Qui rendent «insensibles» face au mal

Rome: Benoît XVI dénonce le «mécanisme pervers» des médias

Rome, 8 décembre 2009 (Apic) Benoît XVI dénonce le ›mécanisme pervers’ des médias qui rendent ›insensibles’ face au mal.

Benoît XVI a profité d’un déplacement au cœur de Rome, le 8 décembre en fin d’après-midi, pour déplorer le «mécanisme pervers» du système médiatique qui rend les hommes «insensibles» au mal en les «intoxiquant». Le pape, qui a mis en garde devant la «pollution de l’esprit», a rendu hommage à ceux qui font du bien «en silence». Voici d’amples extraits de cette intervention de Benoît XVI aux accents assez inhabituels, prononcée au pied de la statue de la Vierge, place d’Espagne, au cœur de Rome :

«(…) Que dit Marie à la ville ? Que rappelle-t-elle par sa présence ? Elle rappelle que ›là où abonde le péché, la grâce surabonde’ (Rm 5,20), comme écrit l’apôtre Paul. Elle est la mère immaculée qui redit aussi aux hommes de notre époque : N’ayez pas peur, Jésus a vaincu le mal, il l’a vaincu à la racine, en nous libérant de sa domination».

«Combien avons-nous besoin de cette bonne nouvelle ! Chaque jour, en fait, les journaux, la télévision et la radio nous parlent du mal, répété, amplifié, en nous habituant aux choses les plus horribles, en nous faisant devenir insensibles et, d’une certaine manière, en nous intoxiquant, parce que ce qui est négatif n’est jamais pleinement digéré et, jour après jour, s’accumule. Notre cœur s’endurcit et nos pensées s’assombrissent. C’est pour cela que la ville à besoin de Marie, qui nous parle de Dieu avec sa présence, nous rappelle la victoire de la grâce sur le péché, et nous invite à espérer, y compris dans les situations les plus difficiles humainement».

«En ville, vivent – ou survivent – des personnes invisibles qui, de temps en temps, surgissent en première page des journaux ou sur les écrans télé, et sont exploitées jusqu’au bout, jusqu’à ce que l’information et l’image attirent l’attention. C’est un mécanisme pervers auquel, malheureusement, on a du mal à résister. La ville cache puis expose au public. Sans pitié, ou avec une fausse pitié. Il y a au contraire en chaque homme le désir d’être accueilli comme une personne et considéré comme une réalité sacrée, car chaque histoire humaine est une histoire sacrée qui exige le plus grand respect».

«La ville, chers frères et sœurs, c’est nous tous. Chacun contribue à sa vie et à son climat moral, en bien ou en mal. Dans le cœur de chacun d’entre nous passe la frontière entre le bien et le mal, et aucun de nous ne doit se sentir en droit de juger les autres, mais chacun doit plutôt éprouver le devoir de s’améliorer. Les mass media tendent à nous faire toujours ressentir ›spectateurs’, comme si le mal concernait seulement les autres et comme si certaines choses ne pouvaient jamais nous arriver. Au contraire, nous sommes tous ›acteurs’ et, dans le mal comme dans le bien, notre comportement a une influence sur les autres».

«Nous nous plaignons souvent de la pollution de l’air qui, en certains endroits de la ville, est irrespirable. C’est vrai : il faut l’engagement de tous pour rendre la ville plus propre. Il existe toutefois une autre pollution, moins perceptible à nos sens, mais tout aussi dangereuse. C’est la pollution de l’esprit, c’est celle qui rend nos visages moins souriants, plus sombres, qui nous entraîne à ne pas nous saluer entre nous, à ne plus nous regarder en face… La ville est faite de visages, mais les dynamiques collectives peuvent malheureusement nous faire perdre la perception de leur profondeur. Nous voyons tout en superficie. Les personnes deviennent des corps, et ces corps perdent leur âme en devenant des choses, des objets sans visage, échangeables et consommables».

«Que Marie immaculée nous aide à redécouvrir et à défendre la profondeur des personnes car, en elle, se trouve la transparence parfaite de l’âme dans le corps. (…) ›Là où abonde le péché, la grâce surabonde’. Je veux rendre publiquement hommage à tous ceux qui, en silence, non pas en paroles mais dans les faits, s’efforcent de pratiquer cette loi évangélique qui fait avancer le monde. Ils sont nombreux, y compris à Rome, et ne sont pas dans les journaux (…)».

Comme chaque année, à la tombée de la nuit, le pape est venu place d’Espagne, au cœur de Rome, pour rendre hommage à la Vierge Marie, à l’occasion de la fête de l’Immaculée conception. Il a déposé une couronne de roses blanches au pied de la statue de l’Immaculée conception placée en 1857 à la cime d’une colonne, place d’Espagne, à la demande de Pie IX (1846-1878).

Le dogme de l’Immaculée conception de Marie fut proclamé par Pie IX en 1854 dans la Constitution apostolique Ineffabilis Deus. Ce dogme de l’Immaculée conception, à ne pas confondre avec la conception virginale de Jésus par Marie, stipule que la mère du Christ a «été préservée du péché originel et de toute forme de péché» en vertu d’une grâce exceptionnelle. (apic/imedia/ami/pr)

8 décembre 2009 | 17:31
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 3 min.
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