Les athées au paradis ?
Rome: Débat théologique en Italie
Rome, 17 juin 1997 (APIC) «Ceux qui croient ne pas croire, comme tous ceux qui appartiennent à une religion non chrétienne, peuvent espérer dans le salut éternel.» Cette thèse du jésuite Giovanni Marchesi défraie la chronique en Italie. Le théologien de la célèbre revue «La Civiltà Cattolica» l’expose dans un ouvrage de 670 pages qui vient de paraître sous le titre: «Christologie trinitaire de von Balthasar».
L’auteur reprend en fait la position du théologien suisse Urs von Balthasar, mort à l’âge de 83 ans le 26 juin 1988, deux jours avant de recevoir la pourpre cardinalice. Sa vie durant Hans Urs von Balthasar avait été plutôt isoléé parmi les théologiens au point qu’aucune chaire universitaire ne lui avait jamais été confiée.
Dans une interview accordée au quotidien communiste «L’Unità», le Père Giovanni Marchesi s’explique: «Balthasar se prononce pour une théologie ouverte à la possibilité de rédemption universelle. Si nous ne voulons pas entacher la finalité positive du christianisme fondée sur l’incarnation de Dieu qui se fait homme pour le sauver jusqu’à mourir sur la croix, nous devons donner à tout être humain la possibilité de salut. Certes, Balthasar ne nie pas la possibilité de damnation qui subsiste. Mais le don positif de la liberté est fait à l’homme. A lui de l’utiliser selon un usage bon ou mauvais. «C’est pourquoi la requête du christianisme d’espérer pour le salut de tous, athées compris, doit nous rendre très prudents vis-à-vis de la vision d’un enfer populaire avec une masse de damnés comme le proposait saint Augustin. Balthasar rejette la position de saint Augustin. Il se rapproche de celle d’Origène, mais sas en accepter les points les plus extrêmes, selon lesquelles, Dieu, au terme de l’histoire du monde, sauverait aussi le diable et l’enfer cesserait d’exister.»
Appelé à réagir sur cette thèse, Mgr Alessandro Maggiolini, évêque de Côme, seul théologien italien à avoir été nommé dans la commission chargée de la rédaction du «Catéchisme de l’Eglise catholique» est un peu plus prudent. Il commente dans «La Repubblica»: «Il est toujours bon de rappeler combien grande est la miséricorde de Dieu, immense le désir de Dieu notre Père de sauver tous ses fils. Attention toutefois aux paradoxes faciles: en rappelant que les athées ont une possibilité de salut divin, on ne doit pas commettre l’erreur de changer les portes du paradis en un viatique privilégié pour les athées.» (apic/cip/imed)