L’analyse du cardinal Crescenzio Sepe

Rome: L’Eglise en Chine et au Vietnam évolue positivement

Rome, 9 janvier 2006 (Apic) Le cardinal Crescenzio Sepe, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, s’est montré positif quant à l’évolution de la situation de l’Eglise en Chine et au Vietnam, dans un entretien accordé lundi au quotidien italien «La Stampa». Le cardinal Sepe a cependant relevé que toutes les difficultés des dernières décennies rencontrées dans ces pays n’étaient pas encore «dépassées».

«L’évangélisation du 19e siècle a souffert à cause des ramifications de ses liens avec les ambitions politiques des puissances européennes, c’est pourquoi la foi chrétienne a été vue en Chine comme une affaire européenne et les missionnaires furent considérés comme une partie de la colonisation européenne», a rapporté le cardinal Sepe, interrogé sur l’attitude actuelle des Chinois vis à vis de l’Eglise catholique. «Nous ne devons pas cacher les erreurs et les responsabilités, aussi côté catholique, comme Jean Paul II l’a indiqué durant le Jubilé de l’an 2000», a-t-il ajouté.

«Le cardinal Ratzinger indiqua aussi parmi les effets négatifs du colonialisme européen l’immixtion forcée d’idéologies occidentales», a poursuivi le cardinal en charge des pays d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie et d’Océanie. «Le libéralisme ébranla la religion traditionnelle chinoise et ses fondements éthiques» et c’est «seulement l’un des nombreux exemples d’intrusion européenne dans la culture chinoise avec des effets qui, ensuite, furent de fait réellement dévastateurs», a-t-il encore estimé.

Pour le cardinal italien, «c’est à cause de ces influences que l’Eglise et le christianisme ont été présentés en Chine au cours du 20e siècle comme des réalités archaïques, pré modernes, antiscientifiques et donc des ennemis dangereux au nouvel ordre qu’on voulait porter en Chine».

La nouvelle approche chinoise

«Aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé», a cependant estimé le préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. D’une part, «l’Eglise catholique a confirmé sa dissociation du colonialisme européen depuis Benoît XV, dont le pape actuel a voulu reprendre le nom»; d’autre part, «la Chine a pris une voie différente depuis un quart de siècle». Selon le cardinal, la Chine a «abandonné la recherche fébrile d’une nouvelle méthode d’ordre social pour entreprendre un chemin concret et non idéologique de développement et de progrès, fondé sur la réalité des choses et sur le travail des êtres humains».

«Nous espérons qu’un dialogue franc et sincère amènera les deux parties à se comprendre et à agir pour le bien commun du peuple chinois», a alors souhaité le cardinal Sepe. «Je crois qu’aujourd’hui comme jamais, la foi catholique pourra jouer un rôle important dans la réalisation concrète de cette société harmonieuse, indiquée par les dirigeants chinois actuels, où puissent coexister pacifiquement des hommes et femmes d’ethnies, de cultures et de religions différentes», a-t-il ajouté.

Interrogé sur sa visite au Vietnam, pays dans lequel il s’est rendu en novembre dernier pour l’ordination de 57 prêtres, le cardinal a expliqué que cela avait été une «visite délicate» et «vraiment historique». Les autorités civiles ont en effet «permis et facilité» cette visite effectuée sur invitation de la Conférence épiscopale locale. «Certes, toutes les difficultés des dernières décennies ne peuvent être qualifiées de dépassées, a reconnu le cardinal Sepe, mais les signaux qui mènent à la confiance sont nombreux».

«De façon générale, je ne sais pas les temps sont mûrs pour que développe un grand christianisme non seulement chinois, mais aussi asiatique», a ajouté le cardinal. Il a cependant conclu «qu’il y a un ferment dans de nombreuses nations, où l’on note – et je l’ai vu de mes propres yeux -, ce réveil, la maturité d’une Eglise qui non seulement se développe mais réussit à donner aux autres». (apic/imedia/pr)

9 janvier 2006 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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