Rome: La Corée du Sud a fabriqué 31 embryons de clones humains.
Une expérience «abominable» pour le Saint-Siège
Rome, 20 mai 2005 (Apic) Mgr Elio Sgreccia, président de l’Académie pontificale pour la vie, a qualifié d’»abominable» l’expérience scientifique à peine réalisée par l’Université nationale de Séoul, en Corée du Sud, visant à cloner des cellules souches à des fins thérapeutiques. Les propos de l’archevêque italien, qui souligne que les embryons seront à terme supprimés, sont repris par le Corriere della Sera du 20 mai.
11 lignées de cellules souches ont été tirées de 31 embryons de clones humains fabriqués ces derniers jours par un laboratoire sud-coréen. Ces embryons ont été produits par une technique similaire à celle ayant permis la naissance en Angleterre, il y a neuf ans, de la brebis Dolly, premier clone de mammifère adulte. Cette performance sans précédent de clonage humain a pour objectif de traiter un malade en lui greffant des cellules dérivées des cellules souches extraites de son propre clone embryonnaire.
Devant la nouvelle rapportée par la presse, «il me semble encore une fois que nous sommes devant ce qu’on appelle un clonage thérapeutique multiple», a expliqué Mgr Sgreccia. «C’est une technique qui, en fin de compte, consiste toujours au transfert de noyaux de cellules somatiques dans des ovules, et qui inclut la suppression de ces embryons clonés au stade de blastocystes pour pouvoir en prélever la cellule». Cette expérience de clonage est donc «suivie de la suppression d’un ou de plusieurs embryons», a-t-il insisté.
Détruire une vie pour en sauver une autre est une aberration
«La suppression d’un être humain ne peut s’exprimer que par un seul jugement: inacceptable», a alors dénoncé l’archevêque italien. «Détruire une vie pour en sauver une autre reste une aberration», a-t-il insisté. Pour l’Eglise catholique, comme le souligne la Civilta Cattolica du 21 mai – la revue des jésuites relue par la Secrétairerie d’Etat-, «l’embryon n’est pas un instrument», pseudo-thérapeutique ou technologique, ni un amas de cellules, «mais déjà un enfant».
«Les cellules souches adultes ont déjà démontré une efficacité qu’on n’entrevoit pourtant pas», a aussi rappelé le président de l’Académie pontificale pour la vie, regrettant donc cette nouvelle expérience «encore plus grave qu’inutile». Selon Mgr Sgreccia prélever des cellules souches adultes ou du cordon ombilical est plus simple et plus efficace que prélever celles d’un embryon.
Ce qu’ont fait les Coréens «est une chose que l’Onu a déclaré illicite depuis longtemps avec une grande fermeté», a enfin souligné Mgr Sgreccia. «Malheureusement, cette décision de l’Onu reste, d’un point de vue concret, une seule déclaration de principe», a-t-il regretté, même si cela est déjà «extrêmement important». Il a aussi souligné «le manque de sanctions pour les transgresseurs, dont la conséquence est que celui qui veut faire ce type d’expérience le fait».
L’assemblée générale des Nations unies avait approuvé, le 8 mars, une déclaration engageant les pays à prohiber toute forme de clonage humain, y compris celui des embryons pour la recherche à but thérapeutique sur les cellules souches. Le président de l’Académie pontificale pour la vie avait alors affirmé que la déclaration approuvée par l’Onu condamnant le clonage risquait de ne pas être observée par les nations. La Corée du Sud est membre de l’Organisation des Nations unies depuis 1991. (apic/imedia/ar/bb)