Il lui demande de suivre la pratique liturgique de l’Eglise

Rome: Benoît XVI rappelle à l’ordre le Chemin néocatéchuménal

Rome, 4 janvier 2006 (Apic) Le pape Benoît XVI a rappelé à l’ordre le Chemin néocatéchuménal. Dans une lettre signée le 1er décembre 2005, le préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, le cardinal Francis Arinze, a communiqué aux responsables de ce mouvement certaines «décisions» de Benoît XVI concernant leurs pratiques liturgiques jugées déviantes. Cette lettre privée a été publiée sur le site internet du magazine italien l’Espresso.

Dans sa lettre de deux pages remise mi-décembre aux fondateurs et responsables du Chemin néocatéchuménal, Kiko Argüello, Carmen Hernandez et le Père Mario Pezzi, le préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements leur a demandé de suivre la ligne liturgique de l’Eglise catholique. Le cardinal Arinze y a établi une liste de six points, correspondant aux «décisions du pape».

Il a d’abord été demandé aux membres du mouvement catholique d’accepter et de suivre dans leurs messes «les livres liturgiques approuvés par l’Eglise, sans omettre ni rien ajouter». Le célébrant devra aussi utiliser les autres prières eucharistiques contenues dans le Missel, et pas seulement la prière eucharistique numéro 2, y est-il ainsi précisé.

Le groupe néocatéchuménal doit faire partie intégrante de la paroisse

Concernant la célébration de la messe le samedi soir en petits groupes constitués par les membres du Chemin, en fonction de leur avancée dans leur parcours, la lettre rappelle que «le dimanche est le jour du Seigneur». C’est pourquoi, le pape exige que les groupes du Néocatéchuménat participent au moins un dimanche par mois à la messe célébrée en paroisse. Il a aussi insisté sur le fait que le groupe néocatéchuménal fait partie intégrante de la paroisse, ce qu’il «doit faire ressortir».

La lettre signée par le cardinal Arinze traite aussi de la question de l’homélie. En raison de sa nature et de son importance, celle-ci est «réservée au prêtre ou au diacre», est-il précisé. Ces derniers devront être prudents dans leur usage du «dialogue» dans l’homélie. Les monitions faites avant les lectures devront pour leur part être brèves, peut-on lire dans cette lettre. Et si «les didascalies et témoignages» sont admis, ils ne doivent pas revêtir des caractéristiques qui pourraient les faire confondre avec l’homélie.

Recevoir la communion debout ou à genou

La Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a enfin émis des réserves sur la façon dont les néocatéchumènes reçoivent actuellement la communion, c’est-à-dire assis autour d’une grande table qui remplace l’autel au centre de l’église. Ils devront désormais recevoir le corps et le sang du Christ selon «le mode déterminé dans les livres liturgiques», c’est-à-dire debout ou à genou.

Jusqu’ici, les fidèles du Chemin se partageaient une grande miche de pain et se passaient la coupe de vin de main en main. La Congrégation permet toutefois au mouvement un temps de transition mais n’allant pas au-delà de deux ans afin de s’adapter rapidement «à la façon normale pour toute l’Eglise de recevoir la sainte communion».

Par ailleurs, la Congrégation responsable de liturgie au Vatican a concédé un «indult» spécial (une permission, ndlr) pour le signe de la paix (poignée de main échangée au cours de la messe entre les fidèles accompagnée des paroles «la paix du Christ»). Il se fait avant l’offertoire dans les célébrations du Chemin néocatéchuménal, comme dans le rite ambrosien milanais mais pas comme dans le rite romain, où il se fait au terme de la récitation de la prière du Notre-Père, après la consécration des offrandes.

Ces corrections requises par le Saint-Siège auprès du Chemin néocatéchuménal représentent la dernière étape du processus pour l’approbation définitive des statuts du mouvement. Car si le Saint-Siège a validé le statut de ce mouvement le 29 juin 2002, il l’est ad experimentum pour cinq ans.

Mise en garde contre «les dangers» du mouvement

Jean Paul II avait ainsi rappelé aux fondateurs du mouvement le 21 septembre 2002, que les dicastères du Saint-Siège (Conseil pour les laïcs, Congrégations pour la doctrine de la foi, le clergé, la liturgie et la discipline des sacrements et l’éducation catholique, ndlr) devaient maintenant examiner le directoire catéchétique et toute la pratique catéchétique ainsi que la liturgie du Chemin. Un éditorial de la Civiltà Cattolica du 19 août 2004, relue par la Secrétairerie d’Etat, avait aussi mis en garde contre «les dangers» du mouvement.

Benoît XVI avait reçu les fondateurs du Chemin néocatéchuménal le 19 novembre dernier. Si une «Note» publiée quelques jours plus tard par le mouvement rapportait que le pape appréciait la pratique liturgique du Chemin néocatéchuménal, la lettre du cardinal Arinze précise que les nouvelles décisions du pape «autour de la célébration de la très sainte Eucharistie dans le Chemin néocatéchuménal» vont dans la ligne des orientations mises à jour lors de la rencontre de novembre.

S’il est conscient que 70 % des «néocatéchumènes» sont des baptisés éloignés de la pratique religieuse qui ont donc besoin d’une mystagogie (initiation, ndlr) sacramentelle particulière, comme l’expliquent les responsables du Chemin, Benoît XVI est un théologien particulièrement attentif à la liturgie et au respect de la sacralité et la beauté du rite. En tant que cardinal, il avait ainsi écrit un livre sur le sujet intitulé «L’Esprit de la liturgie».

Le pape apprécie cependant le mouvement dynamique fondé en Espagne en 1964 qui compte désormais 16’700 communautés dans plus de 880 diocèses, 5’000 paroisses et 100 pays, dont de nombreux territoires de mission. Il devrait aussi rencontrer 209 familles du Chemin le 12 janvier prochain, au Vatican. (apic/imedia/ar/be)

4 janvier 2006 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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