libérale. Des femmes de milieux traditionalistes rejoignent la GIL pour cette raison. «Mais cela va dans les deux sens, car certaines vont vers les traditionalistes, pensant qu’on va trop loin dans notre adaptation à la modernité», note-t-elle.

Un coût de 12 millions de francs suisses, couvert par quelque 400 donateurs privés

D’un coût de 12 millions de francs suisses, sans compter le prix du terrain (une parcelle de quelque 1’500 m2 en zone de développement, qui a dû être déclassée et a pu être traitée en priorité par les autorités, parce que le GIL est d’utilité publique, en raison de son rôle cultuel et culturel), la nouvelle construction a été entièrement payée par plus de 400 donateurs privés. Parmi eux, des sponsors importants comme feu le baron de Rothschild ou la famille Nordmann.

Au cours d’une conférence de presse lundi, le rabbin du GIL François Garaï a souligné la forme particulière du bâtiment, le «chofar» étant aussi d’après la tradition juive le signal du début de l’ère messianique. Si c’est un bâtiment moderne, ajoute-t-il, à l’image du judaïsme libéral, «nous avons aussi pensé à la symbolique, c’est essentiel!». «Chacun de ses détails a été étudié avec soin afin d’évoquer certains paramètres essentiels à la compréhension que nous avons de notre univers et de notre Tradition. Nous avons ainsi souhaité que ce bâtiment soit porteur d’un message, celui de la tolérance et de l’ouverture vers l’extérieur».

Un bâtiment à forte sensibilité écologique

Le bâtiment, à la demande des jeunes de la communauté, précise Jean-Marc Brunschwig, président du GIL, a été conçu de la façon la plus écologique possible: c’est le premier bâtiment communautaire du canton à avoir été construit selon le label «Minergie +», deux fois plus sévère que le label Minergie. Il est éclairé uniquement par des «LEDs» qui consomment très peu d’énergie.

Réalisée par Daniel Schwarz et Massimo Bianco, du Groupement d’Architectes SA, la synagogue de la Route de Chêne est un exemple réussi de modernité qui permettra d’accueillir un total de 800 personnes, répondant ainsi aux besoins religieux et sociaux de la communauté. Le bâtiment n’utilise ni gaz ni mazout pour le chauffage et la climatisation. Il consomme ainsi dix fois moins par m2 que la moyenne des autres bâtiments genevois rien que pour le chauffage, à savoir environ 15kWh par m2 et par an, insiste Jean-Marc Brunschwig.

A l’intérieur de la synagogue, l’Arche – où sont déposés les rouleaux de la Torah, dont certains proviennent de Tunisie, de Russie, de Tchécoslovaquie voire d’Irak – est placée devant un mur de pierre ocre en provenance de Jérusalem. A l’extérieur, un lieu de mémoire a été construit, un monument du souvenir de la Shoah coulé en bronze tel qu’il n’en existe pas d’autres de ce type en Suisse. Il a été réalisé par l’artiste genevoise d’origine marocaine Isabelle Perez (Isaz). Tout à côté de l’œuvre de cette juive séfarade, sur la façade extérieure de la synagogue, seront apposés les noms de celles et ceux que la Communauté souhaite garder en mémoire. JB

(*) La Maison Communautaire «Beith-GIL» et sa très belle synagogue en forme de «chofar» – peut-être le plus ancien instrument à vent que l’homme connaisse, il est fait généralement d’une la corne évidée de bélier – est inaugurée officiellement ce lundi soir en présence des autorités politiques genevoises, dont le président du Grand Conseil Guy Mettan, le conseiller d’Etat Mark Müller, la conseillère administrative de la Ville de Genève Sandrine Salerno. L’ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss sera également présente. Les représentants religieux qui participent à la cérémonie sont l’évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, Mgr Pierre Farine, le Swami hindou Amaranda, un bonze bouddhiste, le vénérable Tawalama Dhammika, le pasteur Philippe Reymond, modérateur de la Compagnie des pasteurs, l’imam musulman Youssef Ibram, et Nicolas Junod, de la communauté Bahaïe, président de la Plateforme interreligieuse de Genève. (apic/be)

15 mars 2010 | 17:28
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 4 min.
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