Romandie: De plus en plus de catéchumènes cheminent vers le baptême
Près de 300 enfants et 77 adultes ont répondu à l’appel décisif
Fribourg, 9 avril 2014 (Apic) Au début du Carême 2014, près de 300 enfants et adolescents ont répondu à l’appel décisif en Suisse romande en vue d’être baptisés, en principe lors de la Veillée de Pâques. Dans la plupart des cas, les parents ont fait le choix de ne pas baptiser leur nouveau-né, mais l’ont inscrit à la catéchèse. La question du baptême apparaît souvent lorsque les camarades de classe se préparent à la première communion.
«La progression du nombre d’enfants est linéaire et constante. L’événement d’Eglise qu’est la première communion, où le sacrement est très festif, mobilise encore les parents qui ont «oublié» la tradition de l’Eglise qui les invite à demander le baptême dès la naissance de leur enfant», indique à l’Apic Marie-Adèle Praz, responsable du service du catéchuménat dans le diocèse de Sion. Cette année, 45 enfants en âge de scolarité et 16 adultes du Valais ont répondu «oui» à l’appel décisif, qui est la dernière étape avant le baptême. Il y a 4 ans, il n’y avait que 11 enfants et 6 adultes.
Cette tendance à la hausse n’est pas que conjoncturelle. «Les raisons sont multiples. Elles sont l’effet domino de multiples facteurs qui engendrent une déchristianisation du monde Occidental», ajoute Marie-Adèle Praz, qui met en évidence le changement profond de société qu’elle observe depuis quelques décennies en Valais. La société de nos parents était davantage mono-culturelle, avec des points de repères bien établis, les valeurs fondamentales n’étaient pas remises en cause, les liens familiaux et sociaux demeuraient très forts, la foi se transmettait d’une génération à l’autre et le don du baptême était porté par le milieu, relève-t-elle pour l’Apic.
Par contre, la société de nos enfants est davantage pluraliste et laïque, les points de repères sont absents, les valeurs remises en question, les liens familiaux et sociaux sont moins étroits et même parfois brisés, la transmission de la foi ne va pas de soi et, dans ce contexte, le don du baptême relève d’un véritable choix.
Enfants en âge de première communion
Le constat est à peu près le même dans les autres cantons romands, avec parfois des nuances. «L’appel décisif, en mars dernier, a rassemblé 84 enfants et adolescents en âge de scolarité obligatoire. Une majorité est constituée d’enfants de 3e primaire, donc en âge de première communion. Ils suivent généralement la catéchèse et prennent davantage conscience qu’ils ne sont pas baptisés lorsque leurs camarades de classe s’inscrivent au parcours de première communion. Ils se préparent alors sur un parcours de 1 à 2 ans», a indiqué à l’Apic Claudien Chevrolet, responsable du catéchuménat au service de catéchèse du canton de Fribourg, partie francophone. Là également, la tendance des catéchumènes est à la hausse. Ils étaient 55 en 2013. «Il y a davantage d’adolescents qu’autrefois, ce qui représente un nouveau défi pour le Service de catéchèse. Comment accompagner ces ados de façon plus spécifique? Actuellement, ils rejoignent des groupes d’enfants ou sont regroupés, selon les situations», précise Claudien Chevrolet. Les cheminements vers le baptême se font en groupe, en dehors des temps habituels de catéchèse. L’insertion locale est importante, relève le responsable du catéchuménat, car c’est essentiellement dans leur paroisse ou leur unité pastorale qu’ils vivent leur engagement.
Difficile de cerner le motif des variations
Le canton de Genève a accueilli 64 enfants et jeunes le 9 mars à Bernex. «Il y a chaque année des variations, et il est difficile d’en cerner les motifs», indique Martine Bulliard, responsable du catéchuménat au Service catholique de catéchèse du canton de Genève. L’an dernier, le canton avait accueilli 55 enfants et jeunes.
Les motifs pour lesquels ces catéchumènes n’ont pas été baptisés alors qu’ils étaient bébés sont liés à des situations familiales très diverses (choix des parents, difficultés conjugales, …). Ces catéchumènes proviennent des différentes régions du canton et on ne peut pas vraiment cerner une tendance en fonction de la provenance nationale, affirme Martine Bulliard. Tout comme dans les autres cantons, on note très peu de conversions. Il arrive parfois qu’un enfant soit issu d’une famille mixte, musulmane – catholique.
Laisser choisir l’enfant
Le catéchuménat est un phénomène davantage urbain, selon Katia Cazzaro Thiévent, chargée du catéchuménat dans un canton de Vaud, fortement marqué par une tradition œcuménique. Beaucoup de couples mixtes veulent laisser choisir leur enfant et mais l’inscrivent à la catéchèse. Cette année, près de 60 enfants et adolescents vaudois (entre 8 et 14 ans) devraient être baptisés dans leur paroisse durant la Veillée de Pâques.
Le canton de Neuchâtel a accueilli pour sa part 28 enfants à l’appel décisif au début du Carême. «Il est difficile de parler d’une tendance à la hausse, car d’une tous ne seront pas forcément baptisés et d’autre part la progression n’est pas forcément régulière», indique à l’Apic Nicolas Blanc, responsable du Service Formation dans le canton de Neuchâtel. Ajoutant: «Fort heureusement, la grâce de Dieu ne se réduit pas aux statistiques et nous surprend toujours…».
Dans le Jura pastoral (Jura et partie francophone du canton de Berne), le catéchuménat des enfants est du ressort des paroisses. Il est donc difficile de savoir leur nombre exact. «Mais pas plus de 30», indique Philippe Charmillot, responsable du Service du cheminement de la foi. Quant aux adultes, dont la prise en charge est assurée par la partie francophone du diocèse de Bâle, ils étaient 5 à répondre à l’appel décisif cette année. Leur nombre varie de 0 à 6 ces dix dernières années, selon les données transmises par France Crevoisier, adjointe du Vicaire épiscopal pour la pastorale et ancienne responsable du catéchuménat.
