RDC: des dizaines de fidèles massacrés dans une église
Au moins 40 catholiques, hommes, femmes, enfants, ont été tués à coups de fusils et de machettes alors qu’ils étaient réunis dans l’église paroissiale Beata Anuarite pour une veillée de prière nocturne. C’est ce qui s’est passé dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 juillet à Komanda, petite ville du diocèse de Bunia, située dans la province de l’Ituri, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Le massacre a été perpétré par un groupe de rebelles affiliés à l’État islamique qui, en plus d’attaquer l’église catholique, ont semé la mort et la destruction dans tout le centre-ville, détruisant des maisons et des magasins, ces derniers étant incendiés, rapporte l’agence Fides.
Le nombre exact des victimes n’est pas connu, mais les forces de police locales font état de plus de 40 morts (19 femmes, 15 hommes et 9 enfants). Des bénévoles s’affairent à enterrer les morts dans une fosse commune creusée dans le terrain sacré de l’église. Ce qui s’est passé la nuit dernière n’est que le dernier d’une longue série d’attaques. Il y a quelques jours à peine, toujours dans une localité du diocèse de Bunia, une église avait été profanée et, peu avant l’assaut contre la paroisse de Komanda, le village de Machongani avait été attaqué.
Des machettes et des fusils
Selon les médias locaux, les attaques ont été perpétrées par des membres de la Force démocratique alliée (ADF), armés de fusils et de machettes. L’est du Congo a subi ces dernières années des attaques meurtrières perpétrées par des groupes armés, dont l’ADF et des rebelles soutenus par le Rwanda. L’ADF, qui a des liens avec l’État islamique, opère dans la zone frontalière entre l’Ouganda et le Congo et prend souvent pour cible des civils.
Formé à la fin des années 1990 en Ouganda par de petits groupes mécontents du président Yoweri Museveni, le groupe a transféré ses activités au Congo voisin dès 2002, à la suite d’attaques militaires des forces ougandaises, et est depuis lors responsable de la mort de milliers de civils. L’armée congolaise (FARDC) a longtemps eu du mal à contenir le groupe, en particulier dans le contexte du conflit renouvelé avec le mouvement rebelle M23. En 2019, les ADF ont prêté allégeance aux djihadistes de l’État islamique, qui les présente comme sa «province d’Afrique centrale» (ISCAP) et revendique certaines de leurs actions.
Les habitants fuient le village
À la fin de l’année 2021, Kampala et Kinshasa ont lancé une opération militaire conjointe contre les ADF, baptisée «Shujaa», sans toutefois parvenir à mettre fin à leurs atrocités. Pendant ce temps, la petite ville de Komanda se vide de ses habitants. Les médias locaux font état de milliers de familles qui ont fui leur maison: les quartiers de Base, Zunguluka, Umoja et Ngombenyama, considérés comme les plus exposés, sont complètement déserts. Beaucoup de gens se dirigent vers Kisangani, d’autres vers Bunia, à pied, à moto ou en taxi.
Ces réfugiés s’ajoutent aux 20’000 réfugiés qui ont déjà atteint Bunia après une attaque dans le territoire de Djugu, plus au nord, et qui vivent depuis plusieurs jours dans la ville dans des campements de fortune. Selon la mairie de Bunia, plus de 2’400 personnes déplacées vivent chez des familles d’accueil, qui vivent elles-mêmes dans des conditions extrêmement précaires. La crainte d’épidémies et de mortalité liées au manque d’eau et de nourriture a alarmé les autorités.
Le pape consterné
Le Pape Léon XIV, peut-on lire dans un télégramme signé par le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, envoyé au président de la Conférence épiscopale du Congo, Fulgence Muteba Mugalu, «a appris avec consternation et profonde tristesse l’attaque perpétrée contre la paroisse Beata Anuarite de Komanda, dans la province d’Ituri, qui a causé la mort de nombreux fidèles réunis pour le culte».
Le Souverain Pontife, peut-on lire dans le télégramme, «s’unit au deuil des familles et de la communauté chrétienne durement touchées, leur exprimant sa proximité et leur assurant sa prière. Cette tragédie nous invite encore davantage à œuvrer pour le développement humain intégral de la population martyrisée de cette région». L’évêque de Rome «implore Dieu afin que le sang de ces martyrs soit une semence de paix, de réconciliation, de fraternité et d’amour pour tout le peuple congolais» et «envoie sa bénédiction apostolique à la paroisse Beata Anuarite de Komanda, en particulier aux familles en deuil, ainsi qu’aux filles et aux fils de la République démocratique du Congo et à toute la nation» (cath.ch/fides/bh)