Le Père Michel Deneken a été élu président de l'Université de Strasbourg le 13 décembre 2016 (Photo: Wikimedia Commons)
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Prêtre et président d'université: une rareté qui fait débat en France

Fait rarissime dans l’Hexagone: Michel Deneken, prêtre et théologien, a été élu le 13 décembre à la tête de l’Université de Strasbourg. Alors que certains dénoncent une «entorse au principe républicain de la neutralité des services publics», le principal intéressé estime «qu’il n’y a pas d’atteinte à la laïcité».

Prêtre et président d’université d’Etat. En France la question suscite des débats nourris. Le Père Michel Deneken a été élu le 13 décembre dernier président de l’Université de Strasbourg avec une large majorité de 26 voix contre neuf et une abstention. Quelques jours avant son élection pressentie, le Syndicat national de l’enseignement supérieur (Snesup-FSU) transmettait pourtant «ses plus vives réserves». Vendredi 9 décembre, à l’occasion du 111e anniversaire de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat français, il dénonçait une «entorse au principe républicain de laïcité».

Une longue carrière académique

Des craintes infondées, selon Michel Deneken. «Je suis un enseignant-chercheur nommé par le président de la République avec les mêmes devoirs, la même liberté que tous les enseignants-chercheurs», déclarait-il à la presse en marge de son élection.

Le prêtre gravite depuis plusieurs années dans le monde académique. Il enseigne la théologie depuis 1989 à l’Université de Strasbourg avant de s’être vu confier le poste de premier vice-président durant huit ans. Depuis septembre 2016, il occupe la présidence par intérim de l’université alsacienne. Des mandats «qui n’ont jamais posé de problème», selon lui. «Les engagements et les convictions existent chez chacun mais l’université est le lieu où ces appartenances n’interviennent pas dans le travail d’enseignement et de recherche, dans le respect de la loi républicaine et des règles de déontologie et d’éthique».

Une déclaration qui ne convainc pas sa principale rivale dans cette élection. «Même s’il n’est pas chargé d’une paroisse, il est prêtre à vie et soumis à l’autorité ecclésiastique, affirme Hélène Michel, professeur de science politique, au journal Le Monde. D’où nos craintes pour la réputation de l’Université mais aussi concernant le contenu des recherches».

Polémique franco-française

La situation est unique en France, puisque Strasbourg est la seule université publique française à disposer de facultés de théologie catholique et protestante. Une particularité propre à l’Alsace-Moselle – en territoire allemand lorsque le régime concordataire a été abrogé par la séparation des Églises et de l’État en 1905 en France.

«Cette polémique me semble très franco-française, commente pour sa part Patrick Hetzel, député Les Républicains du Bas-Rhin. De nombreuses universités à travers le monde ont des facultés de théologie et des présidents théologiens». Ce fut notamment le cas en Suisse où le Père dominicain Guido Vergauwen dirigea l’Université de Fribourg de 2007 à 2015 sans que cela ne suscite de polémiques. (cath.ch/pp)

Le Père Michel Deneken a été élu président de l'Université de Strasbourg le 13 décembre 2016
15 décembre 2016 | 14:25
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture: env. 2 min.
France (492), Théologie (96), Université (81)
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