Encadré 1:
56 adultes de tous les cantons du diocèse (Vaud, Genève, Fribourg et Neuchâtel) ont répondu le 8 mars dernier à Genève à l’appel décisif vers le baptême. Ce nombre relativement modeste ne constitue que la pointe visible de l’iceberg. Les enfants des années 1980, une période marquée par une baisse constante de la pratique religieuse et une forme de rejet des Eglises, parviennent maintenant à un âge où les circonstances de la vie font resurgir la question de la foi: mariage, naissance des enfants, décès d’un proche, … Mais si beaucoup parmi eux contactent l’Eglise catholique et rencontrent un responsable du catéchuménat, ils sont près de 40% à renoncer par la suite à poursuivre le cheminement vers le baptême, relève Katia Cazzaro Thiévent, chargée du catéchuménat dans un canton de Vaud. «Soit ils s’aperçoivent ce n’était pas le bon moment pour eux, soit leurs motivations n’étaient pas aussi profondes qu’ils le croyaient», souligne-t-elle. Certains, par exemple, voulaient être baptisés pour se marier à l’église. Ou il arrive que des étrangers, issus de pays où la religion et la politique ne sont pas clairement séparées, pensaient devenir chrétiens pour obtenir des avantages sociaux.
Des conversions existent aussi, affirme Katia Cazzaro Thiévent, «Mais elles sont rares. Il s’agit par exemple de personnes issues de l’islam mais qui n’avaient pas de liens très étroits avec leur communauté de base ou qui ont un grand-parent chrétien. Parfois aussi, des bouddhistes qui ont découvert cette relation privilégiée au Christ, en côtoyant un conjoint ou des amis chrétiens».
Plus nombreux, par contre sont les réformés qui deviennent «accueillis dans la pleine communion de l’Eglise catholique». Leur baptême étant reconnu par l’Eglise catholique, ils ne seront pas rebaptisés, mais accueillis lors d’une célébration puis inscrits dans les registres paroissiaux.
Katia Cazzaro Thiévent relève un autre phénomène parallèle au catéchuménat: le nombre croissant d’adultes baptisés dans la petite enfance qui sont en chemin vers la confirmation. «Ils étaient 120 l’an dernier et seront une centaine cette année dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Leur nombre a pratiquement doublé en 4 ans». Ces adultes avaient renoncé d’eux-mêmes à la confirmation alors qu’ils étaient jeunes et, au terme d’un cheminement personnel, demandent de recevoir le sacrement à l’âge adulte.
S’ajoutent à cette centaine de confirmands adultes suivis par les services catéchétiques plusieurs dizaines de catholiques qui se mettent également en chemin vers la confirmation avec leur Mission linguistique ou avec un prêtre de l’étranger, notamment dans le cadre de la préparation au mariage.
Encadré 2:
Enfants / Adultes
Valais (diocèse de Sion) 45 / 16
Jura pastoral env. 20 à 30 / 5
Genève 64
Vaud 60
Fribourg 84
Neuchâtel 28
Diocèse LGF / 56 (dont 36 Genevois)
Total: env. 300 / 77
Encadré 3:
Le chemin de l’initiation chrétienne est constitué de quatre temps séparés par trois étapes.
– Le pré-catéchuménat
C’est un temps de première évangélisation, de découverte de la personne du Christ et de la communauté chrétienne. Temps de progression pendant lequel «s’opère une double transformation chez la personne qui est de l’ordre de la foi et de l’ordre du changement de vie (conversion)» et dont la durée est propre à chacun ; il conduit à la célébration de l’Entrée en catéchuménat.
– Première étape: l’Entrée en catéchuménat
Au terme de la période de pré-évangélisation, le pré-catéchumène entre dans la communauté chrétienne où il reçoit le nom de catéchumène. Au cours d’une célébration, il exprime publiquement son désir de poursuivre sa découverte du Christ ; il est marqué du signe de la croix et reçoit le livre des Évangiles.
Sa durée est variable (en général un à deux ans, selon les régions), il s’achèvera – au sens strict – par la célébration de l’Appel décisif au début du carême, et – au sens large – à la veillée pascale au cours de laquelle le catéchumène adulte recevra les sacrements de l’Initiation chrétienne.
– Deuxième étape: l’Appel décisif et inscription du nom
C’est l’évêque ou son représentant, au début du temps de Carême, qui appelle solennellement tous les catéchumènes de son diocèse qui y sont prêts, à recevoir le baptême au cours de la prochaine vigile pascale. Chacun est présenté par sa communauté, chacun est appelé par son nom et vient à la rencontre de l’Évêque, et chacun signe de sa main les registres de l’Eglise.
– Troisième étape: le baptême ou les sacrements de l’Initiation chrétienne
Habituellement à la Vigile Pascale, les catéchumènes adultes reçoivent les trois sacrements de l’initiation: baptême, confirmation et eucharistie. En les recevant, le nouveau baptisé devient un chrétien à part entière dans l’Eglise.
Dans le cas d’enfants en parcours vers la première communion, le catéchumène reçoit le baptême lors de la Veillée pascale et poursuit son cheminement vers l’Eucharistie en compagnie des autres premiers communiants.
– Le temps de la mystagogie
Ce mot grec signifie «entrée dans le mystère». Il s’étend tout au long du temps pascal. Les nouveaux baptisés, appelés «néophytes» découvrent la richesse de ce qu’ils ont reçu, ils en recueillent l’expérience et les fruits.
(Source: Site internet de l’Eglise catholique à Paris)
(apic/bb)