Rome: Le Liban doit rester un exemple de cohabitation interreligieuse
Rencontre entre le pape et le premier ministre libanais
Rome, 21 février 2010 (Apic) A l’occasion de sa visite au Vatican, le 20 février 2010, le premier ministre libanais Saad Hariri a souhaité, de concert avec les autorités du Saint-Siège, que le Liban, fort d’une «cohabitation exemplaire» entre ses «différentes communautés religieuses», constitue «un «message pour la région du Moyen-Orient et pour le monde entier». Pour la première fois depuis sa récente élection, le chef du gouvernement libanais a été reçu en audience privée par Benoît XVI avant de s’entretenir avec le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone et le secrétaire pour les relations avec les Etats, Mgr Dominique Mamberti.
Au cours des échanges qui se sont déroulés «dans un climat de grande cordialité», a ensuite rapporté un communiqué du Bureau de presse du Saint-Siège, les parties se sont ainsi concentrées sur la situation du Liban, souhaitant que «par la cohabitation exemplaire des différentes communautés religieuses qui le composent, il reste un «message pour la région du Moyen-Orient et pour le monde entier».
Le Liban, autrefois majoritairement chrétien, compte aujourd’hui environ près de 60 % de musulmans contre près de 40 % de chrétiens. Sur une population de 4,1 millions d’habitants, 400’000 d’entre eux sont des réfugiés palestiniens. Constitutionnellement, le président de la République du Liban doit être un chrétien maronite. En outre, selon la pratique, le premier ministre doit veiller à ce que son gouvernement soit composé à part égale de chrétiens et de musulmans.
Selon le communiqué du Saint-Siège, après avoir souligné «la nécessité de trouver une solution juste et globale aux conflits qui tourmentent cette région», les autorités vaticanes et le premier ministre libanais ont rappelé «l’importance du dialogue interculturel et interreligieux pour la promotion de la paix et de la justice». Dans cette perspective, il a été question aux cours de ces échanges du prochain Synode des évêques sur le Moyen-Orient, qui aura lieu du 10 au 24 octobre 2010 au Vatican.
Enfin, les parties ont rappelé l’importance de «la présence» et de «l’œuvre» des chrétiens au Liban et ont salué la contribution de l’Eglise catholique «en faveur de toute la société (…) par ses institutions éducatives, sanitaires et d’assistance».
20 minutes d’entretien
En fin de matinée, dans la bibliothèque du 2e étage du Palais apostolique, Benoît XVI et Saad Hariri se sont entretenus en privé pendant une vingtaine de minutes, en français, presque côte à côte, a constaté I.MEDIA. Le chef du gouvernement libanais, costume sombre et cravate bleu nuit, a ensuite présenté au pape la délégation qui l’accompagnait : son épouse et ses 3 enfants, l’ambassadeur du Liban près le Saint-Siège, Georges Chakib El Khoury, et 3 de ses conseillers.
Lors du traditionnel échange de cadeaux, le premier ministre a offert au pape un livre de prières manuscrit du 17e siècle traduit du grec en arabe par le patriarche melkite d’Antioche Malatios Karma (mort en 1636). Benoît XVI, qui s’est montré très intéressé par la facture «ancienne» de l’ouvrage, a pour sa part offert à Saad Hariri un stylo en forme de colonne du baldaquin de la basilique Saint-Pierre. Ce dernier a assuré le souverain pontife qu’il l’utiliserait «pour signer tous (ses) documents importants».
L’Annonciation, le 25 mars, fête nationale commune au chrétiens et musulmans
C’est la première fois depuis son arrivée à la tête du gouvernement libanais en septembre 2009 que le fils de l’ancien premier ministre, assassiné il y a 4 ans, était reçu au Vatican.
Deux jours avant cette visite, le 18 février, le Conseil des ministres libanais avait approuvé la proposition de Saad Hariri de décréter la journée du 25 mars, fête de l’Annonciation, comme fête nationale commune entre chrétiens et musulmans. Le premier ministre – lui-même musulman sunnite – avait lancé cette initiative parce que «la Vierge Marie est un dénominateur commun» pour les fidèles des 2 religions, avait indiqué le gouvernement.
Saad Hariri, né en 1970 en Arabie Saoudite, est président du Conseil des ministres libanais depuis septembre 2009, sous la présidence de Michel Sleiman. Il est l’un des fils de Rafiq Hariri, ancien premier ministre libanais assassiné à Beyrouth le 14 février 2005.
Considéré davantage comme un homme d’affaires que comme un homme d’Etat, Saad Hariri s’est lancé en politique après l’assassinat de son père. Depuis 1996, il était à la tête d’une entreprise de travaux publics implantée en Arabie saoudite et créée par Rafiq Hariri. En entrant en politique, il s’est particulièrement engagé à mettre un terme à la corruption, à revitaliser l’économie et à libérer le Liban de l’influence de la Syrie. (apic/imedia/cp/js)