Iran: La communauté juive de Téhéran demande à Obama de saisir la main tendue de Rohani

Près de 25’000 juifs vivent encore en Iran

Jérusalem, 16 octobre 2013 (Apic) Alors que Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou intervient tous azimuts pour le maintien des sanctions contre l’Iran, Homayoun Sameyah Najaf Abady, chef de la communauté juive de Téhéran, salue le timide rapprochement diplomatique entre Washington et Téhéran. Il a publié une lettre ouverte à Barack Obama, lui demandant de saisir l’occasion «en or» qui lui est offerte par le nouveau gouvernement du président Hassan Rohani, qui aimerait normaliser ses relations avec l’Occident. Le responsable juif iranien estime qu’une telle occasion pourrait ne pas se représenter.

L’Iran ne fait pas pression sur la communauté juive iranienne afin qu’elle prenne part à une soi-disant «offensive de charme», a déclaré au quotidien «The Jerusalem Post» Aryeh Levin, un ancien diplomate israélien qui fut en poste à Téhéran entre 1973 et 1977, soit avant la révolution islamique.

Des voix critiques ont laissé croire que le gouvernement de la République islamique avait incité les juifs locaux à faire de telles déclarations en faveur du régime des ayatollahs. «Ce que je pense, c’est que personne n’a fait de pression sur eux pour parler en faveur du gouvernement». La situation des juifs iraniens, a-t-il expliqué, est «assez difficile, même s’ils vivent bien et que personne ne les dérange vraiment ces temps-ci». Pourtant, a-t-il ajouté, «ils veulent se trouver du bon côté». L’ancien diplomate pense que ses coreligionnaires ont fait cette déclaration non sollicitée «juste pour s’assurer que tout allait bien se passer dans le futur».

Dans sa lettre au président Obama, Homayoun Sameyah Najaf Abady a également rejeté l’affirmation du Premier ministre israélien selon laquelle le peuple iranien se verrait privé de toutes ses libertés individuelles. «Nous, les juifs iraniens, en tant que minorité religieuse iranienne, avons participé aux élections et élu librement notre président populaire». Et d’estimer, comme le reste des acteurs de l’économie iranienne, que la communauté juive d’Iran, forte de près de 25’000 âmes, a beaucoup souffert des sanctions occidentales et souhaiterait leur levée.

Encadré

Les trois quarts des juifs ont quitté l’Iran après la révolution islamique

La communauté juive d’Iran compte parmi les plus anciennes du monde. Ses membres descendent des juifs restés dans la région après l’exil en Babylone, lorsqu’en 528 av. J.-C. le roi Cyrus permit aux juifs de retourner à Jérusalem et d’y rebâtir leur temple. Peu à peu, les communautés de Babylone essaimèrent vers les provinces et les cités perses de l’intérieur.

Les juifs iraniens étaient entre 80’000 et 100’000 avant la révolution islamique de 1979. La Constitution de la République islamique d’Iran reconnaît trois minorités non musulmanes: les chrétiens, qui sont quelque 70’000, appartenant à diverses obédiences; les zoroastriens, la plus ancienne religion de la Perse, qui sont environ 30’000 et possèdent encore leurs «temples du feu»; et enfin les juifs, qui sont encore près de 25’000 et disposent d’une dizaines de synagogues dans la capitale Téhéran. La population iranienne compte 78 millions d’habitants, essentiellement musulmans chiites.

Les juifs d’Iran assurent être bien intégrés dans la société et ne sont pas la cible d’attaques directes, même si l’Etat d’Israël est désigné comme l’ennemi numéro un. Nombre de jeunes juifs iraniens, cependant, choisissent d’émigrer, car ils ne pensent pas avoir d’avenir dans ce pays. La communauté juive iranienne possède des synagogues, des écoles, une bibliothèque et un hôpital. Elle a également, en la personne de Siamak Moreh Sedgh, un député au Majlis, le Parlement iranien, qui compte des sièges réservés pour les minorités religieuses reconnues, les «gens du Livre», à savoir les chrétiens, les juifs et les zoroastriens. (apic/be)

16 octobre 2013 | 16:13
par webmaster@kath.ch
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