Fribourg: Plus de 100 films en provenance de 46 pays à la 27e édition du FIFF

Quelque 30’000 cinéphiles attendus du 16 au 23 mars au Festival de Films de Fribourg

Fribourg, 27 février 2013 (Apic) La 27e édition du Festival International de Films de Fribourg (FIFF), qui se déroule dans la cité des bords de la Sarine du 16 au 23 mars 2013, espère à nouveau attirer quelque 30’000 spectateurs, soit la moyenne de ces dernières années. Le public pourra découvrir durant toute une semaine plus de 100 films venus de 46 pays.

Le FIFF, qui se veut «complémentaire et non concurrent» des festivals de Locarno, Nyon ou Neuchâtel, est le seul en Suisse à jouir d’une situation centrale qui permet d’attirer un public aussi bien romand qu’alémanique, a déclaré à la presse mercredi 27 février son directeur artistique, le Jurassien Thierry Jobin. Ce Festival, qui offre une vitrine des cultures du monde, avec un accent particulier sur les réalités du Sud, est désormais suffisamment reconnu au plan international. Il a ainsi pu obtenir tous les films qu’il souhaitait montrer au public à Fribourg.

Les films en compétition sont tous des premières suisses, européennes ou internationales. Grâce au FIFF, le public a la chance de découvrir, une nouvelle fois cette année, l’espace d’une semaine, un aperçu de productions variées en provenance de diverses régions du monde. «A Fribourg, on peut découvrir tout au long du Festival, des talents à la renommée internationale aussi bien que des espoirs du cinéma, qui ne sont que rarement à l’affiche des programmes officiels de nos salles», insiste le directeur artistique du FIFF.

Pas de films africains en compétition cette année

Douze longs métrages, venant des régions chères au FIFF – Amérique latine, Proche et Moyen Orient et Asie – prennent part à la compétition internationale pour remporter le «Regard d’Or», le Grand Prix du Festival de Fribourg, d’une valeur de 30’000 CHF. Malheureusement, a déploré Thierry Jobin, à la tête du FIFF depuis l’an dernier, «on n’a pas trouvé de films africains, car il n’y en a pas de bons actuellement, et on ne voulait pas de films prétexte. La barre, cette année, a été placée très haut, avec de films de haut vol…» L’Asie, par contre, est particulièrement représentée avec des films des Philippines, du Vietnam, du Japon, de Corée du Sud et de Chine.

En ouverture, le FIFF présentera «Bekas», du réalisateur kurde irakien Karzan Kader, une coproduction entre la Suède, l’Irak et la Finlande, qui combine habilement comédie, récit d’enfance, drame social, peinture de moeurs et «road movie». Dans le Kurdistan irakien de 1990, sous le régime de Saddam Hussein, deux jeunes garçons, Dana et Zana, rêvent de l’Amérique de Superman, le héros dont ils volent quelques images vues par la petite fenêtre d’un cinéma. Orphelins sans logis, ils font tout pour s’en aller… sans passeport, sans argent et avec un âne pour seul moyen de transport.

La mondialisation a brouillé les repères géographiques

«Ce film, tourné par un Irakien exilé en Suède, qui a étudié à l’Académie des arts dramatiques de Stockholm, représente bien ce qu’est devenu le FIFF au cours de ces années», note Thierry Jobin. Il puise dans les racines personnelles du réalisateur. Le cinéaste avait huit ans quand sa famille a fui le Kurdistan irakien, un exode qui l’a amené jusqu’en Suède. La mondialisation étant passée par là, des films «du Sud» peuvent ainsi être tout aussi bien produits au Nord, et cette distinction sur une base géographique n’a aujourd’hui plus beaucoup de sens.

Trois films réalisés par des femmes

La compétition internationale compte cette année douze films provenant de onze pays, dont trois réalisés par des femmes. Trois réalisatrices qui viennent de pays dans lesquels elles ont parfois joué un rôle de pionnières. C’est le cas de Haifaa Al-Mansour, d’Arabie Saoudite, première cinéaste de ce pays fermé où les femmes n’ont même pas le droit de conduire une voiture.

