République démocratique du Congo: La mouche tsé-tsé continue à faire des ravages
20’000 cas de «maladie du sommeil» enregistrés cette année
Kinshasa, 5 juillet 1998 (APIC) La maladie du sommeil, véhiculée par la mouche tsé-tsé, continue à sévir en Afrique. On pensait qu’elle avait été éradiquée. Mais la maladie refait surface suite à la détérioration des conditions de vie du côté de la République démocratique du Congo. Près de 20’000 cas sont en effet signalés cette année. Outre les méfaits de la mouche tsé-tsé, on déplore dans cette région africaine la mort de centaines d’enfants victimes de la rougeole et du tétanos néonatal
Aujourd’hui, deux organisations non-gouvernementales d’obédience catholique, le Centre de développement intégral de Bwamanda (CDI) et Memisa-Belgique, conjuguent leurs efforts dans la lutte contre la trypanosomiase dans le région de l’Ubangi, (nord-ouest du pays).
Avant 1960, des villages entiers avaient été dépeuplés par la maladie du sommeil, la trypanosomiase. La maladie peut durer dix ans. Elle se manifeste par la fièvre, des maux de tête et une fatigue générale avant l’attaque du système nerveux central avec des signes comme l’insomnie, l’apathie, l’agressivité ou le coma et la mort.
La trypanosomiase avait été quasiment éradiquée dans les années soixante. Le fléau a resurgi récemment suite à la détérioration générale des conditions de vie dans le pays. Près de vingt mille cas sont signalés pour cette année dans la seule région du nord de la province de l’Equateur, sans compter, par exemple, que le sud de la province du Bandundu, la région de Kasongo-Lunda, frontalière avec l’Angola, présente des cas de réfugiés infectés eux aussi.
Dans la région de l’Ubangi, le CDI, Centre de développement intégral de Bwamanda, et Memisa, organisation médico-missionnaire, ont mis en place depuis 1995 un programme commun de lutte. Celui-ci consiste dans le dépistage systématique, la lutte préventive et le traitement curatif. On a détecté ainsi une population à risque, soit plus d’un million de personnes, à raison de quelque 20% dans certains villages.
Médecine préventive et conseils
Un traitement systématique par un personnel médical expérimenté est alors assuré dans les six centres de dépistage, de traitement et de contrôle, situés à Bwamanda, Gemena, Karawa, Tandala, Loko et Businga. Le traitement curatif de six semaines réussit à 95%, mais il n’est pas sans risque: l’arsobal, médicament à base d’arsenic, est dangereux lorsqu’il est en contact avec la peau qu’il peut brûler et lorsqu’il est dispensé à des malades sous-alimentés, sans bonne condition physique.
La collaboration entre Memisa et le CDI-Bwamanda insiste par-dessus tout sur la lutte préventive. Six équipes itinérantes et des comités de santé érigés dans les villages pour la médecine préventive donnent à la population des conseils simples d’hygiène pour éviter mauvaises herbes et arbustes, flaques d’eau et tout ce qui peut favoriser la prolifération de le la mouche tsé-tsé, vecteur de la maladie.
Dans des régions humides, des pièges à mouches sont tendus. Ce sont des moustiquaires en forme de nasse, de couleur bleue vive pour attirer la mouche tsé-tsé. Ces pièges sont fabriqués dans des ateliers montés sur place avec du matériel importé d’Europe. Un piège peut attraper jusqu’à cent mouches par jour.
Des centaines d’enfants victimes de la rougeole et du tétanos néonatal
Les ravages de la mouche tsé-tsé s’ajoutent à ceux causés par la rougeole et le tétanos néonatal, qui sévissent dans cette région de l’Afrique. La rougeole et le tétanos néonatal sont en effet encore et toujours deux maladies infantiles meurtrières auxquelles très peu d’enfants échappent, à cause de leur mode facile de contagion et d’infection.
En 1996, le Pev (Programme élargi de vaccination) a recensé 3’397 cas de rougeole et 6 cas de tétanos. Dans les hôpitaux, les centres de santé intégrés et les cabinets médicaux de Brazzaville, la capitale congolaise, la situation est alarmante.
Au service des maladies infectieuses du Chu (Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville), le Dr Obengui, chef de service, signale que depuis 1988, 3’864 cas de rougeole dont 324 décès ont été enregistrés. Quant au tétanos néonatal, il est à l’origine de 1’770 cas d’hospitalisation et de 258 cas de décès, depuis 1995, affirme Rachel Mabika, du service de néonatologie du même centre. (apic/dia/pr)