Il savait que le nouveau pape allait surprendre ses détracteurs
Rome Le cardinal Lustiger visionnaire
Rome, 6 août 2007 (Apic). Dans une interview inédite réalisée à la veille de l’élection du pape Benoît XVI, le cardinal Lustiger affirmait que le nouveau pape allait surprendre ses détracteurs.
Le cardinal Jean-Marie Lustiger avait accordé une interview au partenaire de l’APIC à Rome, I.MEDIA, le 20 avril 2005, au lendemain de l’élection de Benoît XVI. «Une partie de l’opinion a été conditionnée au sujet du cardinal Ratzinger et découvre avec surprise Benoît XVI», disait-il. Pour Mgr Lustiger, ceux que le nouveau pape étonne méconnaissaient le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et sa personnalité.
«Dans ce rôle, il avait à corriger les copies et, en général, les mauvaises copies, car pour les bonnes, on ne lui demandait pas son avis», précisait avec le franc-parler qui le caractérisait, Mgr Lustiger. Il le faisait comme on corrige une copie, sobrement et simplement, en disant ce qui était conforme ou non à la foi catholique, se souvenait-il. Ajoutant: «c’était cela son métier et c’était décevant pour un homme de sa trempe, l’un des derniers et le plus jeune des très grands théologiens qui ont fait le concile Vatican II». Pour le cardinal Lustiger, le cardinal Ratzinger avait envie de faire son oeuvre théologique et «c’est Jean Paul II qui l’avait contraint à rester auprès de lui car il avait besoin d’un interlocuteur de cette qualité et de cette trempe. Un des rares avec lesquels il pouvait parler en toute liberté, avec une culture très vaste et connaissant parfaitement les différents courants de pensée dans le monde».
Répondant aux questions du partenaire de l’Apic à Rome au lendemain de l’élection de Benoît XVI, Mgr Lustiger disait aussi que les gens, les observateurs qui aiment bien étiqueter et pronostiquer seront surpris par le nouveau pape. «A la fois par sa fidélité et son audace». On peut prévoir, sans lire dans le marc de café, que les décennies qui vont venir seront riches d’événements étonnants quant à l’avenir des peuples, de la culture et de la civilisation. Benoît XVI, si Dieu lui prête vie, saura fédérer les coeurs, les intelligences, les bonnes volontés pour des objectifs qui seront certainement à ce moment-là nécessaires à la marche de l’Eglise et à la vie du monde.
Benoît XVI, comme Benoît XV lors de la première guerre mondiale, aura-t-il un rôle pacificateur, est-il demandé alors au cardinal Lustiger (Ndlr. Benoît XV, né 1845, fut pape sous le nom de Benoît XV, du 3 septembre 1914 à sa mort le 22 janvier 1922).
«Reprendre ce nom est très courageux de sa part – Benoît XV étant pape lors du premier grand massacre industriel que l’humanité ait connu, avec la guerre mondiale -. Reprendre ce nom montre qu’il reprend le fil de l’Histoire bien au-delà de Jean XXIII, de Paul VI et de Jean-Paul Ier. Pour Mgr Lustiger, il le reprend là où l’histoire européenne est entrée dans cette impasse sanglante qui a donné naissance aux grandes idéologies. (apic/imedia/ami/vb)