L’évolution ne s’oppose pas à la création
Rome:Darwin n’a jamais été condamné par l’Eglise
Rome, 16 septembre 2008 (Apic) Les théories de Charles Darwin (1809-1882) n’ont jamais été condamnées par l’Eglise. C’est ce qu’a rappelé Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la culture, lors de la présentation à la presse du programme de la rencontre «l’évolution biologique : faits et théories, une évaluation critique 150 ans après L’origine des espèces», le 16 septembre 2008.
A l’occasion du 150e anniversaire de la parution du livre de Charles Darwin, «L’origine des espèces», l’université pontificale grégorienne, dans le cadre du projet STOQ (Science, Theology and the Ontological Quest) promu par le Conseil pontifical de la culture, organisera ce colloque sur la théorie de l’évolution du 3 au 7 mars 2009.
«A priori, il n’y a pas incompatibilité entre les théories de l’évolution et le message de la Bible et de la théologie», a ainsi expliqué Mgr Ravasi. «Darwin n’a jamais été condamné par l’Eglise et L’origine des espèces n’est pas à l’Index», a-t-il encore souligné.
Le président du Conseil pontifical de la culture a rappelé que, dans son Encyclique Humani Generis, en 1950, le pape Pie XII «n’a pas interdit que la doctrine de l’évolution soit un objet de recherche et de discussion». Il a aussi rappelé le discours de Jean-Paul II à l’Académie pontificale des Sciences, le 12 octobre 1996. Le pape polonais avait alors souligné que la théorie de l’évolution «s’était progressivement imposée à l’attention de la recherche».
«Sur l’évolutionnisme, nous nous engagerons de manière particulière» dans le cadre du dialogue entre sciences et foi, a ainsi assuré Mgr Ravasi. Il a ainsi prôné «une recherche sérieuse, non approximative, capable de dépasser les idées reçues et les stéréotypes, l’arrogance, le radicalisme et les complexes d’infériorité», car «la science et la religion ne sont pas opposées». En effet, a-t-il conclu, «la science peut purifier la religion de la superstition et la religion peut purifier la science de ses faux absolus».
La querelle entre «évolutionnistes» et «créationnistes» est très largement considérée par Benoît XVI. La rencontre annuelle du «Ratzinger-Schuelerkreis», le cercle réunissant les anciens élèves du pape, s’est penchée à deux reprises sur ces sujets en septembre 2006 et septembre 2007.
Théorie pas incompatible avec celle de l’Eglise
Lors de ces congrès, Benoît XVI a estimé que les théories de Charles Darwin sur l’évolution humaine n’étaient pas suffisantes pour expliquer les origines de la vie. L’origine de la vie, a-t-il expliqué dans les actes de la première rencontre qui ont été publiés, «ne peut pas avoir une explication scientifique parce que la science, malgré les ouvertures et les progrès acquis est toujours limitée». Quant à Darwin, «sa théorie sur l’évolution n’est pas totalement démontrable en laboratoire, parce que des mutations sur des centaines de milliers d’années ne peuvent pas être reproduites en laboratoire». «Les résultats de la science soulèvent des questions qui vont au-delà de ses règles méthodiques», a insisté Benoît XVI. Et «les origines de la vie réclament toujours plus une dimension de la raison que nous avons perdue».
Si le débat n’a fait qu’effleurer l’Europe, aux Etats-Unis la polémique entre «darwinistes» et «créationnistes» fait rage. Ces derniers, qui prennent au pied de la lettre le récit biblique de la création du monde, contestent la théorie de Charles Darwin établissant que l’espèce humaine est le fruit d’une longue évolution. Au-delà de l’Atlantique, ces mouvements fondamentalistes chrétiens cherchent à imposer dans l’enseignement scolaire la théorie de «l’intelligent design» (le dessein intelligent de Dieu).
Après avoir longtemps combattu Darwin, l’Eglise catholique considère aujourd’hui, avec quelques réserves, que la théorie de l’évolution n’est pas incompatible avec son enseignement. Elle s’inquiète pourtant de l’influence du darwinisme social et des théories sur l’évolutionnisme économique en matière d’éthique sociale et médicale. La «sélection naturelle» est inacceptable pour la doctrine sociale de l’Eglise. (apic/imedia/hy/js)