Discours du président français à Saint-Jean-de-Latran

Rome: La France a besoin de catholiques convaincus qui s’affirment, déclare N. Sarkozy

Rome, 20 décembre 2007 (Apic) La France a besoin de «catholiques pleinement chrétiens, et de chrétiens pleinement actifs», a déclaré au Palais du Latran le 20 décembre 2007. Le président français Nicolas Sarkozy, se prononçant pour une «laïcité positive», le chef de l’Etat a aussi indiqué que Benoît XVI serait le bienvenu en France durant le deuxième semestre de 2008, «quelles que soient les étapes de son séjour».

Intervenant au terme de la cérémonie au cours de laquelle il a pris possession de son titre de «premier et unique chanoine d’honneur de Saint-Jean-de-Latran», Nicolas Sarkozy a affirmé que dans ce monde paradoxal, obsédé par le confort matériel tout étant de plus en plus en quête de sens et d’identité, «la France a besoin de catholiques convaincus qui ne craignent pas d’affirmer ce qu’ils sont et ce en quoi ils croient». Selon lui, la dernière campagne électorale a montré que les Français avaient envie de politique pour peu qu’on leur propose des idées, des projets, des ambitions. Sa conviction est qu’ils sont aussi en attente de spiritualité, de valeurs, d’espérance.

Saluant particulièrement le rôle des religieux, des prêtres, des séminaristes et des évêques, Nicolas Sarkozy a indiqué que leur témoignage était une chance pour la France. Selon lui, dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, «l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance».

C’est pourquoi Nicolas Sarkozy a salué la contribution majeure de l’Eglise à l’action caritative, à la défense des droits de l’homme et de la dignité humaine, au dialogue interreligieux, à la formation des intelligences et des coeurs, à la réflexion éthique et philosophique. «Partout où vous agirez, dans les banlieues, dans les institutions, auprès des jeunes, dans le dialogue interreligieux, dans les universités, je vous soutiendrai», a assuré le président français aux représentants de l’Eglise. Il leur a aussi révélé avoir avec eux «une chose en commun: celle d’avoir une vocation».

Le président français a appelé de ses voeux «l’avènement d’une laïcité positive», expliquant qu’il s’agissait d’une «laïcité qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout». Cette laïcité, qui est une nécessité et une chance pour la France selon Nicolas Sarkozy, est devenue une condition de la paix civile. Celui-ci a alors souhaité «assumer les racines chrétiennes de la France, et même les valoriser, tout en défendant la laïcité parvenue à maturité». Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes, avait-il lancé auparavant, applaudi par les personnes présentes.

C’est pourquoi Nicolas Sarkozy a invité à ne plus regarder les blessures du passé, comme les souffrances pour les catholiques, les prêtres, les congrégations, de la mise en application de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat en 1905. «L’interprétation de la loi de 1905 comme un texte de liberté, de tolérance, de neutralité est en partie une reconstruction rétrospective du passé», s’est-il aussi dit convaincu.

«J’assume pleinement le passé de la France et ce lien particulier qui a si longtemps uni notre nation à l’Eglise», encore affirmé Nicolas Sarkozy avant de souligner que la foi chrétienne avait pénétré en profondeur la société française, sa culture, ses paysages, sa façon de vivre, son architecture, sa littérature.

Le chef de l’Etat français, qui a repris de nombreux passages de la récente encyclique de Benoît XVI Spe Salvi sur l’espérance chrétienne, a également affirmé que l’espérance est l’une des questions les plus importantes de notre temps. «L’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent», a indiqué Nicolas Sarkozy avant d’estimer que la désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres, n’ont pas rendu les Français plus heureux».

Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a souligné l’attachement qu’il portait au projet de Benoît XVI de venir en France au deuxième semestre de l’année 2008. «En tant que président de tous les Français, je suis comptable des espoirs que cette perspective suscite chez mes concitoyens catholiques et dans de nombreux diocèses», a-t-il affirmé avant d’indiquer que, quelles que soient les étapes de son séjour, Benoît XVI sera le bienvenu en France. (apic/imedia/be)

20 décembre 2007 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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