Cardinaux: tour d’horizon des âges et petites histoires

Rome: Le cardinal Mario Francesco Pompedda part à la retraite

De Rome, Hervé Yannou, correspondant de l’Apic

Rome, 28 mai 2004 (Apic) Le pape Jean Paul II a accepté le départ à la retraite du cardinal Mario Francesco Pompedda, préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique. Le cardinal, qui a fêté ses 75 ans le 18 avril dernier, a été remplacé dans cette charge par Mgr Agostino Vallini, jusqu’ici évêque d’Albano en Italie, élevé à cette occasion à la dignité d’archevêque.

Le cardinal Pompedda, d’origine sarde, était en poste depuis 1999. Il est entré au service du Saint-Siège en 1955 auprès du tribunal de la Rote, dont il devint le doyen en 1993. Juriste réputé, spécialiste en droit canon, il a enseigné à l’université grégorienne. Le cardinal s’est prononcé contre la loi française sur le port du voile islamique en décembre 2003, et en faveur d’une plus grande collégialité dans le mécanisme des nominations épiscopales, en février 2004.

Dans le gouvernement de l’Eglise catholique, l’âge de la retraite administrative est fixé à 75 ans. Comme le cardinal Pompedda, plusieurs cardinaux passeront cette ligne avant la fin de l’année. Pourtant, malgré cette limite, plusieurs restent alors à leur poste.

Ainsi, trois grand cardinaux du gouvernement central de l’Eglise ont aujourd’hui 77 ans ou atteindront cet âge avant la fin 2004. Les cardinaux Angelo Sodano, Josef Ratzinger et Edmund Szoka, respectivement secrétaire d’Etat, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et président du gouvernorat de la Cité du Vatican. Le cardinal Georges Cottier, théologien de la Maison pontificale, reste aussi en fonction, bien qu’il ait fêté ses 82 ans le 25 avril 2004.

D’autres cardinaux romains auront 75 ans au cours de l’année et devraient alors normalement quitter leurs fonctions. Francesco Marchisano, archiprêtre de la basilique Saint-Pierre et vicaire de la Cité du Vatican, et Dario Castrillo Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé.

Zones difficiles et palme au cardinal Kazimierz Swiatek

Au-delà du Vatican, il faut aussi dénombrer les 12 cardinaux septuagénaires qui, s’ils ne tiennent pas un maroquin du Saint-Siège, demeurent à la tête de leur diocèse, par exemple le cardinal Jean-Marie Lustiger à Paris (77 ans), ou le cardinal Jozef Glemp, archevêque de Varsovie (75 ans en décembre), tous deux proches de Jean Paul II.

Six autres cardinaux dépassent allègrement les 80 ans. S’ils ne peuvent plus voter au conclave, ils poursuivent leur ministère dans des zones parfois difficiles, comme le Vietnam (le cardinal Pham Dinh Tung, archevêque de Hanoi), le Liban (le cardinal Nasrallah Sfeir, patriarche du Liban), ou à Taiwan (le cardinal Shan Kuo Shi). La palme en la matière étant détenue par le cardinal Kazimierz Swiatek, qui passera la barre des 90 ans en octobre 2004 et qui continue à administrer l’archevêché de Minsk en Biélorussie.

En 1969, l’âge moyen des chefs de dicastère était de 79 ans. Jean Paul II a su secouer la gérontocratie au sommet de l’Eglise depuis le début de son pontificat. En 2004, l’âge moyen des cardinaux, chefs de dicastère, est d’environ 70 ans. Ces trois derniers mois, il a mis à la retraite les cardinaux de curie Eduardo Martinez Somalo et Pieter Schotte, trois cardinaux résidants brésiliens, l’archevêque de Luanda en Angola, celui de Wroclaw en Pologne et enfin celui de Dublin en Irlande. En revanche, le roulement à la tête des grands ministères du Vatican n’est pas toujours d’actualité.

Susceptibilités

Si le pape – qui a fêté ses 84 ans le 18 mai et qui gouverne l’Eglise depuis plus de 25 ans – règne, la curie gère, et le Jean Paul II a toujours largement, mais attentivement, délégué ses pouvoirs à ses cardinaux en instaurant entre lui et eux, et surtout son secrétaire d’Etat, un rapport de pouvoir auquel la notion de cohabitation n’est pas totalement étranger. Il sait que toucher maintenant à l’un des trois postes clefs que sont la Secrétairerie d’Etat, la Congrégation de la doctrine de la foi et le gouvernorat du Vatican, serait se séparer de personnalités phares de son pontificat et rompre les subtils équilibres à la tête de la curie.

Pourtant, en l’an 2000, le pape, préoccupé par sa propre succession, avait voulu changer le paysage géopolitique de la curie. Il souhaitait alors nommer le cardinal Giovanni Battista Re, pour lequel il a une grande considération et une vive amitié, numéro deux de la Secrétairerie d’Etat. Face à cette possible nomination, le cardinal Sodano, secrétaire d’Etat depuis 1991, menaça de démissionner, selon un des biographes de Jean Paul II, Bernard Lecomte. Le cardinal Re s’est alors retrouvé à la tête de la Congrégation pour les évêques. Cette affaire illustre la capacité de Jean Paul II à tenir compte des susceptibilités de ses collaborateurs et des conflits de personnes qui peuvent parfois agiter la curie.

Le cas du cardinal Ratzinger

Parmi les autres personnalités du pontificat, le cardinal Joseph Ratzinger est unanimement reconnu comme le «poids lourd» intellectuel de Jean Paul II, dont il pourrait difficilement se passer. Ancien archevêque de Munich, il a été appelé à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi en 1981. Le pape lui a conservé cette charge jusqu’à aujourd’hui, renouvelant son mandat tous les cinq ans, même quand l’intéressé a fait part de son désir de retourner en Allemagne pour enseigner, notamment il y a deux ans, à l’occasion de son 75e anniversaire.

Enfin, l’ancien archevêque de Détroit d’origine polonaise, le cardinal Edmund Szoka, a été le grand argentier de Jean Paul II, en mettant de l’ordre dans les finances du Vatican dès le milieu des années quatre- vingt-dix. Il y a introduit une comptabilité et des méthodes budgétaires modernes. S’il n’est plus à la tête de la préfecture des affaires économique du Saint-Siège (désormais tenue par le cardinal Attilio Nicora), son poste de président du gouvernorat de la Cité du Vatican lui laisse plus qu’un regard sur le temporel financier du Vatican, un dossier particulièrement sensible. (apic/imedia/hy/pr)

28 mai 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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