Le pape Léon XIV lors de sa première messe devant le cardinaux | © Vatican Media
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Léon XIV cédera-t-il sur 'Traditionis custodes'? 2/2

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A entendre certains ‘tradis’, seule la mort du pape François, le 21 avril 2025, les aurait protégés d’une interdiction définitive et totale de la messe tridentine. Ils concentrent désormais tous leurs efforts pour obtenir de Léon XIV l’abrogation de traditionis custodes et le retour à la tolérance qui avait prévalue sous Benoît XVI.

Quatre ans après la publiction de Traditionis custodes, le motu proprio de François restreignant l’usage de la messe tridentine, le nouveau pape Léon XIV n’a pas encore pris publiquement position sur le dossier liturgique. Robert Prevost ne reprendra certainement pas les propos acerbes de François contre les amoureux des ›vieilles dentelles’, mais malgré quelques éléments vestimentaires comme le port de la mosette rouge, rien n’indique sérieusement qu’il soit plus proche des traditionalistes que son prédécesseur.

Vers une plus grande participation des femmes

La décision la plus significative sur la liturgie de ce début de ce pontificat est la constitution, le 7 juillet 2025, d’un groupe consacré à la liturgie au sein du Synode sur l’avenir de l’Eglise. Sa création était explicitement demandée dans le document final de la dernière assemblée synodale en octobre 2024. Le texte soulignait la nécessaire articulation entre «unité du mystère sacramentel et variété des traditions liturgiques», et appelait à un «approfondissement du lien entre liturgie et synodalité». 

Ce texte demandait aussi une plus grande participation des femmes à la liturgie avec la possibilité pour des laïcs – en particulier des femmes – de prêcher lors des messes. La question de Traditionis custodes pourrait être évoquée, mais elle n’est clairement pas prioritaire.

En Europe, des signes d’impatience en ce qui concerne la possible ordination des femmes dans l’Église se donnent à voir. Photo: ‘concélébration’ par Monika Schmid d’une messe à Effretikon (ZH) | © Seraina Boner

Contre la volonté des évêques?

Le meilleur coup médiatique et probablement aussi l’argument le plus solide des traditionalistes est la publication le 2 juillet d’éléments du rapport du Dicastère pour la Doctrine de la foi sur la consultation des évêques menée à ce sujet en 2020. 

Citant l’«évaluation globale», Diane Montagna, journaliste américaine très critique du pontificat de François, rapporte que «la majorité des évêques ayant répondu au questionnaire ont déclaré qu’apporter des modifications législatives à Summorum Pontificum causerait plus de mal que de bien». Elle estimait ainsi que cette évaluation «contredit directement la justification avancée par le pape François pour l’imposition de Traditionis Custodes et soulève de sérieuses questions quant à sa crédibilité ».

Les éléments ainsi présentés «alimentent une reconstruction très partiale et incomplète des processus décisionnels», a immédiatement répondu le Vatican. Plus fondamentalement, un pape n’est pas lié par les résultats d’une enquête auprès des évêques.

Rien dans un avenir proche

Le pape saint Pie V, a imposé la messe tridentine peinture de Bartolomeo Passarotti vers 1600

L’hypothèse la plus probable est donc qu’il ne faut rien attendre du pape Léon XIV concernant Traditionis custodes, en tout cas dans un avenir proche. De nombreuses raisons plaident dans ce sens. Depuis le début de son pontificat, Léon XIV joue clairement la carte de la continuité avec les décisions de son prédécesseur dont aucune n’a été remise en cause. Son style posé fait qu’il évitera toute démarche hâtive. Avant son abrogation Summorum Pontificum a ›tenu’ 14 ans (2007-2021) et Ecclesia Dei 31 ans (1988-2019). Une décision sur Traditionis custodes demandant une large consultation prendrait au minimum plusieurs années.

On peut également argumenter qu’en redonnant aux évêques la responsabilité d’autoriser ou non la messe tridentine, le pape François a pris une mesure dans le sens de la synodalité que Léon ne sera pas du tout enclin à remettre en cause.

Au-delà du débat liturgique, c’est l’héritage du concile Vatican II qui est en jeu, sur lequel Léon XIV ne sera pas moins intransigeant que ses prédécesseurs.

L’hypothèse d’une ›réhabilitation’ de Summorum Pontificum que les milieux traditionalistes réclament poserait en outre une grave question d’autorité: Comment justifier le retour sur une réforme que François avait présentée comme nécessaire à l’unité de l’Eglise?.

Respect des droits acquis

Un autre scénario consisterait à autoriser des ajustements locaux en permettant aux évêques d’accorder plus souplement des dérogations. Mais même dans ce sens, le cadre établi par Traditionis custodes reste nécessaire. Faute de quoi le risque d’arbitraire et de discrimination entre les diocèses est important. On peut signaler ici en outre que plusieurs diocèses et congrégations ont déjà obtenu de Rome le maintien de leurs droits acquis.

Les traditionalistes oublient enfin qu’ils ne sont qu’une infime minorité (probablement de l’ordre de 1% des catholiques), concentrés essentiellement aux États-Unis et en France, même s’ils sont présents dans une soixantaine de pays. Leurs lamentations ont peu de chances de changer quelque chose à l’affaire. (cath.ch/mp)

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Le pape Léon XIV lors de sa première messe devant le cardinaux | © Vatican Media
24 juillet 2025 | 08:02
par Maurice Page

Depuis l’élection de Léon XIV, les milieux traditionalistes, en particulier américains, font le forcing pour obtenir du pape américain l’abrogation du motu proprio Traditionis Custodes par lequel le pape François a restreint en 2021 l’usage de la messe tridentine pré-conciliaire. Léon XIV leur accordera-t-il satisfaction? La question est ouverte, la réponse très incertaine.

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