Québec: Le MLQ rejette la présence de signes religieux dans les services publics

«Pour une Charte de la laïcité au Québec»

Québec, 24 mai 2009 (Apic) Des militantes québécoises, sous l’égide du Mouvement laïque québécois (MLQ), rejettent la présence de signes religieux dans les services publics. Elles estiment urgent que le gouvernement du Québec se dote d’une «Charte de la laïcité» établissant la neutralité de l’Etat québécois.

Cette Charte obligerait protestants, catholiques, musulmans ou juifs «d’agir comme des citoyens à part entière dans l’espace public». Les fidèles devraient par conséquent renoncer au port de tout signe religieux. Seraient ainsi prohibés le voile des femmes musulmanes, tout comme le crucifix des chrétiens ou la kippa, la calotte que les juifs portent sur la tête.

Pour ces militantes de la laïcité, la question de la religion est en train «d’attiser le feu du racisme». Les membres du collectif de femmes québécoises considèrent que le port de signes religieux dans l’espace public, par les fonctionnaires et au sein des organismes publics, conduit à la «ghettoïsation». La religion, estiment-elles, est «une croyance personnelle à vivre en privé».

Membre du collectif et auteure de «Ma vie à contre-Coran», Djemila Benhabib, d’origine algérienne, a reçu des menaces de mort sur internet. Elle déplore que si peu de femmes de culture musulmane se manifestent publiquement, tout en reconnaissant que celles qui se réclament de la liberté, de l’égalité et de la laïcité «font fatalement l’objet de menaces et d’intimidation».

Selon Marie-Michelle Poisson, membre du collectif de femmes québécoises et présidente du Mouvement laïque québécois (MLQ), il y a en effet un risque de glissement dû à l’inaction et à l’attentisme du Premier ministre Jean Charest et de la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine Saint-Pierre, ainsi qu’au silence de la Commission Bouchard-Taylor sur la place du religieux dans l’espace public.

La présidente du MLQ a rappelé que lors du dépôt du rapport de la Commission Bouchard-Taylor (*), le gouvernement et les partis d’opposition se sont opposés à la recommandation de retirer le crucifix de l’Assemblée nationale. «Pourtant ce geste symbolique puissant aurait exprimé une volonté d’engagement ferme et résolu en faveur du principe de la neutralité de l’Etat et aurait été un exemple pour l’ensemble de la société», estime Marie-Michelle Poisson.

Le Premier ministre Charest pas pressé d’agir

Face à cette recommandation de retirer crucifix de l’Assemblée nationale, le Premier ministre Jean Charest avait relevé que le crucifix avait une très forte valeur symbolique et qu’il fallait le voir dans une perspective historique. Pour le Premier ministre québécois, le crucifix est un symbole de près de 400 ans d’histoire de cette province canadienne qui ne peut pas être effacé. Rappelons que durant ces près de 4 siècles, l’Eglise au Québec, avec toutes les communautés religieuses, a assumé la quasi-totalité des services sociaux, de santé et d’éducation de la province. De passage à Richelieu, en Montérégie, le Premier ministre Charest a redit que le Québec était une société d’ouverture et a répété qu’il ne voyait pas l’utilité actuellement d’une Charte de la laïcité. JB

(*) Un an après la fin des travaux de la commission Bouchard-Taylor – du nom des deux coprésidents de la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles – les Québécois nourrissent en effet toujours beaucoup de préjugés envers certains groupes religieux. Le philosophe Charles Taylor et le sociologue Gérard Bouchard avaient rédigé une sorte de manifeste pour une société laïque et ouverte, alors que le Québec doit faire face à un certain malaise identitaire. (apic/rvm/pcan/be)

24 mai 2009 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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