Rome: le cardinal Angelini dénonce la peine de mort (240492)

Une «barbarie» aujourd’hui inadmissible.

Rome, 24avril(APIC) Après «L’Osservatore Romano» et Radio Vatican, le

cardinal Fiorenzo Angelini, président du Conseil pontifical pour la pastorale des travailleurs de la santé, vient à son tour de dénoncer «la barbarie» des récentes exécutions capitales aux Etats-Unis.

Les délais et les circonstances dans lesquelles ont eu lieu les deux récentes exécutions capitales appellent «une condamnation totale», car elles

ont entrainé une très grave violation du droit fondamental des personnes à

la dignité et ont nourri et nourrissent dans la société des sentiments répréhensibles de vengeance et de violence», a déclaré le cardinal à l’agence

de presse italienne ANSA.

«L’Eglise catholique, explique Mgr Angelini, retient comme norme le

commandement divin «Tu ne tueras pas» et enseigne que le pardon inspiré par

l’amour est la meilleure voie de repentir et de réhabilitation pour celui

qui a commis un crime, même s’il s’agit d’un crime très grave».

La morale catholique ne tolère la mort qu’en cas de légitime défense,

rappelle Mgr Angelini. Et si hier des théologiens ont légitimé la peine de

mort, «aujourd’hui c’est inadmissible», car la civilisation a progressé.

«Causer la mort est une barbarie», ajoute-t-il. Il existe aujourd’hui une

thérapie. Il existe la réclusion, même longue. Mais on n’a absolument pas

le droit de tuer, comme maintenant, 14 ou 16 ans après le délit. On peut

comprendre à la rigueur une condamnation prononcée à chaud, dans des cas

exceptionnels, non un meurtre froid comme c’est le cas ici».

Avortement et peine capitale: même combat

Le cardinal Angelini rappelle que ce qui est légal n’est pas pour autant

nécessairement moral. Il utilise à ce propos un argument auquel les Américains sont très sensibles. «Cela vaut aussi bien pour l’avortement que pour

les condamnations à mort», dit-il, en dénonçant «les incohérences et les

contradictions inacceptables» de ceux qui condamnent l’avortement, mais réclament la peine capitale.

Après avoir rappelé les recours en grâce adressés aux autorités compétentes par le pape actuel et par ses prédécesseurs dans des cas de condamnation à mort, le cardinal Angelini souligne que «l’Eglise ne se limite pas

à condamner chaque attentat à la vie, comme l’avortement, la peine capitale

ou l’euthanasie, mais s’efforce d’éduquer, de former les gens à adopter une

culture de la vie en opposition à l’envahissante culture de la mort».

A un moment où la bataille contre la légalisation de l’avortement bat

son plein aux Etats-Unis, un tel argument avait déjà été utilisé par le

cardinal Roger Mahony, archevêque de Los Angeles, à la veille de l’exécution de Robert Harris. Dans une lettre adressée au clerghé de son diocèse,

l’archevêque avait déjà établi un parallèle entre la pratique de l’avortement et le rétablissement de la peine de mort dans plusieurs Etats du Sud,

invitant les prêtres à les dénoncer avec une égale vigueur. (apic/cip/ba)

24 avril 1992 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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