Le fondateur de l’Opus Dei est le 465ème saint proclamé par le pape

Rome: Canonisation de Josémaria Escriva de Balaguer

Rome, 6 octobre 2002 (APIC) Le pape Jean Paul II a procédé dimanche 6 octobre à la canonisation du fondateur de l’Opus Dei, Josémaria Escriva de Balaguer (1902-1975), au cours d’une messe célébrée Place Saint-Pierre à Rome devant 200’000 à 300’000 personnes selon les sources. Josémaria Escriva de Balaguer est le 465ème saint de l’Eglise catholique proclamé par Jean Paul II en près de 24 ans de pontificat.

Le fondateur de l’Opus Dei, perçu par ses partisans comme un charismatique et un passionné, mais décrié par ses détracteurs qui le qualifient de «vaniteux» et de «réactionnaire», est l’un des personnages les plus contestés de l’histoire récente de l’Eglise. Lors de sa béatification, en 1992, 17 ans après sa mort, de nombreux témoignages critiques sur sa personnalité ont été publiés. Critiques du reste balayées par ses amis, partout dans le monde. Sa cause, en béatification puis en canonisation aura été l’une des plus courtes de l’Eglise, avec celle de sainte Thérèse de Lisieux et, probablement, celle de Mère Teresa, dans un proche avenir.

La cérémonie de dimanche a été retransmise par 27 télévisions dans le monde. Sous un grand soleil, le pape a officiellement reconnu la sainteté de cet Espagnol, fondateur de l’Opus Dei.

Arrivés d’Italie, de l’Espagne et d’Amérique du sud principalement, les nombreux pèlerins sont arrivés Place Saint-Pierre et dans les rues avoisinantes dès la veille. Au début de la célébration, la foule s’étendait sur la ’Via della Conciliazione», jusqu’au Tibre.

Même si le nombre de participants était à peu près identique que pour la canonisation du Padre Pio ­ autre saint «populaire» de l’année -, au mois de mai dernier, l’organisation était différente. Les bousculades liées à la première cérémonie ont été évitées, le 6 octobre, grâce à la présence de 1’850 volontaires qui ont encadré les flux de pèlerins dès le centre de Rome, aidés par les déploiements de police. Pour faciliter leur travail, la Place Saint-Pierre avait par ailleurs été divisée en neuf parties, les détenteurs de billets correspondant étant directement dirigés vers leurs places. A la différence d’autres manifestations religieuses Place Saint- Pierre, aucune pancarte n’était arborée dimanche par les pèlerins. Un gigantesque portrait du nouveau saint installé sur la façade de la basilique Saint-Pierre a été dévoilé, sous les applaudissements des pèlerins.

400 évêques et cardinaux

Aux premiers rangs avaient été installés les quelque 400 évêques et cardinaux venus pour la canonisation, 450 personnes handicapées en fauteuils roulants, ainsi que les nombreuses autorités politiques venues d’Italie, d’Espagne, d’Amérique du sud et d’Afrique. A l’exemple de ce qu’avait voulu le fondateur de l’Opus Dei, des fidèles non catholiques étaient également présents sur la place. Parmi eux, le premier ambassadeur d’Israël près le Saint-Siège, Samuel Haddas, deux groupes de musulmans venus du Kazakhstan et du Nigeria, un groupe d’orthodoxe russes venu avec le poète Alik Zorin, ou encore des luthériens et des anglicans.

Enseignement «toujours actuel et présent»

«L’enseignement de Josémaria Escriva de Balaguer est toujours actuel et urgent», a lancé Jean Paul II au cours de son homélie. Proche de l’Opus Dei, Jean Paul II a promu l’Oeuvre au rang de prélature personnelle en 1982. C’est la seule prélature personnelle existant au monde aujourd’hui.

«Le croyant, en vertu du baptême qui l’incorpore au Christ, est appelé à vivre avec le Seigneur une relation ininterrompue et vitale», a poursuivi Jean Paul II. rappelant la spiritualité d’Escriva de Balaguer. «Le croyant est appelé à être saint et à collaborer au salut de l’humanité», a-t-il ajouté, précisant que «le travail réalisé avec l’aide de la grâce se transforme en moyen de sanctification quotidienne». Ainsi, pour le pape, «dans le contexte apparemment monotone des réalités terrestres, Dieu se fait proche de nous et nous pouvons coopérer à son plan de salut». Le fondateur de l’Opus Dei opposait souvent la foi chrétienne au conformisme et à «l’inertie intérieure».

Josémaria Escriva de Balaguer était connu pour avoir une forte personnalité voir colérique qui exerçait une grande influence sur beaucoup de personnes. Au moment de sa mort, son oeuvre comptait 60’000 fidèles dans le monde entier. Aujourd’hui, l’Opus Dei revendique 84’000 membres – 98% laïcs dont deux tiers sont mariés – dans 60 pays du monde.

«Société secrète»

Face à ces nombreux «fidèles», Escriva de Balaguer a aussi eu de nombreux ennemis, dont de nombreux théologiens catholiques. L’Oeuvre a longtemps été accusée d’être une «société secrète». Ses détracteurs reprochent également les liens de certains membres de l’Opus Dei avec le pouvoir sous le régime franquiste. La béatification du fondateur, en 1992, a été accompagnée de polémiques venant de l’extérieur mais aussi de l’intérieur de l’Eglise catholique. Aujourd’hui, celles-ci semblent s’être calmées, «grâce à un plus grand effort de communication», expliquent ceux qui dirigent actuellement l’Oeuvre.

«Les incompréhensions et les difficultés ne manquent pas quand quelqu’un entend servir avec fidélité la cause de l’évangile», a déclaré Jean Paul II au cours de son homélie. Mais, a-t-il aussitôt ajouté, «le Seigneur purifie et modèle avec la force de la croix ceux qui sont appelés à le suivre».

Quelques instants auparavant, le pape avait prononcé la formule de canonisation, élevant Josémaria Escriva de Balaguer au rang de saint. «Après avoir longuement réfléchi, après avoir invoqué à de nombreuses reprises l’aide divine et après avoir écouté l’avis des évêques, nous déclarons et définissons saint, le bienheureux Josémaria Escriva de Balaguer». Sous les applaudissements, une relique du nouveau saint a alors été portée en procession sur le parvis de la basilique vaticane, accompagnée par l’Alleluia de Haendel. 1’200 personnes appartenant à 37 choeurs nationaux composaient la chorale.

A l’issue de la cérémonie, Jean Paul II a récité la traditionnelle prière de l’angélus, après avoir salué chacun des groupes présents dans leurs langues respectives. Il devrait recevoir de nouveau lundi les pèlerins venus pour la canonisation du fondateur de l’Opus Dei le lendemain.

Josémaria Escriva de Balaguer est le 465ème saint de l’Eglise catholique proclamé par Jean Paul II en près de 24 ans de pontificat. Il a présidé au total 47 cérémonies de canonisation ­ dont 12 hors de Rome -, élevant à la gloire des autels 401 martyrs et 64 confesseurs. (apic/imedia/ag/pr)

6 octobre 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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