Le pape proclame la première sainte suisse, Maria Bernarda Bütler
Rome:Benoît XVI proclame quatre nouveaux saints, un prêtre, une laïque et deux religieuses
Rome, 12 octobre 2008 (Apic) Benoît XVI a célébré sur la place Saint-Pierre, dimanche 12 octobre 2008, la 5e messe de canonisation de son pontificat, en présence de quelque 50’000 fidèles. Le pape a proclamé dimanche la première sainte suisse depuis la fondation de la Confédération, Mère Maria Bernarda Bütler, une figure très connue en Colombie où elle fonda à Cartagena la Congrégation des Missionnaires franciscaines de Marie auxiliatrice.
Aujourd’hui, 840 soeurs de cette congrégation basée à Bogota consacrent, selon l’exemple de Mère Maria Bernarda Bütler, toutes leurs forces aux oeuvres de charité sur le front de la misère sociale, de l’éducation et de la mission, notamment en Colombie (350 religieuses) et au Brésil (320). En raison de leur engagement social, on les surnomme «les soeurs des poubelles de Colombie».
Benoît XVI a également proclamé saints un prêtre italien, une jeune laïque équatorienne et une religieuse indienne. Le pape a présidé la cérémonie de canonisation sur le parvis de la basilique Saint-Pierre inondé de soleil, en compagnie de nombreux cardinaux et évêques – dont des évêques suisses, Mgr Kurt Koch, évêque de Bâle, et Mgr Markus Büchel, évêque de St-Gall. Outre la première femme Suisse proclamée sainte, Mère Maria Bernarda Bütler (1848-1924), le pape a proclamé la première sainte native d’Inde, Anna Muttathupadathu (1910-1946). Il a également canonisé la laïque équatorienne Narcisa de Jesús Martillo Moran (1832-1869) et le prêtre italien Gaetano Errico (1791-1860).
Un véritable «cadeau» venu d’Amérique latine
Plusieurs centaines de pèlerins des communes d’Auw (le lieu de naissance de Mère Maria Bernarda Bütler en Argovie) et d’Altstätten (où elle entra au couvent dans le canton de St-Gall) avaient fait le voyage à Rome, en compagnie de Mgr Kurt Koch et de Mgr Markus Büchel. Ce dernier a dit espérer que l’exemple de la nouvelle sainte suisse – un véritable «cadeau» venu d’Amérique latine (elle est enterrée à Cartagena, en Colombie) – donnera de nouvelles impulsions pour les vocations à la vie religieuse.
Mgr Büchel s’est réjoui de l’écho médiatique, dans la presse, à la radio et à la télévision, également en dehors de l’Eglise catholique, qu’a suscité cette canonisation. A ses yeux, cela montre que de nombreuses personnes sont en recherche et que ce témoignage crédible d’une religieuse, la radicalité de son engagement, fascinent. Un tel exemple peut avoir également une influence sur les jeunes, a-t-il souligné sur les ondes de Radio Vatican.
Guérie en 2002 d’une grave et inhabituelle pneumonie, de manière inexplicable pour les médecins, suite aux prières adressées à Mère Maria Bernarda, la jeune médecin colombienne Mirna Jazime Correa, âgée de 35 ans, était présente dimanche Place St-Pierre.
C’est elle qui a apporté à l’autel, en compagnie d’un membre de la famille Bütler et de Mère Marines Burin, supérieure générale de la Congrégation des Missionnaires franciscaines de Marie auxiliatrice, des reliques de Mère Maria Bernarda, juste après la proclamation de la nouvelle sainte par le pape.
Suivre le chemin de la croix
«Jésus invite chacun d’entre nous à le suivre, comme ces saints, sur le chemin de la croix», a expliqué Benoît XVI aux nombreux fidèles venus participer à la messe de canonisation. Au regard de la vie des quatre nouveaux saints, le pape a encouragé la pratique du sacrement de la confession, la mission, la notion de sacrifice mais aussi une sainteté vécue dans la vie simple de tous les jours.
