Méditations du chemin de croix au Colisée

Rome: Le cardinal Ratzinger avait dressé un sombre tableau de l’Eglise et de ses prêtres

Rome, 19 avril 2005 (Apic) Le cardinal allemand Joseph Ratzinger, élu pape dans l’après-midi du 19 avril 2005 sous le nom de Benoît XVI, avait dressé un tableau plutôt noir de l’Eglise, de certains de ses prêtres ainsi que des grands de ce monde, dans les méditations et prières du chemin de croix qui s’était déroulé le 25 mars dernier au Colisée, à Rome. Le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi n’avait pas hésité pas à y comparer l’Eglise à une «barque prête à couler».

Cette année, c’est le cardinal préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi qui avait été choisi par Jean-Paul II pour rédiger les méditations du chemin de croix. Ces textes, lus dans la soirée du 25 mars au Colisée, étaient axés autour d’une phrase du Christ, tirée de l’Evangile selon saint Jean : «Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit».

L’Eglise, une «barque prête à couler»

Le cardinal Ratzinger y commentait les 14 stations du chemin de croix qui fait mémoire de la montée du Christ vers le calvaire, au soir de sa passion. En interprétant les chutes du Jésus sous le poids de la croix, le cardinal Ratzinger écrivait que le Christ doit, aujourd’hui, également «souffrir dans son Eglise». Celui qui était encore préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi regrettait ainsi les «souillures dans l’Eglise», s’arrêtant particulièrement sur les prêtres, n’hésitant pas à accuser certains «d’orgueil et d’autosuffisance».

«Manque de foi» et «paroles creuses»

Il s’interrogeait aussi: «Combien de fois abusons-nous du Saint- Sacrement de sa présence, dans quel coeur vide et mauvais entre-t-il souvent», ou encore «combien de fois sa parole est-elle déformée et galvaudée». Il soulignait ensuite le «manque de foi» qui apparaît «dans de très nombreuses théories» et fustigeait les «paroles creuses».

«Ton Eglise nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend l’eau de toute part», écrivait le cardinal Ratzinger, s’adressant directement au Christ. «Et dans ton champ, nous voyons plus d’ivraie que de bon grain». «Les vêtements et le visage si sales de ton Eglise, écrivait encore le cardinal allemand, nous effraient», ajoutant que «c’est nous- mêmes qui les salissons» et «qui te trahissons chaque fois, après toutes nos belles paroles et nos beaux gestes».

Une insulte à la vérité, à la justice et à la dignité de l’homme.

Evoquant aussi la condamnation de Jésus, le cardinal allemand s’exclamait: «Combien de fois les insignes du pouvoir portés par les puissants de ce monde ne sont-ils pas une insulte à la vérité, à la justice et à la dignité de l’homme!» Et de poursuivre, «combien de fois leurs cérémonies et leurs grands discours ne sont en vérité rien d’autre que de pompeux mensonges, une caricature de la tâche qui est la leur : se mettre au service du bien!»

Les préoccupations de l’Eglise en matière de respect de la vie n’étaient pas absentes des méditations de ce chemin de croix. Ainsi, celui qui était alors encore doyen du collège des cardinaux estimait que l’orgueil «a contribué à ce que les hommes soient devenus une sorte de marchandise, pouvant s’acheter et se vendre, tel un réservoir de matériaux pour nos expérimentations» et «grâce auxquelles nous espérons vaincre la mort par nous-mêmes». Le cardinal Ratzinger précisait «qu’en vérité, nous ne faisons rien d’autre qu’humilier toujours plus profondément la dignité de l’homme».

Le préfet de l’ex-»Saint-Office» jugeait que «les chrétiens, en se détournant de la foi, ont abandonné le Seigneur». Il affirmait que «les grandes idéologies, comme la banalisation de l’homme qui ne croit plus à rien et qui se laisse simplement aller, ont construit un nouveau paganisme, un paganisme plus mauvais, qui, en voulant mettre définitivement Dieu à part, a fini par se débarrasser de l’homme».

Le cardinal allemand priait ensuite le Seigneur de détruire le pouvoir des idéologies, «afin que les hommes reconnaissent qu’elles sont tissées de mensonges» et lui demandait de ne pas permettre que «le mur du matérialisme devienne insurmontable». Lors de la douzième station, le gardien de la doctrine de l’Eglise affirmait qu’»en cette heure de l’histoire précisément, nous vivons dans l’obscurité de Dieu».

S’adressant encore au Christ, il précisait qu’»à cause de l’immense souffrance et de la méchanceté des hommes, le visage de Dieu, ton visage, apparaît obscurci, méconnaissable» et invitait «à reconnaître son visage dans ceux que nous avons tendance à mépriser».

La messe d’intronisation de Benoît XVI aura lieu dimanche 24 avril

La messe d’intronisation de Benoît XVI aura lieu dimanche prochain 24 avril 2005 à 10h au Vatican. Le pape présidera demain matin à 9h dans la chapelle Sixtine la messe conclusive du conclave qui sera concélébrée par les cardinaux. Tels ont été les propos du porte-parole du Saint-Siège, Joaquin Navarro-Valls à la télévision Telepace dans la soirée du 19 avril 2005. (apic/ami/ar/imedia/be)

20 avril 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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