RFA: le cardinal Meisner (Berlin) nommé archevêque de Cologne (201288)

Rome/Cologne, 20décembre(APIC/CIP) L’Eglise de Cologne attendait la nouvelle depuis de longs mois, on la disait imminente, elle est désormais officielle: c’est finalement le cardinal Joachim Meisner, évêque de Berlin,

qui succède au cardinal Joseph Höffner sur le siège de Cologne, le plus important des cinq sièges métropolitains de RFA et l’un des plus riches du

monde.

Cette nomination intervient au terme d’une longue épreuve de force entre

le Vatican et le chapitre de la cathédrale de Cologne. C’est en effet dès

la mi-septembre 1987 que le cardinal Höffner, l’une des grandes figures de

l’Eglise post-conciliaire, et qui fut président de la Conférence épiscopale

allemande durant 11 ans, a demandé au pape d’être déchargé de sa tâche. Le

cardinal, alors âgé de 80 ans (la limite d’âge pour les évêque est fixée à

75 ans), devait décéder un mois plus tard. C’est dire que l’Eglise de Cologne et le vatican n’ont pas été pris au dépourvu.

La vacance amormale du siège de Cologne et le bras de fer auquel elle a

donné lieu sont la conséquence de dispositions concordataires datant de

1929. Selon le concordat signé entre la Prusse et le Saint-Siège, toujours

en vigueur aujourd’hui, le chapitre de la cathédrale de Cologne propose au

pape une liste de candidats. Après avoir consulté cette liste, à laquelle

il n’est pas lié, le pape soumet ensuite trois noms au chapitre, qui doit

alors faire son choix. Le concordat prévoit de même que soient consultés

les ministres-présidents des Länder concernés (dans le cas concerné, la

Rhénanie-Westphalie et la Rénanie-Palatinat) pour vérifier s’ils n’ont pas

d’objection politique à opposer à la nomination du nouvel archevêque.

La difficulté est née du fait qu’aucun des candidats proposés par le

chapitre de Cologne n’a été pris en considération par le pape, et plus encore du fait que les trois noms proposés par Rome étaient ceux de personnalités jugées «conservatrices» – d’ou le refus du chapitre de se prononcer.

La presse allemande a révélé des noms (qui n’ont jamais été confirmés officiellement): Mgr Dyba (Fulda), Mgr Cordes (Paderborn), vice-président du

Conseil pontifical pour les laïcs, et le cardinal Meisner (Berlin). Ce dernier passant pour avoir la faveur de Jean Paul II .

L’une des craintes du chapitre de Cologne était de voir l’imposante machine financière de l’archidiocèse – avec un budget annuel de l’ordre d’un

milliard de marks (964’689 millions de DM), environ 800’000 millions de

francs, dont le 1/8 est consacré à l’aide au tiers-monde – passer sous le

contrôle d’un «homme du Vatican» et, ont suggéré certains, redistribuée, en

faveur de la Pologne notamment. Des objections plus spécifiques étaient opposées à la canditature du cardinal Meisner. Certains ont ainsi émis des

doutes sur son aptitude à gérer le diocèse d’un pays occidental, pluraliste, après une expérience pastorale en régime communiste ou les catholiques

sont nettement minoritaires. D’autres se sont interrogés sur l’opportunité

de priver l’Eglise de RDA de son leader, un homme qui a maintes fois invité

les catholiques à ne pas émigrer pour modifier le régime de l’intérieur.

Le dénouement intervenu semble indiquer que Rome a finalement eu raison

des réticences allemandes. Il y a une dizaine de jours seulement, le SaintSiège avait publié une mise au point, faisant valoir entre autres que, selon le Code de Droit canon, une fois dépassé le délai accordé au chapitre

pour se prononcer, son droit s’éteint, le pape étant libre désormais de

désigner le nouvel archevêque.

Biographie du cardinal Meisner

Le cardinal Joachim Meisner est né le 25 décembre 1933 à Wroclaw, cheflieu de la Basse-Silésie, une ville aujourd’hui située en territoire polonais mais qui, à l’époque, faisait partie de l’Allemagne sous le nom de

Breslau.

Après ses études théologiques à Erfurt, il est ordonné prêtre dans cette

ville le 22 décembre 1962. D’abord vicaire dans deux paroisses d’Erfurt, il

est en même temps assistant spirituel de la Caritas diocésaine. Il en est

le directeur quand, le 17 mars 1975, Paul VI le nomme évêque titulaire de

Vina et auxiliaire de l’administrateur apostolique d’Erfurt-Meiningen. Mgr

Joachim Meisner reçoit l’ordination épiscopale à Erfurt le 17 mai de la

même année. Après 5 ans d’activité pastorale à Erfurt-Meiningen, qui est,

avec Magdebourg et Schwerin, l’une des trois administrations apostoliques

dites «permanenter constituti», toutes trois situées en RDA, Jean Paul II

l’appelle, le 22 avril 1980, à succéder au cardinal Alfred Bengsch, décédé,

à la tête du diocèse de Berlin. En 1977 déjà, il avait été désigné par ses

pairs délégué de la Conférence épiscopale de Berlin au 4e Synode des

évêques.

Berlin est le siège d’un diocèse particulier, puisque son territoire

comprend non seulement la partie Est et la partie Ouest de la ville, mais

également la campagne environnante ou sont éparpillées un nombre considérable de petites paroisses. Mgr Meisner, qui réside à l’Est, fait partie en même temps de la Conférence épiscopale allemande (RFA) et de celle

de Berlin, dont il est le président. Au plan de l’Eglise universelle, le

cardinal Meisner est membre de quatre dicastères de la curie romaine: Congrégation du Culte divin et de la discipline des sacrements, Congrégation

des Séminaires et des institutions d’enseignement, Secrétariat pour les

Non-Croyants et Commission pontificale «Justice et Paix». (apic/pr)

20 décembre 1988 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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