Au cours de son homélie prononcée en 4 langues – italien, allemand, espagnol et anglais -, le pape a d’abord évoqué la figure du prêtre napolitain Gaetano Errico, fondateur de la congrégation des Missionnaires des sacré-coeurs de Jésus et de Marie. Benoît XVI a expliqué que ce prêtre s’était dévoué avec «application, assiduité et patience» au ministère de la réconciliation et qu’il avait été un «expert dans la ’science’ du pardon». «Il s’inscrit ainsi, a ajouté le pape, parmi les figures extraordinaires de prêtres qui, inlassablement, ont fait du confessionnal le lieu pour offrir la miséricorde de Dieu, en aidant les hommes à se retrouver eux-mêmes, à lutter contre le péché et à progresser sur le chemin de la vie spirituelle».
L’élan missionnaire de sainte Maria Bernarda
Benoît XVI a en outre évoqué sainte Maria Bernarda Bütler et son élan missionnaire qui l’a conduite à quitter sa patrie natale, la Suisse, pour s’ouvrir à d’autres horizons d’évangélisation en Equateur et en Colombie. «Au milieu des graves difficultés auxquelles elle a dû faire face, notamment l’exil, elle a gardé, gravée dans son coeur, l’exclamation du psaume que nous avons écouté aujourd’hui: ’si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi’», a expliqué le pape. La première femme suisse proclamée sainte, a encore expliqué Benoît XVI, «fit part aux autres de l’amour de Dieu auquel elle consacra, avec fidélité et joie, sa vie toute entière».
Devant quelque 4’000 fidèles indiens, et de très nombreux prêtres du sous-continent, Benoît XVI a par ailleurs évoqué la vie d’extrême souffrance physique et spirituelle de sainte Alphonsa de l’Immaculée Conception, Anna Muttathupadathu. «Cette femme exceptionnelle, qui est offerte aujourd’hui au peuple de l’Inde comme sa première sainte canonisée, était convaincue que sa croix était le véritable moyen de parvenir au banquet céleste préparé pour elle par le Père». «Sainte Narcisa de Jesús, a également indiqué Benoît XVI, nous montre un chemin de perfection chrétienne accessible à tous les fidèles». Pour le pape, l’existence de cette jeune laïque équatorienne s’écoula dans la plus grande simplicité, consacrée à son travail de couturière et à son apostolat de catéchiste. AMI/JB
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En communion avec la Colombie grâce à la canonisation de Mère Maria Bernarda Bütler
En déclarant sainte Mère Maria Bernarda Bütler, «le pape offre à la Suisse et au monde un modèle de vie et un puissant intercesseur auprès du Seigneur», ont fait savoir dimanche dans un communiqué les évêques suisses. Ils remercient Benoît XVI pour la canonisation de Mère Maria Bernarda Bütler et relèvent que la vénération de sainte Maria Bernarda trouve sa place dans le calendrier liturgique par la célébration de sa mémoire le 19 juin.
Les évêques suisses sont particulièrement heureux de constater que la canonisation de Mère Maria Bernarda crée une communion spirituelle particulière entre la Suisse et la Colombie. Lors des festivités de ce week-end à Rome, ce lien s’est exprimé par les nombreuses heures que les pèlerins des deux pays ont passées ensemble. Lors des messes d’actions de grâce à venir, des deux côtés de l’Atlantique, la présence d’importantes délégations des deux pays marquera la participation réciproque à la prière.
