Le pape condamne sévèrement l’avortement,
Quatrième journée de la visite du pape en Pologne (040691)
«cet autre grand cimetière de notre siècle»
Radom, 4juin(APIC) Le pape Jean Paul II a entamé mardi la quatrième journée de son voyage en Pologne, le quatrième séjour du pape dans son pays natal, en faisant étape mardi à Radom, ville de 200’000 habitants située à
une centaine de kilomètres au sud de Varsovie. Radom est célèbre pour avoir
été en 1976 le théâtre d’une protestation ouvrière durement réprimée par le
régime communiste, mais qui allait se révéler décisive dans l’évolution ultérieure de la Pologne. Une révolte à laquelle le pape n’a pas manqué de
faire allusion. Evoquant l’extermination des juifs et des tziganes, le pape
a dénoncé la guerre et la haine raciale. Autres thèmes abordés par le pape
lors de cette journée: l’avortement, cet «autre grand cimetière de notre
siècle», et la sexualité. A ce propos, Jean Paul II a exhorté la société à
se libérer de l’illusion de l’amour libre.
Dans l’homélie de la messe qu’il a célébrée à l’aéroport militaire de
Radom, Jean Paul II n’a pas manqué d’évoquer la révolte ouvrière du 25 juin
1976, ainsi que ses conséquences. «On peut dire, a-t-il dit, que l’année
1976 fut l’introduction des événements successifs des années 1980».
Mais l’homélie du pape consistait surtout dans un commentaire du commandement divin «Tu ne tueras pas», où le pape a abordé les thèmes de la guerre et de l’avortement. Il a rappelé que le siècle présent est «grevé de la
mort de millions d’innocents», à cause, entre autres, d’une nouvelle façon
de faire la guerre qui entraîne une destruction massive de la population
qui n’y prend pas part.
Jean Paul II a évoqué les bombardements, et notamment la bombe atomique,
ainsi que les camps de concentration, en soulignant que la Pologne a été
durement touchée par cette hécatombe. «Sur nos territoires, a-t-il déclaré,
le commandement «Tu ne tueras pas» a été violé dans des millions de crimes
et de délits». Le pape a également évoqué l’extermination des juifs et des
tsiganes, en précisant que tout avait été préparé par des plans inspirés
par «la haine raciale et ethnique». Parlant d’une «idéologie démentielle»,
le pape a constaté: «Au commandement divin «Tu ne tueras pas» a été subsitué le commandement humain «il est permis de tuer», et même «il faut tuer».
le pape s’est encore recueilli devant une grande pierre commémorative
des victimes de la répressioon de 1976, un monument dressé en 1980 par le
syndicat «Solidarité».
Un autre cimetière: l’avortement
Jean Paul II a ensuite abordé le thème de l’avortement, question très
délicate en Pologne, où un débat passionné s’est engagé pour fixer de nouvelles dispositions devant remplacer l’ancienne législation très tolérante
du régime communiste. Dans ce contexte, la position de l’Eglise a été critiquée par beaucoup de Polonais, qui la jugent trop sévère. Le pape s’est
à ce propos clairement exprimer, en parlant d’un autre grand cimetière»,
qui s’ajoute à notre siècle, «celui des enfants à naître, le cimetière des
innocents dont même la mère ne connaît pas le visage!»
Evoquant un film sur l’avortement qu’il a vu récemment et qu’il ne peut
oublier, le pape a vivement déploré qu’il existe des instances, des groupes, des corps législatifs qui légalisent l’avortement, déniant à une instance humaine, à un Parlement, de légaliser le meurtre d’un être humain innocent. Le commandement «Tu ne tueras pas» est plus qu’un interdit, a-t-il
indiqué, il est une invitation à «des attitudes déterminées et à des comportements positifs».
Des raisons d’espérer
A la fin de la messe, le pape a rendu hommage à tous ceux qui, au cours
des siècles, se sont battus pour la justice et pour le droit de la Pologne
à l’indépendance. Il a évoqué à ce propos le temps des insurrections nationales, l’épisode douloureux de la seconde guerre mondiale et la période de
l’après-guerre, avant de conclure sur une note d’espérance: «Nous avons aujourd’hui des raisons d’avoir confiance dans la sagesse de la nation, qui
se construit sur la sagesse de la Croix et sur la confiance dans la Mère de
Dieu».
Pour une protection particulière de l’agriculture
Dans l’après-midi, après avoir béni le séminaire majeur de Radom, le pape s’est rendu à Lomza, proche de la frontière soviétique, une ville de
quelque 60’000 habitants située au nord-est de la Pologne. Le diocèse de
Lomza est suffragant de Vilnius, la capitale de la Lituanie agitée par de
nouvelles tensions. A ce propos, le porte-parole du Parlement lituanien Haris Subacius a fait savoir à l’agence de presse italienne ANSA que le président lituanien Vytautas Landsbergis ne se rendra pas en Pologne pour y
rencontrer le pape en raison de la situation en Lituanie.
Au cours de la messe célébrée à Lomza et à laquelle ont assisté beaucoup
d’agriculteurs polonais et un grand nombre de Lituaniens, Jean Paul II a
dit être au courant des problèmes que rencontrent les agriculteurs polonais
qui «perdent l’espoir». Il a fait allusion à la lettre du monde paysan polonais récemment envoyée au Vatican. Une lettre qui déplorait l’augmentation de la pauvreté et qui dénonçait le rapide enrichissement d’une minorité et le manque de perspective pour la majorité. Le pape a plaidé pour «une
protection particulière de l’agriculture et surtout pour la garantie de la
libre initiative des agriculteurs.
Le pape a enfin traité des problèmes liés à la moralité. Il a exhorté la
société à se libérer de l’illusion de l’amour libre. (apic/cip/jt/pr)