Plusieurs personnes sont mortes dans des heurts entre policiers et manifestants, à Kinshasa (Photo d'illustration:DR)
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RDC: les marches organisées par le Comité laïc brutalement dispersées

En République démocratique du Congo, les forces de l’ordre ont brutalement dispersé les marches organisées, dimanche 25 février 2018 , à la sortie des messes, à l’appel du Comité laïc de coordination (CLC). A Kinshasa et dans plusieurs grandes villes du pays, des tirs de gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles ont été constatés. Un bilan provisoire fait état d’un mort et deux blessés par balle à Kinshasa.

Cette nouvelle journée de marche à l’appel du Comité laïc contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila a été organisée malgré les interdictions dans plusieurs villes du pays.

A Kinshasa, les barrages de police étaient moins nombreux par rapport aux marches précédentes du 31 décembre et du 21 janvier, rapporte Radio France internationale (RFI). Mais les marches ont été rapidement dispersées à coup de gaz lacrymogènes et tirs à balles réelles. Un homme a été tué dans une paroisse de Lemba. Deux autres personnes ont été blessées par balles. Selon le mouvement citoyen La Lucha, des fidèles ont été tabassés. La police qui avait affiché l’objectif «zéro mort» déclare n’avoir utilisé que des balles en caoutchouc.

Dans les paroisses à Kinshasa, prêtres et habitants témoignent

Le Père Tabu, curé de la paroisse Saint-Benoît, à Lemba, a dénoncé sur RFI une situation qui a vraiment dégénéré. «On est en face d’une barbarie qui n’a pas son nom. Des forces de l’ordre sont venues et ont commencé à tirer et, comme la fois dernière à balles réelles. Nous attendions les amis de la paroisse Saint-Augustin et de Saint-Laurent. Dès leur arrivée, la police a commencé à tirer des gaz lacrymogènes, cherchant à disperser les gens. Les gens ont commencé à résister et je pense que c’est à ce moment-là qu’ils ont commencé à tirer à balles réelles parce qu’il y a des blessés.»

A la paroisse Saint-Michel, les jeunes du quartier se sont heurtés au dispositif policier déployé, de même que les paroissiens à leur sortie de l’église. Il ont été dispersés par des gaz lacrymogènes. On a également entendu des tirs à balles réelles.

En province aussi, «la répression était vraiment terrible»

A Kisangani, à l’est du pays, les forces de l’ordre ont violemment réprimé la marche des chrétiens. Selon des témoins  deux manifestants ont été grièvement blessés devant la cathédrale du Christ-Roi, dans la commune de Mangobo. Trois prêtres ont été également interpellés et embarqués dans une jeep par la police.

A Lubumbashi, la police et l’armée ont également dispersé des rassemblements de manifestants à la cathédrale Saint-Pierre et Paul et dans au moins quatre autres paroisses. Des maisons supposées appartenir à des  policiers ont été incendiées à Bandaka, après des tirs de sommation pour dissuader la population à manifester.

Dans d’autres villes, comme Goma, Bukavu et Kikwit, les marches ont été étouffées. La police et l’armée étaient déployées massivement dans les rues.  (cath.ch/ag/mp)

Plusieurs personnes sont mortes dans des heurts entre policiers et manifestants, à Kinshasa (Photo d'illustration:DR)
25 février 2018 | 14:59
par Maurice Page
Temps de lecture: env. 2 min.
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