Israël: Pour le rabbin Zvi Tau, la place de la femme est à la maison
Reflet d’une radicalisation croissante parmi les sionistes religieux
Tel Aviv, 1er août 2012 (Apic) Pour le rabbin Zvi Tau, un sioniste religieux, la place de la femme est à la maison. Si les femmes étaient trop éduquées, «cela porterait atteinte à la qualité de la vie de la nation», rapporte le 31 juillet le quotidien israélien «Haaretz».
L’influent rabbin a écrit dans un traité à usage interne que les femmes n’ont pas à paraître dans le domaine des activités sociales. Pour le journal israélien, une telle position reflète une radicalisation croissante parmi les sionistes religieux.
Le rabbin Zvi Tau, président d’une école religieuse juive à Jérusalem, la Yeshiva Har Hamor, est un chef de file de la tendance orthodoxe la plus extrême au sein de l’opinion publique nationale-sioniste, selon le journal. Le fameux personnage affirme dans ce traité que les femmes, étant donné les besoins de la nature, ne sont pas destinées à s’occuper elles-mêmes des «profondeurs de la science et de la morale», mais plutôt à donner naissance et à élever les enfants.
Une volonté de Dieu
Paradoxalement, il nie que la femme soit victime de discrimination, affirmant seulement que la femme a plus de pouvoir émotionnel, tandis que les hommes sont plus «cérébraux». Pour le rabbin sioniste religieux, cette «vocation naturelle de la femme» résulte de la volonté de Dieu.
Né en Autriche, Zvi Tau défend le concept du nationalisme religieux, considérant que l’Etat d’Israël est saint. Il s’oppose par conséquent au refus de suivre les ordres de l’armée, contrairement à d’autres courants ultrareligieux en Israël. Le célèbre religieux a soutenu publiquement l’ancien président israélien Moshé Katzav, qui a été emprisonné pour viol, et lui a demandé, à l’époque, de refuser de démissionner.
Non à l’accès des femmes à une éducation égale
Le rabbin Tau ajoute que la tendance mondiale qui permet l’accès des femmes à une éducation égale et qui promeut l’égalité ne peut que garantir des profits à court terme. A la longue, cette tendance «va porter atteinte à la qualité de la vie de la nation et de la société, étant donné que le vrai caractère de la femme ne sera pas réalisé».
Pour le religieux, «la société et la nation devraient plutôt être bâtis sur le perfectionnement des attributs spéciaux imprimés chez la femme». Il estime que la maison est l’habitat naturel pour les femmes afin qu’elles puissent exprimer pleinement leurs tendances naturelles. Le rabbin Tau exprime ici une mentalité très répandue dans les milieux juifs religieux en Israël.
Encadré
Le Musée d’Israël, la plus grande institution culturelle du pays, plus connu pour ses expositions d’art et d’archéologie, n’a jamais particulièrement attiré une audience de juifs ultra-orthodoxe (les «haredis»). Mais l’exposition sur le monde des juifs hassidiques, «Un monde à part juste à côté: la vie des juifs hassidiques», qui se tient jusqu’au 30 novembre, a attiré leur attention comme aucune autre. Organisée grâce au soutien de René et Susanne Braginsky, de Zurich, cette exposition a suscité une controverse dans la presse israélienne parce que le Musée a décidé, pour la première fois de son histoire, d’introduire des heures de visite séparées pour hommes et femmes. Le but: attirer les visiteurs ultra-orthodoxes durant les trois semaines d’été où les écoles religieuse (les yeshivas) sont fermées. Le quotidien «Haaretz» souligne que cette ségrégation ne s’applique que pour cette exposition, à la demande expresse de groupes ultra-orthodoxes. (apic/haar/be)