Querelle liturgique: le cardinal indien Alencherry démissionne

Le pape François a accepté la démission du cardinal indien George Alencherry, âgé de 78 ans, du gouvernement pastoral de l’Église syro-malabare, traversée par une grave crise liturgique, a fait savoir le Saint-Siège le 7 décembre 2023. Le cardinal est confronté depuis des années aux vives contestations d’une partie du clergé qui refuse de mettre en pratique la réforme liturgique votée au sein de cette Église.

Dans une lettre datée du 29 novembre 2023, le pontife exprime sa reconnaissance au cardinal Alencherry, pour son «dévouement» et sa «générosité». Celui-ci était depuis 2011 à la tête de l’archidiocèse syro-malabar d’Ernakulam-Angamaly, comme chef de cette Église catholique autonome qui compte quelque cinq millions de fidèles en Inde et dans la diaspora. Selon la tradition, sa fondation remonte à l’apôtre saint Thomas.

Face aux fortes divisions internes, alors qu’une partie des membres continue à refuser la réforme liturgique votée par le Synode – assemblée des évêques syro-malabars – de cette Église, le cardinal avait donné sa démission en 2019. Rome, rappelle le pape, avait alors «accepté l’avis du Synode […] selon lequel ce n’était pas le bon moment».

Une décision rare

Quatre ans plus tard, le pontife romain accepte à présent la deuxième renonciation présentée par celui qui a été créé cardinal en 2012. Selon le droit canonique oriental, l’évêque curial – équivalent de l’évêque auxiliaire – Mgr Sebastian Vaniyapurackal, devient administrateur de l’Église syro-malabare, en attendant que le Synode élise un nouvel archevêque majeur.

Ce départ reste une situation rare. D’après le droit oriental, un chef d’Église orientale n’est pas tenu de présenter sa démission à 75 ans, comme les évêques de rite latin. Le pape François précise que le cardinal démissionnaire continuera à servir l’Église autrement, notamment en restant membre du dicastère pour les Églises orientales.

Le pape supplie les prêtres de rester dans l’Eglise catholique

Les 12 ans du cardinal Alencherry à la tête de cette Église ont été marqués par plusieurs controverses. Le Saint-Siège a dépêché à plusieurs reprises des émissaires dans le cadre de la querelle liturgique enlisée depuis des décennies. Le cardinal avait été dessaisi de son diocèse en 2018, Rome ayant nommé un administrateur apostolique. Il a aussi été accusé dans des affaires de malversations financières.

Dans ce contexte de crise, le pape François a également fait parvenir un message vidéo aux fidèles syro-malabars, s’adressant directement à eux dans une tentative d’éviter un schisme, alors que le représentant qu’il a envoyé, Mgr Cyril Vasil, a essuyé une fin de non-recevoir sur place en août dernier. Le successeur de Pierre les supplie avec insistance de ne pas devenir «une secte» en se séparant de leur Église.

«Au nom du Seigneur, pour le bien spirituel de votre Église, de notre Église, je vous demande de réparer cette rupture […]. Rétablissez la communion, restez dans l’Église catholique!», exhorte le pontife. Et de s’adresser plus particulièrement aux prêtres, protagonistes de la violente protestation: «Ne vous séparez pas du chemin de votre Église […]. Acceptez de mettre en pratique ce que votre Synode a établi». (cath.ch/imedia/ak/rz)