Ouverture d’une nouvelle collaboration?

Rome: Jean Paul II a reçu une délégation de l’Eglise orthodoxe de Grèce

Rome, 11 mars 2002 (APIC) Pour la première fois dans l’histoire, des représentants de l’Eglise orthodoxe grecque ont été reçus en fin de semaine au Vatican par le chef de l’Eglise catholique. Cette rencontre pourrait ouvrir de nouvelles collaborations entre les deux Eglises, après les vifs échanges lors de la visite du pape en Grèce l’an dernier.

Dans son discours, Jean Paul II a souhaité un «dialogue franc» entre les deux Eglises, alors que le métropolite Panteleimon, chef de la délégation orthodoxe, a souhaité inaugurer une collaboration sur des sujets pratiques, d’ordre moral et social afin de faciliter le «difficile» dialogue théologique.

La délégation de l’Eglise orthodoxe de Grèce, guidée par deux évêques, est en visite au Vatican du 8 au 13 mars. Emmenée par les métropolites Panteleimon de l’Attica et Timotheos de Kurkyra et Paxos, cette délégation de l’Eglise orthodoxe de Grèce profite de son passage à Rome pour rencontrer des représentants de différents dicastères et aborder avec eux le thème de «l’hérédité et l’identité chrétienne dans la communauté européenne».

Au Vatican, on souligne le climat de confiance et de cordialité qui a régné durant les premiers jours.

«L’heure de la collaboration a sonné!», a affirmé Jean Paul II en français dans son discours aux prélats orthodoxes. Faisant allusion à leur venue à Rome pour la première fois dans l’histoire des deux Eglises, le pape a souligné que «la connaissance personnelle réciproque, l’échange d’informations, ainsi qu’un franc dialogue sur les moyens d’établir les relations entre les deux Eglises», constituent «les conditions essentielles de la mise en oeuvre d’une collaboration».

Cette collaboration entre catholiques et orthodoxes a une importance particulière dans la société européenne d’aujourd’hui où «diminue» le respect de l’homme et de sa dignité, a expliqué Jean Paul II. «Notre tâche est de transmettre le patrimoine chrétien dont nous avons hérité», a-t-il poursuivi. «Il est donc toujours plus urgent que les chrétiens donnent à la société une image exemplaire de leur comportement commun s’enracinant dans la foi, qu’ils cherchent ensemble à trouver un remède aux graves problèmes éthiques que posent les sciences et les démarches qui voudraient faire abstraction de toute référence à la dimension transcendantale de l’homme, ou même la nier».

Ainsi, «nous devons approfondir notre collaboration et travailler ensemble», a ajouté le pape, insistant sur la responsabilité «particulière» qu’a l’Eglise orthodoxe de Grèce dans cette démarche vers «l’?cuménisme.

La méfiance des moins orthodoxes

Prenant la parole à son tour, le métropolite Panteleimon a pour sa part insisté sur le fait que la présence à Rome d’une délégation de l’Eglise orthodoxe de Grèce permettra de mieux connaître l’Eglise catholique «afin de pouvoir collaborer avec elle sur des thèmes d’intérêt pratique et sur des problématiques communes». Ainsi, a-t-il ajouté, «nous pourrons affronter efficacement ensemble ces questions d’importance vitale qui surgissent quotidiennement à l’horizon de l’Europe unie et dans le monde entier».

Pour le métropolite orthodoxe, c’est un «devoir» de faire «de grands efforts pour changer le climat actuel, pour guérir les plaies du passé et pour retourner à l’esprit original de la fraternité et de l’amour chrétiens». «Cela ne sera pas facile !», a-t-il toutefois précisé en faisant allusion «aux situations et aux mésaventures historiques» qui ont créé, «non sans raison surtout chez nos moines, un climat de méfiance et de soupçon envers la chrétienté de l’Occident». «Il nous faudra lutter et surtout prier ardemment».

Très attendue au Vatican, cette visite – qui a été autorisée par le Saint- Synode orthodoxe de Grèce – de la première délégation officielle de l’Eglise de Grèce à Rome, constitue pour le métropolite Panteleimon, un pas «important et significatif» sur le chemin vers l’unité.

A la fin de l’audience, le métropolite de l’Attica a remis au pape un message de l’archevêque d’Athènes et de toute la Grèce, Christodoulos, dans lequel ce dernier confirme la volonté de l’Eglise orthodoxe de Grèce de collaborer avec le Saint-Siège. «Sans nier les réalités dogmatiques et doctrinales qui nous séparent, nous sommes prêts à collaborer ensemble dans les domaines sociaux, culturels, éducatifs, écologiques et bioéthiques pour le bien de l’humanité», écrit-il. «L’envoi de la délégation de notre Eglise auprès de celle de Rome, ajoute-t-il, vise à créer un pont de communication, de réconciliation et de confiance entre nous, afin que notre témoignage de chrétiens soit plus intense, plus crédible et plus efficace dans une société qui est en train de perdre les valeurs traditionnelles de la foi dans le Christ rédempteur». (apic/imed/pr)

11 mars 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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