La charité comme réponse à l’euthanasie
Rome: Jean Paul II reçoit les membres de l’Académie pontificale pour la vie
Rome 28 février 1999 (APIC) Seules «la charité chrétienne et la solidarité humaine» peuvent répondre au nouveau défi de la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, a relevé Jean-Paul II samedi. Le pape, qui recevait les participants à la 5e Assemblée générale de l’Académie pontificale pour la vie, réunie à Rome du 24 au 27 février sur le thème ’la dignité du mourant’, s’est félicité de la qualité de ses travaux.
«La vie des mourants et des malades graves est aujourd’hui exposée à un ensemble de dangers qui se manifestent parfois par des traitements déshumanisants, par la non considération et même l’abandon» de ces personnes, «jusqu’à même parvenir à la solution de l’euthanasie» a constaté le pape.
Les raisons en sont d’ordre socio-culturel dans le sens où le bien-être matériel et la recherche scientifique refusent l’échec et toute forme de limitation et de souffrance et où «la mort est un non sens». Il y a en outre pour le pape une dimension philosophique et idéologique basée sur «le principe d’autodétermination». L’homme en effet veut une autonomie absolue quant à sa propre vie, une sorte «d’affirmation de soi» qui conduit paradoxalement à la «destruction de soi», se donnant le pouvoir de mettre fin à sa vie par le suicide ou l’euthanasie.
Jean Paul II souligne aussi la dimension de l’assistance. Les «structures sanitaires ne sont pas toujours aptes à fournir une assistance personnalisée et humaine», sans parler parfois de la limitation des soins apportés aux malades graves pour des raisons économiques. «Le malade grave ou le mourant qui a besoin de soins prolongés et sélectifs est souvent ressenti, à la lumière du rapport coût-bénéfice, comme un poids et une charge passive» rappelle le pape qui dénonce «l’éthique utilitariste».
S’engager dans l’assistance au mourant
«Cette culture de la mort» est accentuée encore par des campagnes d’opinion toujours plus fréquentes qui visent à instaurer des lois en faveur de l’euthanasie et du suicide assisté. Jean-Paul II n’a pas manqué de rappeler les thèmes abordés par son encyclique sur la vie ’Evangelium Vitae’. Et d’insister avec force sur le fait qu’»aucun homme ne peut choisir arbitrairement de vivre ou de mourir». «Cette ligne de conduite morale est contraire à l’euthanasie et au suicide, mais aussi à des formes d’acharnement thérapeutique qui ne sont pas un vrai soutien à la vie et à la dignité du mourant».
«L’époque où nous vivons exige la mobilisation de toutes les forces de charité chrétienne et de solidarité humaine» lance le pape. «Il faut en effet faire face au nouveau défi de la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté» et «il ne suffit pas de combattre cette tendance de mort dans l’opinion publique et dans les Parlements mais il faut aussi engager toute la société et les structures même de l’Eglise dans une assistance digne du mourant».
L’exemple de Mère Teresa
Jean Paul II n’a pas manqué de citer l’exemple de Mère Teresa qui a su promouvoir une culture de la vie auprès des moribonds, donnant amour et chaleur humaine dans les derniers instants de leur vie. Le pape appelle toute les communautés diocésaines et les paroisses «à prendre soin des personnes âgées, à soigner et à visiter les malades à domicile» et à s’engager concrètement «pour qu’aucune personne mourante ne soit abandonnée ou laissée seule et sans assistance face à la mort». Il insiste aussi sur le besoin de développer les soins palliatifs chez les malades en phase terminale «afin d’alléger leur souffrance». (apic/imed(mp)