Etats-Unis: Plus de 750 rabbins dans le monde contre des décisions rabbiniques en Israël

Racisme anti-arabe justifié par la Torah ?

Tel Aviv/New York, 16 décembre 2010 (Apic) Plus de 750 rabbins aux Etats-Unis et dans le monde se sont déclarés «choqués» et «peinés» après la publication récente d’un décret religieux d’une cinquantaine de rabbins municipaux israéliens interdisant de louer ou de vendre de logements à des citoyens arabes israéliens. Les «Rabbins contre la discrimination religieuse» déclarent dans leur pétition que la tentative de justifier des politiques discriminatoires sur des bases religieuses ou ethniques puisées dans la Torah «est une douloureuse distorsion de notre tradition.»

Cette décision à caractère raciste, prônée par le rabbin de la ville israélienne de Safed, Shmouel Eliahu, ne suscite pourtant guère de polémiques parmi les chefs religieux juifs israéliens, peut-on lire dans la presse israélienne. Pour beaucoup en Israël et dans les milieux favorables à une politique discriminatoire envers les non-juifs en Israël, cette décision est cohérente avec les mesures préventives destinées à sauvegarder le caractère juif de l’Etat et de protéger ses citoyens juifs.

Une «profanation du nom de Dieu»

Début décembre, cinquante rabbins ont menacé de frapper d’ostracisme les juifs qui ne respecteraient pas cette interdiction «édictée par la Torah» en louant des maisons à des citoyens arabes israéliens. Le peuple d’Israël connaît les douleurs cuisantes de la discrimination, écrivent pour leur part les «Rabbins contre la discrimination religieuse», «et nous portons encore les blessures de la haine…» Quand ceux qui représentent le leadership rabbinique officiel de l’Etat d’Israël expriment de telles positions, «nous sommes affligés par cette profanation du nom de Dieu», écrivent-ils dans leur pétition.

La communauté juive ultra-orthodoxe en Israël est très disciplinée, écrit la presse israélienne, et cela pourra dissuader les quelques personnes qui pourraient individuellement violer le décret halakhique (loi religieuse juive) en louant des appartements ou des maisons à des citoyens arabes d’Israël. La pétition des «Rabbins contre la discrimination religieuse» laisse entendre que si nombre de juifs à l’extérieur soutiennent le droit à la sécurité des communautés juives en Israël, ils ont de plus en plus de mal à défendre de telles positions, ce qui provoque des sentiments d’aliénation et de prise de distance. Elles fournissent également des justifications «pour un sentiment anti-juif et anti-israélien à travers le monde».

Le «subtil distinguo» du rabbin Haïm Druckman

Responsable des écoles religieuses Bnei Akiva, le rabbin orthodoxe Haïm Druckman, qualifié de «leader sioniste religieux modéré», tente de trouver un compromis à cette interdiction religieuse, en proposant de permettre de louer des propriétés juives à des Arabes israéliens en distinguant entre  » Arabes loyaux» et «Arabes haïssant Israël».

Depuis la publication de la position du rabbin Shmouel Eliahu, quelque 200 autres rabbins ont décidé de signer un document similaire, affirmant vouloir «sauver l’Etat d’Israël d’une prise de pouvoir silencieuse» par des éléments arabes qui, avec l’aide iranienne et saoudienne, «ont décidé d’ébranler la présence juive» en Israël, en achetant des biens immobiliers dans des secteurs entiers d’Israël. (apic/jpost/be)

16 décembre 2010 | 12:51
par webmaster@kath.ch
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