En Suisse, le mois d’octobre, mois de la mission universelle, est l’occasion pour de nombreux membres de paroisses, communautés religieuses et groupes de prière de se rencontrer quotidiennement pour des moments de prière. L’expression du lien avec les habitants de la Colombie y trouvera une place privilégiée cette année, rappelle la Conférence des évêques suisses. De plus la campagne annuelle 2008 du mois de la mission de la branche suisse des OEuvres Pontificales missionnaires «Missio» montre, par l’exemple de la Colombie, comment des fidèles catholiques s’investissent pour un avenir équitable et non-violent. JB/Com
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Biographie de Mère Maria Bernarda Bütler
Mère Maria Bernarda Bütler (1848 – 1924) est née le 28 mai 1848 à Auw, dans le canton d’Argovie, où elle a été baptisée sous le nom de Vérène. Le 12 novembre 1867, elle entre au couvent des Capucines Maria-Hilf à Altstätten, dans le canton de Saint-Gall. Le 4 mai 1868, elle prend l’habit et entrée au noviciat sous le nom de Maria Bernarda du Saint Coeur de Marie. Ses activités: l’enseignement, puis le service de maison, puis économe, puis intendante et enfin assistante et maîtresse de novices. Entre 1880 et1887, elle est supérieure à Maria-Hilf et entreprend la réforme du couvent. Le 7 mars 1887, le Provincial des capucins de l’Amérique du Nord sollicite la collaboration des Soeurs à la mission d’Amérique. Le 19 juin 1888, elle part pour l’Equateur avec six autres soeurs. Elle y fonde des écoles. En juillet 1895, la révolution perpétrée par les francs-maçons l’oblige à fuir. Le 2 août 1895, elle arrive dans la station portuaire de Cartagena, en Colombie. Elle fonde des écoles, des hôpitaux, des homes en Colombie, au Brésil et plus tard également à Gaissau, dans le Voralberg. Elle meurt le 19 mai 1924 à Obra Pia, à Cartagena. Le 16 mars 1956 a lieu la translation de ses restes dans la nouvelle chapelle de Providencia à Cartagena. Elle est béatifiée par le pape Jean Paul II le 29 octobre 1995 et canonisée par le pape Benoît XVI le 12 octobre 2008.
Mère Maria Bernarda avait une piété marquée par l’empreinte de la vie sociale et de la religiosité du milieu dans lequel elle a grandi. Saint François d’Assise exerça une influence décisive sur sa vie. Son ardent amour de la pauvreté et des pauvres l’incitèrent à quitter l’endroit sécurisant de sa maison mère pour affronter l’incertitude de la plus noire pauvreté d’un pays de mission.
En 1888, Mère M. Bernarda fonda la Congrégation des Soeurs franciscaines de Marie Auxiliatrice. Ces religieuses exercent leur activité spécialement en Amérique du Sud: en Colombie, au Brésil, en Equateur, au Venezuela, en Bolivie, au Pérou et à Cuba, mais aussi en Autriche, en Suisse ainsi qu’au Mali et au Tchad. Depuis 1964, la Congrégation compte cinq provinces, et depuis 1969, le siège de la Province d’Europe se trouve au «Bernardaheim Maria Ebene» à Frastanz/Feldkirch. Actuellement, la Congrégation compte plus de 840 membres. Le champ d’activité des soeurs franciscaines missionnaires est multiple: l’instruction et l’éducation, le travail social et la santé, l’engagement pastoral et l’apostolat auprès des personnes âgées et des malades. Elles ont, entre autre, élu domicile dans les quartiers pauvres et les villages de miséreux d’Amérique du Sud. On les surnomme «les soeurs des poubelles de Colombie». A Auw, village natal de Mère Maria Bernarda, fut fondé un foyer médicalisé pour les personnes âgées: le Bernardaheim. Le renom de sainteté accompagne Mère Maria Bernarda depuis sa mort. Des milliers de pèlerins se rendent à son tombeau et sollicitent son aide. Bon nombre d’entre eux affirment qu’ils ont été exaucés. On peut voir à Auw les fonts baptismaux et un monument qui rappellent la mémoire de la Bienheureuse. On peut également y visiter un musée. Pour plus d’informations et de la documentation: Maison Provinciale Bernardaheim, Maria Ebene 15 A-6820 Frastanz Vorarlberg, internet: www.fmmh.org (apic/ami/imedia/ces/com/be)