Publication d'une conversation privée du pape avec des jésuites polonais

La revue jésuite Civiltà Cattolica, traditionnellement relue en Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, publie dans son numéro à paraître du 10 septembre 2016, le contenu d’une conversation privée entre le pape François et un groupe de jésuites polonais, lors de son voyage en Pologne pour les Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ), le 30 juillet dernier.

Dans cet échange simple et spontané, auquel a participé le directeur de la revue, le Père jésuite Antonio Spadaro, le pape demande notamment d’enseigner le «discernement spirituel» aux jeunes séminaristes pour tenir compte des «situations concrètes» des fidèles.

Au cours de son voyage en Pologne pour les JMJ, le pape François avait rencontré en privé, le 30 juillet, un groupe de 38 jésuites. Après avoir répondu à trois questions portant sur sa façon de parler aux jeunes, sur le rôle d’une université jésuite ou encore sur la manière dont lui-même a rejoint la Compagnie de Jésus, le pape François a souhaité prolonger, à l’improviste, cette brève rencontre privée à l’archevêché de Cracovie, pour faire une «dernière recommandation» à ses interlocuteurs, relate le bimensuel jésuite. «Je vous demande de travailler avec les séminaristes, leur a-t-il lancé. Surtout donnez-leur ce que nous avons reçu par les Exercices: la sagesse du discernement».

Croître dans le discernement spirituel

«L’Eglise aujourd’hui a besoin de croître dans la capacité de discernement spirituel», a poursuivi le pape jésuite, mettant en garde contre «certains plans de formation sacerdotale» qui «courent le danger d’éduquer à la lumière d’idées trop claires et distinctes, et donc d’agir avec des limites et des critères rigidement a priori, en faisant abstraction des situations concrètes». Dès lors, a déploré l’évêque de Rome, «les séminaristes, devenus prêtres, se trouvent en difficulté pour accompagner la vie de nombreux jeunes et adultes».

Le pape François s’est notamment arrêté sur le difficile exercice de la confession, pour les jeunes prêtres: «beaucoup de gens sortent du confessionnal déçus. Non pas parce que le prêtre serait méchant, mais parce qu’il n’a pas la capacité de discerner les situations». Il doit s’agir d’un discernement pastoral qui «respecte le droit, mais qui sache aller plus loin», a recommandé le pape. «Dans la vie, rien n’est tout noir sur blanc ou blanc sur noir!, a-t-il insisté. Dans la vie, les nuances de gris prévalent. Il faut alors apprendre à discerner dans ce gris». (cath.ch-apic/imedia/bl/rz)