Le pape célèbre la messe ’dos au peuple’
Rome : Benoît XVI baptise 13 enfants dans la chapelle Sixtine
Rome, 13 janvier 2008 (Apic) Benoît XVI a, pour la troisième fois de son pontificat, baptisé 13 nourrissons dans la chapelle Sixtine, le 13 janvier, le jour où l’Eglise célèbre le baptême de Jésus. Utilisant l’ancien autel de la chapelle, le pape a célébré une partie de la messe ’dos au peuple’. Depuis plusieurs semaines, le souverain pontife a souhaité réintroduire dans la liturgie des pratiques liées au missel tridentin.
En baptisant 13 enfants, tous Italiens, le souverain pontife a expliqué le sens du baptême. «Les parents, a affirmé le pape, deviennent des collaborateurs de Dieu dans la transmission à leurs enfants non seulement de la vie physique mais aussi de la vie spirituelle». Le pape a ainsi demandé à Dieu «son assistance pour aider les parents à éduquer leurs enfants et les insérer dans le corps spirituel de l’Eglise».
«Pour grandir sains et forts, ces enfants auront besoin de soins matériels et de beaucoup d’attention. Mais ce qui leur sera le plus nécessaire, indispensable, sera de connaître, aimer et servir fidèlement Dieu, pour avoir la vie éternelle», a ajouté le pape qui a lu son homélie depuis son trône de bois sombre, ayant appartenu à Pie IX (1846-1878), et installé contre le mur gauche de la chapelle, selon les pratiques en usage lors des anciennes cérémonies. «Chers parents, a-t-il conclu, vous êtes pour eux les premiers témoins de la foi authentique en Dieu».
Maintenir l’harmonie de la chapelle Sixtine
Après avoir donné le baptême à ces 13 nourrissons, le pape a donc célébré, pour la première fois, la messe ’dos au peuple’ mais en utilisant le missel contemporain de Paul VI et la langue italienne. Il a utilisé l’autel placé sous la fresque du Jugement dernier de Michel Ange, et non l’autel contemporain traditionnellement installé à cette occasion plus au centre de la chapelle. Dans une note explicative, le Bureau des célébrations liturgiques a souligné que, cette année, l’autel contemporain en bois qui était utilisé à cette occasion ne serait pas installé, mais que l’ancien autel serait utilisé «pour ne pas altérer la beauté et l’harmonie de ce joyau de l’architecture (la chapelle Sixtine, ndlr), en préservant sa structure du point de vue de la célébration et en utilisant toutes les possibilités des normes liturgiques».
«Ceci signifie qu’à quelques moments, le pape se trouvera le dos tourné au peuple et le regard fixant la croix, orientant ainsi l’attention et la disposition de toute l’assemblée», peut-on encore lire dans la note du Bureau des célébrations liturgiques. Benoît XVI a cependant utilisé des vêtements et des parements liturgiques ayant appartenu à Jean-Paul II (1978-2005) ainsi que les fonts baptismaux contemporains en bronze.
Depuis quelques mois et la prise de fonction du nouveau maître des célébrations liturgiques, Mgr Guido Marini, le 1er octobre dernier, d’anciennes pratiques, du mobilier et vêtements liturgiques anciens ont été réintroduits dans le déroulement des célébrations pontificales. En juin 2006, interrogé par l’agence I.MEDIA, Mgr Albert Malcom Ranjith Patabendige Don, secrétaire de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, avait souhaité que la messe actuelle de Paul VI soit «bien étudiée et perfectionnée» au regard de certains aspects de la liturgie du passé.
Encadré :
Contrer les influences nuisibles du Concile
Dans sa préface du livre du prêtre allemand Uwe Michael Lang ’tournés vers le Seigneur – l’orientation de la prière liturgique’, publié en 2003 et réédité en 2006, le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, expliquait l’importance dans la messe préconciliaire de la célébration ’dos au peuple’. Le cardinal Ratzinger notait ainsi que, «dans le texte conciliaire, il n’est pas question de l’autel tourné vers le peuple», mais que cela apparaît ensuite «dans les instructions post-conciliaires». Il expliquait alors que l’invitation à dresser des autels tournés vers le peuple «n’exprimait pas une obligation mais une recommandation», appelant à «éviter dans ce domaine les positions unilatérales et érigées en absolu».
Dans L’esprit de la liturgie, paru en 2001, le cardinal Ratzinger voulait déjà «aider à retrouver une manière digne de célébrer la liturgie», et «mettre un terme aux influences nuisibles» du mouvement liturgique du début du 20e siècle et du Concile Vatican II. Il avait alors mentionné «la signification du bâtiment de l’église», «l’autel et l’orientation de la prière liturgique».
«La position du prêtre tourné vers le peuple a fait de l’assemblée priante une communauté refermée sur elle-même», écrivait alors le préfet de la Congrégation de la doctrine de la foi, regrettant que Dieu soit «de plus en plus absent de la scène» et que la messe devienne un «one man show» du célébrant. Il souhaitait ne pas «rejeter en bloc les réformes accomplies au 20e siècle» mais invitait à «ne pas regarder le prêtre» mais à «tourner un regard commun vers le Seigneur».
(apic/imedia/hy/bb)