Meinrad Stöcklin, porte-parole contesté de l'Eglise cantonale de Bâle | DR
Suisse

Rififi autour du covid dans l’Eglise bâloise

Depuis plusieurs semaines, Meinrad Stöcklin, porte parole de l’Eglise catholique cantonale suscite l’indignation à Bâle. Son soutien explicite aux opposants à la vaccination contre le covid et ses comparaisons douteuses avec l’époque nazie sèment le trouble. Mais pour l’heure son renvoi ne semble pas en vue.

Jacqueline Straub, kath.ch / traduction adaptation Maurice Page

Le 22 août 2021, le porte-parole de l’Église catholique romaine de Bâle-Ville partage une photo sur Facebook avec la légende suivante: «Comment les masses ont-elles pu se laisser manipuler aussi bêtement sous Hitler? Les crétins du Corona d’aujourd’hui nous donnent la réponse.»

Dans un autre message, il critique une prétendue «dictature de la santé». Et le 12 septembre, il demande que l’on arrête le directeur de la santé de Bâle, Lukas Engelberger.

Le 23 juin, déjà il avait posté une vidéo de l’association critique de Corona «Mass-voll!», qui veut abolir immédiatement toutes les mesures Corona. Parmi les partisans, nombreux sont ceux qui diffusent des mythes conspirationnistes grossiers sur le net. Sur les réseaux sociaux Meinrad Stöcklin trouve cependant un large soutien.

En contradiction totale avec le message officiel de l’Eglise

Ces déclarations, certes privées, le mettent néanmoins fondamentalement en porte-à-faux avec la position ecclésiale officielle. «L’Église catholique romaine de Bâle-Ville, ainsi que le diocèse de Bâle et le pape François, recommandent la vaccination Covid comme une mesure efficace pour prévenir les évolutions graves de la maladie et les décès liés à l’infection par le coronavirus.», indique son site internet.

Pas de licenciement en vue

Pour l’heure le président du Conseil de la corporation ecclésiastique, Christian Griss, garde un profil bas face à la crise. Il a répondu à kath.ch être en discussion avec Meinrad Stöcklin et vouloir trouver une solution. Le président se dit conscient que la comparaison avec Hitler et les déclarations sur le directeur de la santé de Bâle pourraient causer des dommages à l’Église. Mais une sanction ou un licenciement du porte-parole ne semblent pas à l’ordre du jour.

Cette prudence ne satisfait pas le monde politique bâlois. Plusieurs voix se sont élevées pour réclamer le renvoi immédiat de Meinrad Stöcklin.

Il faut dire que l’homme a des antécédents. Avant de travailler pour l’Église catholique, Meinrad Stöcklin a été porte-parole pour la police de Bâle-Campagne pendant 16 ans. En septembre 2016, il a été licencié avec effet immédiat. Selon la presse, il avait été accusé de porter atteinte à l’image de la police et de se comporter de manière impolie envers les médias. Il avait également été accusé de ne pas vouloir se subordonner à son nouveau patron.

Le diocèse prend ses distances

Le diocèse de Bâle a également pris ses distances avec Meinrad Stöcklin: «Un porte-parole doit être conscient que même dans ses déclarations privées, il est associé à l’organisme qu’il représente professionnellement. C’est une règle d’éthique professionnelle que d’en tenir compte», a expliqué le porte-parole de Mgr Felix Gmür, Hansruedi Huber. 

Cette affaire soulève aussi un problème de compétences au sein de l’Église bâloise. Si le conseil de la corporation cantonale est bien l’employeur de Meinrad Stöcklin, son supérieur hiérarchique est le curé Stefan Kemmler.

Kath.ch n’est pas parvenu à joindre Meinrad Stöcklin pour entendre son avis. (cath.ch/kath.ch/mp)

Meinrad Stöcklin, porte-parole contesté de l'Eglise cantonale de Bâle | DR
15 septembre 2021 | 11:07
par Maurice Page
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