De nombreux souverains élevés à la gloire des autels
Rome: Béatification de Charles d’Autriche
Rome, 1er octobre 2004 (Apic) Charles d’Autriche, dernier empereur d’Autriche-Hongrie, qui sera béatifié le 3 octobre 2004 par Jean Paul II, vient s’ajouter aux nombreux des souverains européens élevés à la gloire des autels au cours des siècles.
Certains monarques, pour n’être pas officiellement canonisés ou béatifiés, le sont pourtant officieusement. Ainsi, le premier empereur romain chrétien, Constantin, et Charlemagne, protagonistes de grands événements liés à la foi chrétienne, sont parfois salués comme des saints.
Parmi les monarques véritablement faits saints, on compte sainte Hélène (morte en 327), la mère de Constantin, qui selon la tradition a retrouvé la Croix du Christ lors d’un pèlerinage à Jérusalem. Louis IX de France (1214-1270) est bien plus connu sous le nom de saint Louis. Il a été canonisé en 1297, et sa soeur Isabelle de France (1225-1270), fondatrice des clarisses de Longchamp, a été béatifiée en 1521. On compte aussi saint Sigismond (mort en 523), roi des Burgondes, lointains ancêtres des Bourguignons, converti au christianisme, ainsi que sainte Adélaïde (931- 999), impératrice du Saint-Empire romain germanique.
Dans le monde slave, saint Vladimir (956-1015) assassina son frère pour régner seul sur la Russie naissante. Sa grand-mère Olga et son fils Boris ont eux aussi été canonisés. Le fondateur du royaume de Hongrie, Etienne Ier, est aussi saint avec d’autres membres de sa famille, son épouse Gisèle, son fils Imre, et jusqu’à son successeur, Ladislas Ier (1040- 1095), en passant par son beau-frère l’empereur germanique Henri II (973- 1024), canonisé en 1146. La femme de ce dernier, Cunégonde, l’a aussi rejoint sur les autels. Elle est fêtée le 3 mars.
L’Angleterre a deux rois saints, Edouard, dit le martyr (962-978), assassiné par sa belle-mère, et Edouard, dit le confesseur (1002-1066), qui désigna pour successeur Guillaume le Conquérant. Canut IV (mort en 1086), roi du Danemark et protecteur de l’Eglise, est lui aussi saint. Il dût quitter son trône suite à une révolte contre les lourds impôts qu’il levait pour aller conquérir l’Angleterre. Mort assassiné, il est déclaré premier martyr du Danemark et canonisé en 1101. Son voisin norvégien, Olav II (995- 1030) est aussi un saint, ainsi qu’Eric IX de Suède (mort en 1160) qui christianisa le nord de son royaume.
L’Espagne est représentée ’à la droite de Dieu’ par Ferdinand III de Castille (1199-1252). Par ailleurs, la béatification controversée d’Isabelle de Castille (1474-1504), mécène de Christophe Colomb, pourrait être relancée cinq siècles après sa mort, avec la conclusion des études historiques autour de l’expulsion des juifs de son royaume en 1492. Le pape d’alors lui avait accordé le titre de «reine catholique» en hommage à sa politique religieuse.
D’autres reines ont aussi été canonisées, Marguerite d’Ecosse, Edvige de Pologne et Elisabeth du Portugal. Enfin, des procès sont encore en cours pour des membres de la maison de Savoie, qui a régné sur l’Italie jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Cette famille compte déjà deux bienheureux et deux vénérables.
Au nombre de ces saint souverains, il faut aussi compter environ 14 papes martyrs. De saint Pierre à saint Gélase, les 53 premiers papes sont tous saints. Puis de 590 à 1294, 23 papes sont canonisés. Pie XII canonise Pie X en 1954 et Jean-Paul II a béatifié Pie IX et Jean XXIII le 3 septembre 2000. Le dossier de Pie XII est toujours en attente.
A ce jour, Jean Paul II, est le plus grand «faiseur de saints» de l’histoire de la papauté. Il présidera dimanche sa 147 cérémonies de béatification, totalisant ainsi sous son pontificat 1342 béatifiés (dont 4 confirmations de culte) et 483 saints (dont la reprise du culte de Saint Ménard). En moyenne, le souverain pontife a ainsi proclamé 54 bienheureux et 19 saints par an depuis le début de son pontificat.
Entre 1588, année qui voit la création d’un organisme particulier de la curie pour traiter les causes en béatification, et 1978, les papes ont proclamé 302 saints et 1201 bienheureux. Jusqu’au XIe siècle, de nombreux saints ne doivent rien à l’intervention du pape, mais tout à la volonté d’un seul évêque. Le monopole par l’Eglise de Rome sur les canonisations s’est fait au XIIe siècle et la procédure en a été fixée au XVIIIe siècle. Jean Paul II l’a réformé en 1986. Il a rendu aux évêques la responsabilité initiale de constituer le dossier des preuves de sainteté.
En présence du fils
Un parterre de têtes couronnées et de familles princières assistera à la béatification de Charles de Habsbourg le 3 octobre sur la place Saint- Pierre.
Plus de 700 descendants des Habsbourg sont attendus, avec à leur tête Otto de Habsbourg, 91 ans, fils aîné de l’empereur Charles, ancien député européen, résident en Bavière et actuel chef de la maison impériale. Trois de ses frères seront aussi présents, Stephan qui vit en Hongrie, Karl Ludwig résident en Belgique et Félix installé au Mexique.
La Belgique sera représentée par la reine Fabiola et la princesse Astride, la couronne d’Espagne par la princesse Anne, l’épouse de l’infant Charles, le Grand duché du Luxembourg par Guillaume, frère du grand-duc régnant et la principauté du Liechtenstein par tous les membres de la famille princière. (apic/imedia/hy/pr)