Son film «Wadjda» (Arabie Saoudite, Allemagne 2012) raconte l’histoire d’une fille de onze ans qui a une fâcheuse tendance à défier les règles de la société islamique: elle aime les baskets, fait la course avec un garçon du quartier, et rêve d’un vélo. Ce film, déjà plusieurs fois primé, a créé la sensation ces derniers mois au niveau international.

Dans son premier long métrage «Fill the Void» (Israël 2012), Rama Burshtein (née à New York) montre la vie dans une communauté juive ultra-orthodoxe dominée traditionnellement par les hommes. C’est le premier film réalisé par une femme dans cette communauté hassidique de Tel Aviv. Son regard est d’autant plus juste et touchant qu’elle en fait elle-même partie, notent les organisateurs du Festival de Fribourg. «Fill the Void» a décroché la reconnaissance internationale, tout comme «Watchtower» (Turquie 2012) de la cinéaste d’Istanbul Pelin Esmer, qui compte parmi les talents prometteurs du cinéma turc. Elle présente un drame social, dans lequel elle remet en question le rôle traditionnel de la femme dans la société conservatrice turque.

L’Asie à l’honneur

Les autres films en compétition sont «Three Sisters» (France, Hong Kong 2012), de Wang Bing (né en 1967 en Chine), «une œuvre incroyable, digne de Zola, qui montre de manière poignante le côté peu reluisant de la médaille chinoise», souligne Thierry Jobin, ainsi que «Sleepless Night» (Corée du Sud 2012), du Sud-coréen Jang Kun-jae, «Your Time is up» (Corée du Sud 2012), du cinéaste sud-coréen fraîchement diplômé Kim Sung-hyun, «Penance» (Japon 2012), «un thriller de l’un des plus grands réalisateurs japonais», Kiyoshi Kurosawa, «In the Name of Love» (Vietnam 2012), de Luu Huynh, «Bwakaw» (Philippine 2012), de Jun Robles Lana, «It’s a dream» (Iran 2012), de Mahmoud Ghaffari, «le meilleur film iranien, qui prend aux tripes», «El Limpiador» (Pérou 2012), d’Adrian Saba, «Los Salvajes», du réalisateur argentin Alejandro Fadel.

Cette année, le FIFF compte sur la venue d’une quarantaine d’invités issus de la scène internationale. Il organise toute une série de conférences, de forums et de rencontres. Le Festival a également pensé aux familles. Fort de son expérience, quasi unique, dans la présentation de films aux enfants, à l’enseigne des «scolaires» de Planète cinéma, le Festival organise, pour la première fois, un mini festival destiné aux enfants et aux parents: «FIFFamilles».

Budget de 1,9 million de CHF

Le Festival souligne sa solide assise financière, avec cette année un budget de 1,9 million de CHF, constitué de contrats de partenaires institutionnels, d’apports de sponsors et des entrées. Le FIFF est soutenu par la Loterie Romande, la DDC, l’Office Fédéral de la Culture, l’Agglo, ainsi que le canton de Fribourg, qui s’est engagé avec une contribution accrue et fixe depuis l’an passé. La Ville de Fribourg a offert un soutien supplémentaire en finançant la signalétique du Festival. Des entreprises, des artisans, des médias figurent également parmi les sponsors, ainsi que des œuvres d’entraide et des ONG comme l’Action de Carême, E-Changer ou Pain pour le prochain. Plus d’informations sur www.fiff.ch JB

Historique du Festival International de Films de Fribourg

En 1980, les films issus d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine ne sont que très rarement distribués en Suisse. Pour fêter les 25 ans de l’oeuvre d’entraide Helvetas en Suisse romande, son secrétariat organise un programme de sept films du Sud, qui seront projetés dans plusieurs villes. L’idée fondatrice est simple: faire connaître les richesses culturelles des pays en développement. Le succès remporté par ces projections invite les organisateurs à poursuivre l’expérience. Le Festival des films du Tiers-monde est né, qui deviendra plus tard le Festival International de Films de Fribourg (FIFF). L’Association du Festival International de Films de Fribourg est l’organisme de patronage du Festival. Ses membres fondateurs et institutionnels sont Action de Carême, E-Changer, Helvetas, Missio et Pain pour le prochain. (apic/be)

27 février 2013 | 17:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
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